Chronique Album
Date de sortie : 27.10.2003
Label : EMI/Delabel
Rédigé par
Maxence, le 19 janvier 2004
Jonny Greenwood en solo. L’annonce était plutôt alléchante. Radiohead ne se résument pas, on le sait, à Thom Yorke. Le leader du groupe le reconnaissait lui-même sans problème, il n’avait pas le monopole de la création musicale. Autant l’écriture des textes restait son exclusivité, mais toute l’orchestration des morceaux ne reposait pas sur ses seules épaules. Et si Jonny semblait, au vu du profil des derniers albums, avoir gagné en influence, il paraissait en grande partie à l’origine des tendances expérimentales des dernières compos du groupe.
C’est en ce sens que l’idée où Greenwood pourrait se laisser aller selon ses inspirations sans contraintes de garder un format rock était particulièrement plaisante. Car il faut se le dire, le rock est absent du disque. Il est distillé en doses à peine homéopathiques. Tout du long de l’album, nos oreilles sont gratifiées de beat furieux, de cordes chaotiques et de cuivres délirants. On retrouve d’ailleurs sans mal les traces de certains morceaux de Radiohead tels 'National Anthem', 'Life In A Glasshouse' ou encore de manière encore plus flagrante 'Pyramid Song' avec l’ouverture 'Moon Trills'.
La première écoute de cette BO est plutôt repoussante. On lui reprocherait même sa difficulté d’écoute. Le tout, longue trame instrumentale, oscille entre free jazz, electro franchement pas mélodique, et compos classiques minimalistes (piano, quatuor de cordes), et peut ainsi paraître assez incohérent, voir désagréable à l’écoute. Il est clair que tous ceux qui furent déjà rebutés par Kid A et Amnesiac feront mieux de passer ici leur chemin. Mais ce qui ne veut pas forcément dire que les autres seront particulièrement plus emballés, car il faudra admettre que Greenwood ne fait pas du Radiohead. Il imprime le disque d’une atmosphère toute particulière. Univers, où il essaye, presque contre notre gré, de nous attirer. Par ailleurs il ne faut pas omettre le fait que ce disque est avant tout un B.O, et doit en conséquence collé a l’univers du film (que je n’ai pas vu, je l’avoue). Mais au delà de cette contrainte B.O, le disque reste tout de même très réussi. Il y traîne de véritables perles telles 'Moon Trills', semblant être une version alternative de la magnifique 'Pyramid Song ', '24 Hour Charleston', et son air de guitare obsédant, ou encore 'Iron Swallow' et 'Splitter'. Mention spéciale aussi a 'Tehellet', sorte de synthèse de tout le disque tout simplement magnifique.
Au final, l’impression qui ressort est plutôt bonne, voire enthousiaste. On a vraiment envie qu’il réitère l’expérience assez rapidement. Car on se rend compte, s'il était nécessaire de le prouver, que Greenwood est un vrai virtuose. Le voir s’éclater ici sorti du carcan de Radiohead, est particulièrement jubilatoire. Le multi instrumentiste prend vraiment ici une ampleur considérable. On en vient presque a se demander si il refrénait toutes ces idées au sein de Radiohead, car l’esprit du bonhomme semble réellement prolifique. Mais il faut être honnête, il est peu probable que cette BO enflamme beaucoup de monde, tant certains morceaux paraîtront incohérents, désagréables, inécoutables diront quelques mauvaises langues. Mais pour ceux qui apprécient ce genre de pétages de plomb canalisés, passer a coté de cet album se révélerait être une bien mauvaise idée.