The Horrors

Depuis leurs débuts en 2005, The Horrors ont exploré une multitude de styles. D'abord gothiques, ils ont ensuite viré vers la noisy pop avant de tenter, sans grand succès, de vouloir devenir les nouveaux U2. Puis, ils ont pris une direction new wave avant de finalement tourner industriel. Autant dire que leur trajectoire musicale est assez difficile à suivre. Et bien que le talent de Faris Badwan ne fasse aucun doute, une question de pose : qu'attendre encore de The Horrors en 2025 ?

Cette interrogation n'a rien de surprenant. Si V était une réussite avec son penchant new wave, son album de remixes qui suivit s'était révélé d'un intérêt limité. Quant aux deux derniers EPs, parus en 2021, ils étaient tout bonnement inécoutables, au point de s'être demandé si Faris Badwan n'avait pas pété un câble. Aussi, lorsque Night Life a été annoncé en octobre 2024, la première réaction a été de se demander : faut-il encore prêter attention à ce groupe ? D'autant plus que la formation a été remaniée : Tom Furse, figure marquante du groupe qui a remixé de nombreux artistes, et Joseph Spurgeon ont laissé place à Amelia Kidd aux claviers et Jordan Cook à la batterie. Pourtant, la réponse est un grand oui. Dès la découverte du premier single, The Silence That Remains, on retrouve le groupe que l'on a tant aimé. Efficace, punchy, avec un léger parfum de Where I End and You Begin de Radiohead en plus sombre et plus brut, ce titre donne irrésistiblement envie d'en entendre davantage. Le groupe ne s’est d’ailleurs pas montré avare de ce côté-là : en effet, sur les neuf titres de l'album, cinq ont été dévoilés sous forme de singles.

Le second extrait, Trial by Fire, suit rapidement. Ici, pas l'ombre d'une lumière : ce titre sombre, aux accents gothiques et aux relents industriels, montre que les expérimentations des EPs passés ont laissé des traces. Silent Sister, l'un des quatre titres encore inédits à ce jour, s'inscrit dans cette même veine : rugueux, rageur, parfois brutal, il rappelle en partie le son des dernières productions du groupe. Toutefois, cela ne résume pas Night Life. Ariel (clin d’œil à The Cure, d’autant que l’album sort sur Fiction Records ?), qui ouvre l'album, commence dans un calme brumeux avant de s'emballer dans un tourbillon rock électro presque dansant. Ce mélange des genres est omniprésent : Lotus Eater sonne très dark wave, tandis que More Than Life s'aventure plutôt du côté de la noisy pop teintée d'électro. La tension retombe progressivement dans la dernière partie de l'album : la bien nommée When The Rhythm Breaks offre une pause éthérée, alors que LA Runaways, qui conclut le disque en apothéose, donne furieusement envie d'y replonger.

On pouvait craindre le pire pour cet album après les EPs indigestes qui l'ont précédé, mais nous avions tort. Avec Night Life, Faris Badwan et ses compagnons nous plongent dans des ténèbres où l'on se sent bien. Puissant, addictif et follement réussi, ce sixième opus réconciliera The Horrors avec leur public et s'impose déjà comme l'un des grands albums de 2025.