Tiernan

Le nom de Tiernan ne vous dit peut-être rien, mais derrière ce prénom se cache le chanteur et guitariste de l'un de nos groupes londoniens favoris : deathcrash. Il y a presque deux ans paraissait Less, le second album de la formation, laissant espérer une suite probable sous la forme d'un nouveau disque. Pourtant, c'est une toute autre direction que prend aujourd'hui Tiernan avec The Ribbon Songs, un projet inattendu qui brouille les pistes.

Dès février, Tiernan donnait le ton avec Nuala, premier extrait de cet album. Ce qui frappe immédiatement, c'est l'épure du son, loin de la puissance habituellement déployée par son groupe. Cette chanson, poignante et délicate, s'éloigne de la rage cathartique du dernier opus de sa formation. Pourtant, le thème qu'elle aborde, la disparition de l'oncle de Tiernan, aurait pu laisser présager un flot de désespoir et de colère. Il n'en est rien. Ici, le recueillement prime, porté par la douce voix de Rose Bradshaw qui accompagne Tiernan avec grâce, transformant ce moment intime en une poignante harmonie.
The Ribbon Songs s'ouvre sur Darkness, un titre qui rappelle Low par le côté épuré de ses arrangements. La simplicité de la composition, l'équilibre entre les harmonies vocales et le son des guitares touchent juste. La voix de Tiernan s'y pose avec une grande justesse, et lorsque le piano s'invite, c'est pour nous frapper en plein cœur.

Bien que le disque ne contienne que sept morceaux, il est difficile de le qualifier de mini-LP. Deux titres, notamment, s'étirent sur une dizaine de minutes. C'est le cas de Glenbrook, qui résonne comme une esquisse inachevée de deathcrash. Son aspect slowcore et ses hurlements en fin de parcours, bien que plus retenus, rappellent indéniablement la formation londonienne. D'autant que les autres membres du groupe ont pris part à l'enregistrement de The Ribbon Songs. Cependant, le reste de l'album emprunte un chemin différent. Floating Sheets évoque, tant dans le timbre que dans l'interprétation, un autre artiste écorché vif : Bill Ryder-Jones. La beauté de la mélodie contraste avec des paroles d'une intensité brute. Tiernan semble y exposer ses blessures profondes, tentant de les transcender par la musique. Révélé mi-mars, Angels, second extrait de l'album, captive par sa mélodie dépouillée qui, dans son dernier tiers, s'envole pour nous enchanter. Enfin, la magnifiquement nommée For Our Life vient clore ce voyage, renouant ainsi avec les racines de deathcrash avec sa longue progression, tout en rendant hommage musicalement aux souvenirs d'enfance de Tiernan, passée à Cork, en Irlande.

The Ribbon Songs est un disque précieux, où Tiernan se livre avec une sincérité désarmante. Sans jamais sombrer dans l'obscurité, il transforme sa douleur en mélodies d'une rare beauté. Loin de deathcrash le temps d'une parenthèse solitaire, Tiernan Banks confirme tout le talent que l'on percevait déjà dans ses précédentes compositions.