Pour sa seconde édition française, le Lollapalooza Paris aura cette année atteint son objectif des 120 000 spectateurs sur ses deux journées des 21 et 22 juillet. Pour comparaison, un mois plus tôt, le festival Solidays, qui investissait également l'Hippodrome de Longchamp, attirait 212 000 festivaliers sur ses trois jours. Le côté grandement positif de la fréquentation quelque peu plus modérée sur le Lollapalooza Paris est que cela permet aux spectateurs de ne pas se marcher dessus ni se bousculer, aussi bien devant les scènes que partout ailleurs dans le lieu investi par le festival.
Encore une fois, afin de justifier le tarif assez élevé du pass 2 jours, les organisateurs auront su nous offrir des exclusivités fortes, à l'image de Black Rebel Motorcycle Club, The Killers, Stereophonics ou encore Depeche Mode. Les stands de nourritures sont fournis, avec des plats de chefs pensés en amont, et l'on a même droit à un grand bar proposant des bières de divers pays (où l'on pouvait même goûter avant d'acheter, les amateurs auront apprécié !), à mille lieues de la Kro convenue des nombreux stands parsemés dans le festival.
L'agencement reste plus ou moins identique à celui de l'année dernière, avec hélas pour défaut la scène électro encore trop proche de la scène alternative. Les deux scènes principales se situant quant à elles l'une à côté de l'autre, on n'est pas forcément obligé de faire 200 mètres pour aller voir l'artiste suivant ; bien placé, on pourrait presque simplement se retourner et attendre trente secondes pour assister au concert suivant !
Enfin, la grande Tour Eiffel symbolique placée au centre du festival est bien sûr toujours présente, ainsi que la grande inscription « Lollapalooza » devant laquelle tout le monde se prend en photo. Et c'est juste derrière cette installation que les quatre énergumènes de
FIDLAR, dès 14h15 ce samedi après-midi, investissent la scène alternative.

FIDLAR et leur garage punk déjanté font partie des premiers gros groupes à se produire sur le festival, nous plongeant d'entrée dans le grand bain. Débutant sur leur dernier single
Alcohol, les quatre californiens tentent de mettre l'ambiance devant un public qui s'avance timidement devant la scène alternative. Même si ce n'est pas forcément l'horaire idéal pour une formation comme FIDLAR, on ne peut toutefois que s'incliner face à sa volonté de faire danser le public à coup de brûlots denses enchaînés sans interruption.
De
No Waves au grand final
Why Generation / Punks / Wait For The Man, en passant par les incendiaires
40oz. On Repeat et
Whore, FIDLAR interprètent parmi leurs meilleurs morceaux tout en en profitant pour reprendre le
Frances Farmer Will Have Her Revenge On Seattle de Nirvana ainsi qu'étrenner deux nouvelles compositions,
Are You High et la plus posée
Can't You See. Une prestation rythmée et plus que satisfaisante pour tout fan du groupe !

Pendant ce temps-là, la suédoise
Zara Larsson propose sa pop sur la Main Stage 2, sage mais entraînante, avant que
Nothing But Thieves ne débarquent sur la scène alternative après une longue attente en raison de problèmes techniques. Malgré un set écourté, la formation anglaise aura su mettre l'ambiance grâce à sa musique au croisement de Muse (
Particles, I'm Not Made By Design) et Foals (
Wake Up Call, Trip Switch), et ce si l'on fait fi de quelques fautes de goût - la conclusion pompeuse
Sorry /
Amsterdam dont on aurait pu se passer.

C'est ensuite au tour du groupe de rock'n'roll culte du début des années 2000 d'asséner les lieux de ses riffs dissonants et des deux voix sexy de Robert Levon Been et Peter Hayes - qui, quand il ne chante pas, a soit son harmonica soit une clope aux lèvres tout du long ! Les trois californiens de
Black Rebel Motorcycle Club se permettent de piocher dans une discographie maintenant bien fournie, interprétant aussi bien des compositions de leur dernier bébé
Wrong Creatures que de
Beat The Devil's Tattoo ou encore du chef d'œuvre éponyme.
Après des
Little Thing Gone Wild et
King of Bones engageantes, le groupe enchaîne sur l'épique
Beat The Devil's Tattoo sur laquelle Robert Levon Been prend un malin plaisir à jouer avec les vocalises et où les coups de batterie menaçants portent les deux guitares, notamment sur un final aux chœurs envoûtants repris par la foule. On a droit plus loin au brûlot effréné
Conscience Killer ainsi qu'au rock'n'roll poisseux de
Stop, avant que les américains ne mettent définitivement tout le monde d'accord avec les quatre compositions interprétées en fin de set, à commencer par
Awake et son refrain psyché.
Alors que le public est d'ores et déjà conquis, s'ensuivent le Velvet Undergroundesque
Six Barrel Shotgun porté par les deux leaders charismatiques, puis les mythiques
Spread Your Love et
Whatever Happened To My Rock'n'Roll (Punk Song) dont l'audience chante en chœurs les refrains. Robert Levon Been descendra dans la fosse sur les dernières minutes du show, interagissant avec les premiers rangs. Un vrai concert rock'n'roll comme l'on était en droit de s'attendre de la part de Black Rebel Motorcycle Club, démontrant que les américains n'ont rien perdu de leur superbe après toutes ces années.

Petit passage par la scène alternative, le temps de découvrir une petite demi-heure du concert donné par
Bomba Estéreo, formation alliant musique traditionnelle colombienne et cumbia electro. Une performance à l'énergie contagieuse devant laquelle tout le monde se déhanche et sourit. Peu après, du côté de la Main Stage 2,
Bastille distille une synth-pop convenue mais reposante dans cette chaleur étouffante, concluant sur son titre phare
Pompeii.
Kasabian haussent ensuite aussitôt le ton sur la Main Stage 1, lançant les hostilités avec un
Ill Ray (The King) brut de décoffrage. Plus loin,
Club Foot se fait déjà entendre, mettant le feu sans grand mal dans la fosse, les chœurs étant repris sans plus attendre. S'ensuit l'electro dansante de l'ampoulé mais éminemment sympathique
Eez-Eh avant que la formation anglaise ne ralentisse le rythme avec les plus posés
You're In Love With A Psycho et
I.D..
Les enceintes font ensuite exploser les lignes de basse d'un
Empire qui fait bouger la fosse et dont le refrain grandiloquent est clamé par les premiers rangs. Kasabian interprètent ensuite le fameux
L.S.F. (Lost Souls Forever) que tout le monde attendait, une nouvelle fois repris à l'unisson par la foule, puis le trop court
Vlad The Impaler. Le groupe de Leicester conclut sa performance sur
Fire, morceau épique taillé pour la scène et qui fait mouver la fosse en ce début de soirée.
Retour sur la scène alternative. Après une chanson d'intro où les six musiciens reprennent le
For Whom The Bell Tolls de Metallica,
Portugal. The Man s'attardent sur leur dernier opus
Woodstock, à travers
Number One puis l'entraînant
Live In The Moment. C'est ensuite au tour de
Evil Friends, sans doute leur meilleur album, d'être mis en avant avec l'enchaînement de
Creep In A T-Shirt,
Atomic Man et
Modern Jesus, trois compositions d'electro pop irrésistible, à base de refrains dansants et de chœurs décomplexés.
La formation originaire d'Alaska conclut son set sur le rock fiévreux de
All Your Light (Times Like These), Hip Hop Kids et ses chœurs épiques puis le morceau phare de son dernier album,
Feel It Still, sorte de Glass Animals à la synthpop enivrante sur laquelle John Baldwin Gourley part dans les aigus comme jamais, convainquant les plus curieux restés devant Portugal. The Man pendant que tous les autres partaient soit en direction de la Main Stage 1 où jouaient Depeche Mode, soit sous la tente de la Perry's Stage.

La Perry's Stage, qui accueille les artistes électro, se voit se remplir progressivement ce samedi soir au fil du DJ set de Thomas Wesley Pentz, AKA
Diplo. Comme l'on était en droit de s'attendre de la part du producteur et rappeur américain, on est ici assailli par des éclairages stroboscopiques et des écrans sur lesquels est inscrit Diplo en énorme, constamment, dans tous les sens, dans toutes les polices, et avec toutes les animations possibles et imaginables.
Le DJ américain intègre différents genres dans son set, dont quelques remix de titres rock tel que le classique
Seven Nation Army des White Stripes. Il aura aussi, pour l'occasion de sa venue en France, remixé quelques rappeurs français, dont le grand Soprano. On le remerciera pour le geste mais il n'était pas obligé...
C'est bien évidemment sur ses propres compositions que le monsieur aura mis le feu sous la grande tente, notamment sur les pépites électro dance
Get It Right et
Lean On, même si elles furent bien trop brèves, comme bon nombre des titres joués. Thomas Wesley Pentz aura su faire le show en n'arrêtant absolument jamais, passant d'une plage à une autre sans interruption pendant près d'une heure et demi d'explosions sonores en tout genre : du bon comme du mauvais mais jamais à court de beats - et on n'en demande pas plus pour une fin de soirée marquée par le phénomène Diplo.