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Snapped Ankles

Hard Times Furious Dancing

Snapped Ankles - Hard Times Furious Dancing
Chronique Album
Date de sortie : 28.03.2025
Label : The Leaf Label
3
Rédigé par Adonis Didier, le 26 mars 2025
Bip bip. Procédure de redémarrage du chroniqueur enclenchée. Bip bip. Check. Un-deux un-deux. Check. Les temps sont-ils durs ? Check. Le dancing est-il furieux ? Check. Bip bip. Lancement de la chronique dans trois, deux, un... et c'est le retour de Snapped Ankles ! Qui ? Mais si, Snapped Ankles, des mecs déguisés en créatures de la forêt qui faisaient du post-punk before it was cool. Quatre anglais qui faisaient du post-punk et qui n'en font plus, parce que leur but n'est visiblement que de jouer d'un style avant qu'il soit cool, le genre de mecs qui achètent un appartement à Barbès en misant sur le développement des micro-brasseries, des cafés équitables, et des fripes hors de prix dans le quartier. Bref, quatre anglais dont on ne sait pas grand-chose, sinon qu'ils sont les hipsters originels, qu'ils se déguisent en buisson pour passer le temps, et qu'on ne connait de leur identité que des noms de scène liés au groupe : Ankle Austin au chant, Ankle Chestnutt aux synthés, Ankle Parry à la basse, et Ankle Long à la batterie.

Des mecs si secrets que ça que non plus, parce qu'il suffit d'aller sur les crédits bandcamp pour découvrir leurs prénoms, mais maintenant qu'on a présenté vite fait le délire, regardons ce que vaut musicalement ce déjà quatrième album des chevilles foulées, Hard Times Furious Dancing. Un titre emprunté à la romancière américaine Alice Walker et à son recueil de poèmes « les temps difficiles requièrent des danses furieuses », et puisque les temps sont de plus en plus difficiles, attendez-vous à ce que les danses soient de plus en plus furieuses. Ainsi, ceux qui faisaient du post-punk font maintenant de la post-rave-vintage, vintage parce qu'on dirait que leur musique a été enregistrée dans les années 80, post parce que ça déclame plus que ça ne chante de grandes phrases à la fois imposantes et absurdes, et rave parce que c'est très littéralement ce que c'est et ce que ça veut être.

Des beats électroniques qui tournent en boucle, avec l'air de sortir d'oscilloscopes branchés à une pédale de fuzz, le tout surmonté de paroles rappelant que c'est chaud de payer son loyer, que le groupe est dans la merde financièrement comme quatre-vingt-dix-neuf pourcents des groupes de la planète, ce qui n'est pas le cas des grosses entreprises qui s'engraissent sur le dos, que le dadaïsme a encore quelques fans dans l'univers, et que les espagnols ont vraiment des coutumes étranges (vous chercherez caganer sur Google). En gros, un mix entre I Like Trains, les ewoks de Star Wars, une soirée techno-rave, et un groupe qui tout du long de sa carrière s'est autant voulu comme un projet musical que comme un projet d'art contemporain. Et c‘est comme à chaque fois ce qu'on finit par lui reprocher, de souvent délaisser l'intérêt musical au profit d'un projet artistique plus global dont la musique n'est qu'une composante.

Un projet global que l'on pourrait définir comme une gigantesque rave party orchestrée par un Terminator gauchiste jamais sorti de ses bip bip flash originels, une performance de faire furieusement danser de vingt-deux heures à six heures du matin qui s'épanouira sans doute mieux en live, là où elle a été pensée, sous des déluges de basses, de stroboscopes et d'ecstasy. Parce que c'est bien le propre de la rave party et des beats répétitifs, sur un disque ça tourne en rond, et à part en fond sonore pour jouer à Cyberpunk, il y a assez peu de chances qu'on se remette le disque dans la fente sans une très bonne raison. Une raison comme d'aller faire la fête avec Snapped Ankles dans une boîte de nuit, ou encore de se glisser un Bai Lan ou un Raoul dans sa playlist de soirée pour teuffeur.

Et donc, comme à chaque disque, la même conclusion, « au-delà de quelques bons morceaux, Snapped Ankles flirtent avec le risque du ridicule de l'attitude arty, et cela se ressent parfois dans la musique », et c'est dommage parce qu'il suffirait de trier et de varier un tout petit peu les compositions pour arriver à quelque chose de nettement plus pertinent à écouter sur un disque de quarante minutes. Bref, comme moi au football quand je jouais tous les samedis après-midi en cadet départemental, il y avait du potentiel, j'aurais pu passer pro, mais les chevilles foulées, tu connais.
tracklisting
    01. Pay The Rent
  • 02. Personal Responsibilities
  • 03. Raoul
  • 04. Dancing In Transit
  • 05. Where's The Caganer?
  • 06. Smart World
  • 07. Hagen Im Garten
  • 08. 摆烂 Bai Lan
  • 09. Closely Observed
titres conseillés
    Bai Lan, Raoul, Smart World
notes des lecteurs
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