Floral Image

Ce n'est pas encore l'été et, pourtant, l'écoute de ce nouveau disque vous emportera loin, très loin, vers des lieux ensoleillés, verdoyants, où vous cueillerez des multitudes de fleurs colorées pour les accrocher à vos cheveux. C'est un voyage dans une autre dimension que nous entamons avec Floral Image, un endroit qui résonne au son du rock psychédélique, avec ses mélodies cosmiques, ses riffs de guitare à rallonge et ses chants hauts perchés.

Des senteurs de volutes d'encens (et seulement d'encens...), de patchouli et d'amour libre se dégagent de ce disque qui semble tout droit sorti d'un autre temps. Et pourtant, Floral Image est bien un groupe du XXIème siècle. Nous venant de Norwich en Angleterre, formés de Fergus Nolan, Jack Warner, Matt Kennedy, Mitch Forsyth et Phil Whitton, Floral Image proposent une folk rock définitivement ancrée dans le psychédélisme. Un choix étonnant en ces temps de post-punk tonitruant, et finalement pas tant que ça lorsque que l'on constate que des tendances bien plus apaisées se dégagent à nouveau, notamment avec le retour en force du shoegaze.

Ainsi, Floral Image portent en 2025 l'héritage du rock psychédélique, où harmonies vocales et sonorités toute en échos se font reines. Tout y est : les guitares toutes en reverb, la surabondance de claviers avec leur boucles aux consonances presque organiques, les multiples couches d'effets qui résonnent et qui se répètent inlassablement, ces tintements qui évoquent un voyage dans les cieux voir dans l'espace... Pas de doute à avoir, Floral Image remettent au goût du jour ce style, tout comme avant eux Tame Impala, Pond, MGMT ou du côté de l'Europe, et pour ne citer que les plus récents, les très bons et très anglais Mandrake Handshake.


L'album se nomme Gone Down Meadowland, sort chez Fuzz Club, label londonien haut en couleur, et ses dix titres sont tous une invitation à sortir nos nez de nos smartphones pour aller respirer l'air frais de ces prairies que nous décrivent Floral Image. Ce que l'on aime dans ce disque est que les jeunes musiciens n'ont pas pousser le vice jusqu'à sortir tout l'attirail des sitars et autres instruments fait à la main qui nous sont complètement inconnus. On retrouve tout au long du disque des passages beaucoup plus tendus, où la guitare se tend et la batterie s'excite, nous évoquant plutôt Wolfmother ou les hurluberlus de King Gizzard & The Lizard Wizard. On mettra en avant l'aspect complètement dynamité de Howling Dog Song, qui remet les pendules à l'heure d'un rock presque progressif, ce qui en soit ne choque pas, ce style trouvant ses racines dans les effluves de la musique psychédélique.

Qui dit psyché rock dit donc morceaux étirés à l'extrême. Non pas que cette recette qui peut en rebuter plus d'un soit appliquée sur tout le disque, mais seulement sur quelques morceaux dépassant donc les cinq minutes et qui se révèlent être le plus marquants : Boogietown sous forme d'hommage de très haute tenue aux Doors, Howling Dog Song, le titre le plus énervé, dont on se dit qu'il doit être le plus bondissant sur scène, et Sun For Hire qui clôture l'album avec ses sept minutes, un retour en plein Laurel Canyon et un côté très nostalgique, qui manque peut être d'un brin d'originalité pour permettre au groupe de trouver sa propre identité.

Gone Down Meadowland est un album qui brasse passé et présent de façon réussie et qui proposera probablement aux plus néophytes en rock et folk psychédélique de pénétrer dans ce style exigeant, et pourquoi pas de profiter de l'occasion d'aller parfaire sa culture musicale en (ré)écoutant les maîtres en la matière tels Jefferson Airplane, Frank Zappa ou la période LSD des Beatles et des Beach Boys.