IDER

En passe de fêter l'année prochaine une décennie d'activités communes, Lily Somerville et Megan Markwick alias IDER publient en ce début d'année leur troisième album, Late To The World, les voyant rectifier le tir après un dernier effort studio ayant quelque peu raté sa cible.

En effet, si shame possédait de solides arguments, le duo anglais y avait pêché par un manque d'accessibilité et de matière, tout en laissant planer quelques doutes sur ses aspirations artistiques précises. Ici, avec un disque complètement dans l'air du temps, les deux musiciennes semblent parvenir mieux que jamais à combiner leurs aspirations et multiples influences. Entre pop et synthpop, saupoudrés par un soupçon de R&B ou même de rock de temps à autres, IDER livrent ici un disque tantôt rythmé et dansant, où les mélodies font mouche et se placent au service de deux voix se relayant ou s'entrelaçant d'un titre à l'autre sans jamais se faire de l'ombre, tantôt plus posé... mais avec une réussite moindre.

Cette dualité dans les ambiances fait à la fois la force mais aussi la faiblesse du disque. Lorsque les deux musiciennes se livrent sans retenue, en mettant en avant une synthpop rythmée et addictive, le résultat se révèle le plus souvent irrésistible, en témoigne la paire d'ouverture constituée de Late To The World et Attachment Theory, un Girl tout aussi accrocheur qu'il peut manquer de subtilité, ou encore les singles Know How It Hurts et You Don't Know How To Drive portés par des refrains efficaces. Le duo se veut malgré tout moins convaincant et captivant lorsque les tempos sont ralentis et les instrumentations plus dépouillées, à l'image d'un Unlearn très dispensable ou de Quiet Violence et Encore, plus contemplatifs et ne provoquant pour ainsi dire jamais le frisson attendu en dépit d'une vraie qualité d'écriture.

Pas exempt de défauts, ce troisième album d'IDER recèle malgré tout de quelques pépites tirant l'ensemble vers le haut et en faisant peut-être le plus réussi de la discographie du duo. De quoi laisser encore aux deux musiciennes une marge de progression non négligeable à l'avenir, et entrevoir une année 2025 qui pourrait bien être leur.