Chronique Album
Date de sortie : 28.02.2025
Label : EMI North
Rédigé par
Emmanuel Stranadica, le 26 février 2025
On pensait que The Universal Want resterait le testament musical de Doves. En effet, cet album miraculeux était survenu après une décennie d'absence du groupe, et rien ne garantissait qu'une suite verrait le jour, d'autant que Jimmy Goodwin s'était éloigné au milieu de l'année dernière pour se consacrer à un projet hip-hop sous le nom de NightjaR. Puis, à la fin de l'année 2024, l'annonce est tombée : Constellations For The Lonely sera le sixième opus de la discographie des Mancuniens.
Cependant, il faut garder à l'esprit que le chemin vers cet album a été semé d'embûches, et pas des moindres. Les problèmes d'alcoolisme de Jimy Goodwin, le chanteur du groupe, ont contraint la formation à annuler la tournée de promotion pour The Universal Want. En conséquence, les concerts se sont déroulés sans lui, et les frères Williams ont dû prendre les commandes des parties vocales sur scène. Bien sûr, cela n'était pas une première : ils l'avaient déjà fait par le passé, notamment sur des classiques comme Here It Comes ou Jetstream. Ce qui étonne davantage, c'est le partage de la voix entre Jimy Goodwin et Jez ou Andy Williams sur presque la moitié des morceaux de Constellations For The Lonely. Les changements ne concernent donc pas uniquement la scène.
Malgré tout, c'est bien Jimy Goodwin qui ouvre le disque avec la superbe Renegade, sortie en single en novembre 2024. Dès les premières notes, on reconnaît instantanément cette atmosphère si caractéristique de Doves, avec son rythme, ses claviers, ses guitares et la chaleur de cette voix que l'on affectionne tant dans le groupe de Manchester. La magie opère immédiatement.
Cold Dreaming, deuxième extrait de l'album, s'apprécie beaucoup moins facilement que le premier single. Les deux voix des frères Williams surprennent, voire déstabilisent. Il est difficile de croire qu'il s'agit bien du même groupe. Ce single interpelle un peu sur ce que sera la suite du disque. Heureusement, les autres morceaux non interprétés par Jimy Goodwin, s'avèrent bien plus réussis. C'est le cas de la magnifique Strange Weather, récemment dévoilée en single, où les variations musicales, passant d'un début magnifique à une fin terrifiante, révèlent toute l'étendue du talent des frères Williams. Mais le meilleur reste à venir avec la sublime A Drop In The Ocean. D'une beauté poignante, cette chanson voit Jimy Goodwin chanter avec une mélancolie profonde, sublimée par une mélodie et un rythme qui magnifient sa voix. On tient là avec ce morceau du grand Doves. Jimy Goodwin revient sur la plupart des morceaux de la seconde partie du disque, où sa voix envoûtante nous accompagne. Cependant, c'est bien Jez Williams qui capte l'attention sur de petites perles musicales. Les deux titres où il chante, Last Year's Man et Southern Bell, sont tout simplement sublimes, notamment lorsque Jimy Goodwin vient le suppléer en plein milieu de ces morceaux. Ce moment constitue peut-être une symbolique, comme un passage de flambeau pour l'avenir du groupe.
Les turbulences traversées par le trio n'ont donc en rien altéré son talent. Constellations For The Lonely est un grand cru et, même si, de par les circonstances, Doves ne peuvent plus fonctionner de la même manière qu'auparavant, on peut néanmoins parler de quasi sans-faute pour les dix compositions qui constituent cet album.