Malgré un contexte de tension qui s'accentue dans l'hexagone et en périphérie de Paris, le public attend de pied ferme cette deuxième soirée du Festival FNAC Live. Au programme, une scène principalement francophone et, bien sûr, l'unique groupe britannique de cette douzième saison, j'ai nommé Franz Ferdinand. Sur le parvis de l'Hôtel de Ville, entouré d'une bulle d'insouciance, de bonne humeur et de musique, nous sommes dans un monde à part. Alors si vous vouliez vous sortir la tête de toutes les actualités anxiogènes, c'est bien ici, au cœur de Paris et de la fête, qu'il fallait être !

La soirée commence en douceur avec
Charlotte Adigéry & Bolis Pupul. Le duo venu de Belgique propose une pop électro qui sent bon le soleil et les tropiques, sous le ciel couvert de Paris, alors que le public arrive et s'avance progressivement vers le devant de la scène.
Ils sont suivis par
Agar Agar, un autre duo d'électro-pop déjà bien implanté sur la scène musicale française. Nous avons plaisir à retrouver leurs titres les plus connus
I'm That Guy et
Prettiest Virgin, en plus de découvrir ceux de leur dernier album intitulé
Player No Player. Ils n'ont pas lésiné sur le décor et nous projettent dans leur monde bien à eux, entre plantes lumineuses aux allures pas très sympathiques et mur animé aux yeux tantôt injectés de sang ou révulsés. Alors que Armand Bultheel reste bien sagement derrière ses synthétiseurs, Clara Cappagli, micro en main, ne tient pas en place. Elle va au contact du public en s'avançant vers lui, quand elle ne saute pas sur place au rythme de leur musique. Malgré cela, l'ambiance semble plus chaude sur scène que dans le public ; quelque chose manque. Écouter Agar Agar en pleine journée, c'est un peu comme prendre l'apéritif dès le petit déjeuner. L'immersion n'y est, et on ne peut que regretter de ne pas les voir dans une salle obscure pour vivre et ressentir pleinement leur musique, au rythme des jeux de lumières.
Si on avait pu penser que Agar Agar avaient un look excentrique,
Violet Indigo les bat à plate couture ! Cette jeune Franco-Américaine déboule avec sa musique électro hip-hop, le sourire aux lèvres et porte haut l'esprit Clubbing et la vision Queer. Le style, elle l'a autant dans sa peau que dans ses chansons. Et après les tonalités graves du duo précédent, elle apporte une bonne dose de fraîcheur.
Enfin, nous nous accordons une petite pause douceur à l'intérieur de l'hôtel de ville avec
Charlotte Cardin pour écouter cette fois de vrais instruments. Les synthés et les boîtes à rythmes, c'est sympa, mais rien ne vaut une vraie batterie ainsi qu'une vraie basse, au milieu des dorures et des lustres de l'Hôtel de Ville. La scène du salon est pleine à craquer. Dès les premières notes, il n'est pas question pour le public de rester bien sagement assis dans le fond de son siège, car des beats, il y en a aussi, soutenus par la voix claire et puissante de Charlotte Cardin. À quelques semaines de la sortie de son nouvel album, elle en profite pour nous présenter ses prochains titres, avec le charme de son accent ; elle nous parle d'ex, de sa ville Montréal comme d'une entité à part entière, d'histoires qu'elle s'invente avec un garçon. La chanteuse canadienne maîtrise aussi bien l'art de nous faire danser que celui de nous émouvoir.

Nous repassons une tête sur la scène du parvis : l'ambiance est nettement plus calme et dissipée face à l'auteur, compositeur et interprète français
Benjamin Biolay. Malgré quelques titres émouvants tels que
Ton Héritage, il ne semble pas parvenir à toucher son public et manque sa cible. Probablement que les personnes présentes attendent autre chose, ce qui est peu étonnant au vu du reste de la programmation de cette soirée.
Johnny Jane, chanteur hip-hop français, lui succède, mais après avoir goûté à la scène du salon, nous préférons finalement y rester.
Nous y découvrons
Zaho de Sagazan, figure montante de la scène française. Dès les premières notes, elle nous convainc et nous comprenons rapidement l'engouement qu'elle suscite : entre des sons électroniques minutieux aux inspirations presque minérales et des textes français ciselés. Sa musique est un croisement entre Christine And The Queens et Stromae. La claque de cette soirée.

Même s'il nous est difficile de quitter la scène du salon, nous ne pouvons pas manquer l'appel de
Franz Ferdinand. Et juste à temps nous arrivons pour leur premier titre.
Michael lance le top départ, entrée fracassante. Le groupe originaire de Glasgow enchaîne les titres et les tubes, à tel point qu'on ressent une sorte d'urgence à jouer sur la scène sous les lumières rouges, et pour la foule, à en profiter.
Au milieu des titres hyper connus, une petite nouvelle se glisse dans le set :
Knock Knock. Un prochain album en vue ? Une nouvelle face à laquelle nous ne pouvons que nous réjouir. À coup sûr, cette chanson qui se montre efficace sera bientôt sur toutes les ondes dans les mois à venir.
Malgré deux décennies de carrière, Franz Ferdinand possèdent toujours cette fièvre et sont encore loin d'être "has been". L'ambiance à elle seule en témoigne, dont les plus jeunes se montrent aussi fans que ceux qui étaient déjà présents à leurs tous débuts. Après une petite demi-heure, Alex Kapranos débordant d'énergie, s'adresse enfin à la foule. Il jette comme un cri au ciel et à la foule : "Paris, ça va bien ?". Bien sûr qu'on va bien, on est avec vous les gars et vous mettez le feu ! C'est ce qu'on a envie de répondre. Alors, un jeu se met en place avec le public et en chef d'orchestre, il nous fait tantôt applaudir, chanter ou nous accroupir pour repartir de plus belle.
Les premières notes de
Take Me Out résonnent. On se dit : "ça y est ! On y est !". Le point culminant du concert et même de la soirée entière se situe exactement là. Les téléphones se lèvent, les voix s'élèvent et les corps se déchaînent, cherchant l'espace là où il n'y en a pas. Pourtant, l'incendie ne s'éteint pas et se poursuit jusqu'au bout du set avec
This Fire.
De toute cette soirée, c'est probablement le concert dont se sera dégagé le plus d'enthousiasme. Même les trois figures de la French Touch, Etienne de Crécy, Boombass et DJ Falcon, qui clôturent celle-ci, n'arriveront pas à faire mieux ! Bien qu'écourtée (ndlr : la troisième soirée a été annulée), cette douzième édition se montre plutôt réussie. En partie grâce à un excellent cru sur la scène du salon (Beck, Warhaus, Charlotte Cardin, Zaho de Sagazan...) et sans oublier la présence de Franz Ferdinand en tête d'affiche.