Index For Working Musik

“Quel est le sens du courant ?” : telle pourrait être une réflexion sur l'évolution du post-punk alors que ses charmes s'effacent doucement sous l'imposante production des années post-Brexit. Il est difficile de dire si Index For Working Musik est un groupe post-punk, post-americana, post-pop ou post-gothique, mais avec des chansons comme 1898, on pourrait même parler de pré-punk, pré-jazz ou pré-musique amplifiée avec ses cordes grinçantes. Leur musique est à la fois accessible et écorchée avec des constructions aussi convenues que déroutantes.



Sous de faux airs de rock classique donc, Which Direction Goes The Beam est un album exigeant qui s'écoute avec attention pour suivre le déroulement d'une épopée qui se dévoile petit à petit. Le groupe ne suit pas de recette dans l'élaboration de ses chansons, même s'il y a bien toujours de la batterie et des guitares électriques plus ou moins folk pop et plus ou moins bruitistes.

C'est d'ailleurs comme ça que je les préfère comme sur Fog (You Just Don't Know) où le mystère s'épaissit à mesure que le morceau avance, ou sur Sparrows Hill quand on a l'impression de suivre un cowboy parti à la rencontre de King Hannah mais que c'est plutôt une nonne des épopées médiévales qu'il finira par rencontrer. Sister est porté par un violon et un gimmick de guitare qui flirtent avec le rock gothique des Fields Of The Nephilim, la batterie tribale en intro de X Says rappelle aussi celle de Bauhaus alors que son refrain hyper efficace aurait pu résonner dans les soirées de la Batcave.



Chaque nouveau titre est une surprise. L'auditeur, définitivement désorienté et perdu, est pris sur Halib Leib I par une tempête dans les landes anglaises sans aucune voix pour se guider. Et comme une aventure qui prend tous les mauvais tournants, mieux vaut parfois pas de voix du tout que celle des fantômes qui hantent Brain Pan Farmer. L'interlude est de courte durée et s'enchaîne vite avec Purple Born, une chanson qui se déroule sur huit minutes avec des échos de Velvet Underground, et tellement de rebondissements et d'ambiances différentes qu'elle compte autant qu'un EP.

La carte reproduite sur la pochette fait penser à celles que vous trouvez dans les romans de Fantasy, et il y a quelque chose des classiques de la littérature fantastique britannique dans cet album. Y compris cette élégance qui manque souvent aux groupes qui s'en sont inspirés jusqu'au cliché. Index For Working Musik nous racontent leur histoire avec la même classe que DEADLETTER ou The Murder Capital.