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HotWax

Hot Shock

HotWax - Hot Shock
Chronique Album
Date de sortie : 07.03.2025
Label : Marathon Artists
35
Rédigé par Albert Marrouat, le 6 mars 2025
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150 concerts en deux ans (si si, on a compté), des premières parties prestigieuses (Frank Carter & The Rattlesnakes, Royal Blood), une tournée américaine, deux EPs, une session live chez KEXP, une apparition au Hellfest, et une jolie collection de singles : les chansons explosives de HotWax, trio formé à Hastings par Tallulah Sim-Savage, Lola Sam et Alfie Sayers, ont fait le tour du monde avant même la sortie de ce premier album.

Qui n'avait pas craqué, il y a déjà presque deux ans, pour Treasure (qui porte bien son nom), single atomique, brûlot incandescent et vaporeux qui semblait annoncer une chose bien claire : HotWax était de la partie. Le trio était venu pour jouer des coudes avec les grosses têtes post-punk, ces Fontaines D.C., IDLES et compagnie, déjà un peu grisonnants et fatigués. Les « cires brûlantes » s'étaient allumées, rougeoyantes, et comptaient bien enflammer la nappe. Leur musique était directe, instinctive : on y sentait une effervescence tout à fait grisante. Riffs monstrueux et acérés, chant hargneux, basse vrombissante, harmonie vocales légèrement planantes : HotWax c'était tout simplement frais.
Nous avons attendu deux ans, donc. Deux ans, une éternité ! Entre temps, English Teacher ont révolutionné le rock britannique, Fontaines D.C. l'ont abandonné, shame ne font plus un bruit, et le chanteur de black midi a fait un vidéo clip dans un bowling pour son album solo. Wouah, le temps passe si vite... Qu'attendre, alors, de Hot Shock ? La musique de HotWax est-elle toujours aussi libératrice et fraîche ?

Dès les premières secondes de She's Got A Problem, pas de doute : HotWax n'ont pas changé. Pas de présentation, de gazouillis inutiles, deux mesures de matraquage de batterie, un break ultra sexy et c'est parti. Hot Shock, on y est. Le chant de Tallulah Sim-Savage est nonchalant, moqueur, puis, soudain, elle scande « I wanna feel the way you feel » avec une rage tapageuse qui ferait pâlir Blondie, son héroïne. Deux petites minutes de grand bonheur. On est rassuré. HotWax enflamment toujours la nappe. She's Got A Problem est une véritable bombe, et on tient là, déjà peut-être, le meilleur morceau de cet album. Il forme avec son successeur, un tandem d'introduction absolument parfait. A peine plus longue, I Wanna Be A Doll penche encore plus vers l'outrance. Guitares cradingues, basse odieusement saturée, chant graisseux et presque faux, paroles auto-destructrices. On a envie de monter le volume à fond, et de s'arracher les cheveux. Oui, HotWax enflamment vraiment toujours la nappe. Ces deux premiers morceaux jouissent, respectivement, d'un refrain terriblement percutant. C'est leur force, sans aucun doute. Ce sont de vraies hymnes en devenir, que l'on a envie de partager, de hurler en meute.

Strange To Be Here, et son ambiance menaçante à la How Soon Is Now des Smiths, est une belle réussite aussi. Encore une fois, on salue l'effort consenti à composer un refrain mélodique, simple mais entêtant, venant parfaitement contraster avec le couplet, droit et dépouillé. L'équilibre couplet/refrain est ici très solide, et la guitare de Tallulah Sim-Savage rappelle l'étrangeté de Sonic Youth. Dress Our Love, construit sur un riff de basse sautillant et un chant frondeur, enfonce le clou. Le surprenant changement de tonalité à la fin du morceau témoigne d'un sens de la composition certain et ouvre la chanson, lui donne une seconde vie. C'est rusé, bien pensé.
Au sortir de ces quatre morceaux, on se dit que HotWax n'ont pas changé, que ces deux années de gestation furent utiles, et qu'on est en train de prendre une des premières véritables claques de 2025. Un peu sonnés, on est impatients de découvrir la suite. Quel début d'album canon ! Après un Hard Goodybe un poil trop braillard, et un One More Reason un peu long, mais totalement fou (il faut souligner le merveilleux riff de guitare après le premier couplet), on attaque In Her Bedroom.

Aïe. C'est ici que les choses se gâtent. Une guitare sombre, un chant désabusé, une ambiance morne. Pour déboucher sur un refrain dynamite, qui n'a rien à voir. L'éclatante rage des premiers morceaux semble avoir disparu. En réalité, les quatre dernières plages de Hot Shock sont décevantes. On y plonge dans un revival grunge peu inspiré, dont le mixage est suffoquant. Chip My Teeth For You est brouillon, Pharmacy semble incomplète, et le refrain de Lights On, seule éclaircie, reste une redite moins réussie de celui de Strange To Be Here. Les mélodies ont (quasiment) disparu, et la batterie d'Alfie Sayers se fait de plus en plus lourde, se contentant souvent de matraquer son charley ouvert sans commune mesure.
L'effervescence du début d'album s'est noyée dans un rock pauvre et extrêmement convenu. Les suites d'accords se ressemblent, les mélodies de chant sont moins distinctes, la structuration des morceaux moins cohérente, et la guitare de plus en plus inutilement baveuse (pourquoi ce gros riff au milieu du doux « Pharmacy »?). Rasseyez-vous, repeignez-vous : on n'enflamme plus la nappe. En vérité, HotWax révèlent, sur cette fin d'album, des insuffisances en terme de songwriting. Les chansons peinent à se démarquer, et sont tout simplement moins bonnes. À l'instar de Do Nothing, dont le premier album, paru cinq ans après leur premier single, faisait l'effet d'un pétard mouillé, HotWax ont peut-être un poil trop attendu, et on les sent un peu à court d'idées sur cette fin d'album. C'est dommage.

Alors que dire ? Non, HotWax n'ont pas composé l'album parfait, successeur de ces Songs Of Praise, Dogrel, Wet Leg, This Could Be Texas, ou encore Come And See, nouveaux mastodontes du rock anglais. Non, Hot Shock n'est peut-être pas la déflagration attendue. On aurait préféré que les trois comparses aillent puiser dans leurs anciens singles pour compléter les quelques excellentes compositions de ce premier opus. Mais allez... Qu'importe ! On en attendait peut-être beaucoup ! Ces I Wanna Be A Doll, She's Got A Problem ou Dress Our Love sont parfaitement taillés, et déjà, on les aime profondément ! C'est déjà pas mal !

Alors quoi ? Eh bien, on en redemande ! C'est tout ! Tant pis pour pour notre nappe, on la brûlera un peu plus tard !
tracklisting
    01. She's Got A Problem
  • 02. Wanna Be A Doll
  • 03. Strange To Be Here
  • 04. Dress Our Love
  • 05. Hard Goodbye
  • 06. One More Reason
  • 07. In Her Bedroom
  • 08. Lights On
  • 09. Chip My Teeth For You
  • 10. Pharmacy
titres conseillés
    She's Got A Problem - I Wanna Be A Doll - Dress Our Love
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