Je ne pensais pas un jour chroniquer un nouvel album de Death In Vegas. Et, quelque part, ça me désolait. L'idée qu'un groupe aussi singulier puisse disparaître sans un mot, sans un geste d'adieu, me laissait un goût d'inachevé.
Death Mask est-il un vrai retour, ou bien le disque d'adieu que nous n'avons jamais eu ?
Ce qui est certain, c'est que ce masque mortuaire est encore plus sombre que tout ce que Death In Vegas nous avait offert jusque-là. Richard Fearless n'a jamais fait dans le festif, mais il y avait dans ses précédents albums une forme de danse macabre ou de transe gothique, jubilatoire de noirceur. Ici, c'est une rave party chez les morts-vivants, sans lumière stroboscopique et sans voix, comme pour ne pas réveiller ceux qui sont perdus dans les limbes.
L'absence totale de voix, alors que Death In Vegas en a invité nombre de marquantes, de Iggy Pop à Dot Allison en passant par Liam Gallagher et Bobbie Gillepsie, rend l'ambiance plus plombante encore. Comme sur ses précédentes productions, on a longtemps attendu un démarrage, prenant le premier teaser comme une bande annonce muette, puis le deuxième comme une expérimentation, mais force est de constater qu'après neuf titres durant cinq à dix minutes chacun, Richard sans peur est devenu Richard sans voix. Ça donne envie de crier, d'appeler à l'aide et de finalement faire entendre sa propre voix : c'est tout simplement génial.
Ce mutisme donne au disque une dimension de bande-son dystopique, comme si nous assistions à la fin d'un monde déjà oublié. Peut-être que je suis moi-même resté bloqué sur les premiers Death in Vegas, ceux qui mariaient la techno et la noirceur du rock avec une énergie unique. Ce glissement vers une musique transcendantale était déjà en marche depuis
Transmission, mais si j'aime que la musique me transporte, j'aime aussi tout simplement l'écouter.