The Pale White

Il y a de cela quatre ans maintenant, encore tenus éloignés des salles de concert pour cause de virus résistant, nous découvrions The Pale White et leur premier album Infinite Pleasure. Soyons honnêtes, malgré un enchainement efficace de morceaux suintant la sueur et le headbang, nous étions restés sur une impression de déjà-vu. Trois années et plusieurs shots de vaccin plus tard, nous retrouvions par le plus grand des hasards The Pale White en première parti des Pixies à l'Olympia de Paris, ce qui naturellement nous fit cogiter un brin, la prestation à laquelle nous avions alors assisté nous ayant fait regretter d'avoir pris nos distances d'avec le trio de Newcastle, tant le set brulant d'énergie nous fit une sacrée impression.

Sur les starting blocks afin de ne pas à nouveau rater le coche, nous voici fins prêts à découvrir le second album de The Pale White intitulé The Big Sad. Nous retrouvons donc les frères Adam et Jack Hope respectivement à la guitare/chant et à la batterie, accompagnés de Dave Barrow à la basse, pour un nouveau disque qui dès la première écoute nous frappe par sa tonalité beaucoup plus riche que son prédécesseur. Evidement, The Pale White demeurent rock jusqu'au bout du médiator, et leur forte influence stoner continue de marquer leur identité. Cependant, Adam Hope semble s'affirmer dorénavant dans un son plus classique, où l‘on va discerner de multiples autres textures.

Lors d'interviews pour des médias britanniques, ce dernier confirmait l'impression que cet album sonne beaucoup plus profondément que les essais précédents. Il se dégage comme une impression de mélancolie latente tout du long, par extension du titre The Big Sad. Non pas que nos amis flirtent avec la déprime, mais plutôt font un pas vers une nouvelle maturité qui trouve écho dans la qualité de composition du groupe. On peut d'ores et déjà le pressentir dès le titre d'ouverture Lost In The Moment. Avec un chant plus posé mais toujours aussi puissant, on devine une mélodie sophistiquée, la guitare se faisant plus sensuelle, le tout porté par quelques nappes synthétiques qui donnent un côté aérien aux refrains. Une petite percée dans des échos un brin psychédéliques remémorant instantanément les albums des australiens de Pond époque Hobo Rocket et Man, It Feels Like Space Again.


Avec un timbre de voix se rapprochant de celui de Caleb Followill de Kings Of Leon, la place faite aux harmonies vocales est importante, et ces dernières sont parfaitement mises en valeur avec un soin important apporté à la production. Final Exit, avec sa guitare langoureuse et ses violons, apporte une touche de classe que nous ne connaissions pas au groupe précédemment. Evidemment, nous restons en majorité dans un registre stoner rock, la preuve avec Woolly Thunder, Real Again et My Abacus que ne renieraient pas les plus grands adeptes de Queens Of The Stone Age.
Dans ce nouveau disque, The Pale White s'essayent à un répertoire plus dense, où l'on découvre le groupe capable de très belles ballades rock. Preparing For The Big Sad est un magnifique morceau, les harmonies y sont poignantes et nous ne nous étonnons pas alors d'apprendre que Adam Hope s'est initié en amont de l'écriture au monde doux amer du grand et regretté Elliott Smith, dont l'œuvre touche au plus profond de son être quiconque s'y plonge. January, Please fait presque office d'ovni dans le tracklisting mais offre une bouffée d'air psyché pop très agréable. Nos amis semblent avoir été des plus inspirés en amorçant ce nouveau virage, leur terrain d'exploration s'étant indéniablement élargis. On décèle une tendance vers un style largement plus accessible, déclinant une pop rock aux ingrédients imparables tels I'm Sorry ou There's An Echo.

De tout cela ressort le sentiment d'un groupe qui a passé un nouveau cap et qui a sensiblement élargi ses influences. Ainsi, The Pale White réussissent avec The Big Sad à étoffer grandement leur répertoire, leur permettant de déployer un peu plus leur aura pour, nous l'espérons, toucher des audiences plus larges.