Brògeal

Hé gros, t'fais quoi !? Oh l'pub il est d'l'aut' côté ! Mais si viens, y a Brògeal qui joue ! T'connais pas Brògeal !? J'va t'montrer c'est d'la bonne, c'les gars de Vicar Street, t'vas voir comment qu'y sont bons !

Brògeal, les bons gars de Vicar Street, la deuxième des deux rues principales de Falkirk en Écosse, la douzième des deux villes principales de l'Écosse. L'histoire de deux amis d'enfance, Daniel Harkins et Aidan Callaghan, installés avec leur famille dans le même bus pour aller voir le Celtic Glasgow jouer, une vingtaine de miles plus au sud. Deux gamins turbulents aux faux airs de rebelles, deux ados fans de folk et de rock qui ont commencé par un groupe de trash punk garage avant de rencontrer Sam MacMillan, et comme en Terre du Milieu, ne partez jamais à l'aventure sans votre Sam de poche ! Une aventure complétée par Euan Mundie à la basse et Luke Mortimer derrière les fûts, l'aventure de cinq folk-rockers partis à l'assaut du monde avec des instruments de hobbit et des lunettes noires, spin-off pirate écossais de la si belle trilogie des Pogues.

Shane MacGowan qui doit sourire de là où il est de ces cinq gusses qui, quarante ans après lui, jouent du banjo comme d'une Telecaster, de l'accordéon comme d'un synthé Yamaha, et se sont mis dans la tête de tirer le rock celtique par la peau du cul pour le faire sortir de son pub miteux de Falkirk, en emmenant le pub avec eux parce que quand même c'est culturel ! Un taf' qui a commencé par les Vicar Street Socials, des soirées folk-rock organisées par le groupe au Rialto dans cette même Vicar Street de Falkirk, des soirées qui ont fini par déménager dans la grande ville et s'installer au McChuills de Glasgow, avant la phase numéro deux du plan de domination mondiale du folk-rock celtique : l'album.

Tuesday Paper Club, le premier album de Brògeal, les Brògeal ces mercenaires l'été musiciens l'hiver des anciens jours de l'Écosse, quand ceux des nouveaux jours bossent au Tesco en 9-17 et chantent dans les bars une fois la nuit tombée un mélange de Pogues et de Teenage Fanclub. Des chansons de pur rock celtique, des chansons de pure indie-rock écossaise, et au milieu de tout ça Scarlet Red, la plus belle ballade au chardon de l'année, une journée dans les highlands qui s'achève entre copains devant un bon haggis chaud et deux doigts d'Aberlour. Les copains du Tuesday Paper Club, chanson-titre qui lance le bal d'une musique face à laquelle il est impossible de ne pas danser, de ne pas jeter votre partenaire tournoyante dans la ronde, de ne pas claquer des mains et taper des talons, ça ou l'inverse et peu importe puisque le bar est déjà sens dessus-dessous.

Old For The Ditch remet la petite sœur pour la route, la traditionnelle Lonesome Boatman sort son pipeau mais garde son pantalon, et entre ces trois chansons, du Teenage Fanclub chanté par des gars avec un accent qu'aucun couteau au monde ne saurait couper droit. Mention spéciale à la très rock Lady Madonna, à la magnifique Racing Track, aux souvenirs émus des Vicar Street Days et au final grandiloquent de Go Home Tae Yer Bed, le r aussi roulé dans la farine que l'avoine dans la panse de brebis.

Brògeal, un groupe de potes qui ne cherchent pas à être autre chose que ce qu'ils sont, des bons copains qui font du rock avec une mandoline et un banjo et disent à tout le monde qu'ils viennent de Falkirk en Écosse. Et peut-être qu'un jour, à force d'y croire, les gens sauront où est Falkirk en Écosse.