C'est sous un grand soleil que débute le troisième jour du Øya Festival à Oslo ! La journée sera marquée par la présence de groupes de rock féminin dans le Tøyen Park mais aussi dans les clubs du centre-ville qui prennent le relai, une fois le festival terminé sur le coups de 23h.
Le début d'après-midi est assez parfait puisque c'est l'un des meilleurs groupes Norvégien du moment qui ouvre la petite scène Hagen : les quatre filles de
Veps. Devant un public de fans, le groupe puise dans des influences rock indé avec des compositions hyper catchy ainsi qu'une basse et des guitares lourdes rappelant le rock 90's comme sur le titre
His Brother qui termine dans un crescendo électrique. Veps fait aussi dans la subtilité avec des titres enivrants, davantage encore lorsque les chanteuses se partagent les parties vocales, chacune ajoutant un timbre plus pop ou plus mélancolique à l'ensemble. Veps se concentrent sur leur dernier album et ne nous gratifient pas du tube
Girl On TV mais d'autres en devenir sont de la partie. La joie de vivre et la fraîcheur des quatre Veps font réellement plaisir à voir pour un concert qui lance idéalement la journée.
L'américaine
Snail Mail débarque ensuite sur la scène Vindfruen et s'enflamme directement avec le premier single de son premier album
Pristine. Le rock indé mené par la chanteuse et guitariste Lindsay Jordan prend aux tripes avec son attitude écorchée qui attire tous les regards : elle semble se donner entièrement dans ses chansons. Ce titre a tout d'un hymne rock à part entière et on se laisse embarquer par ces changements de rythme rappelant parfois Pavement. La guitare possède cette légère face dissonante, contrée par une voix acidulée, juvénile et en tension permanente. Les riffs se lancent et se relancent sur des adaptations live plus noisy que sur les versions studio, à la manière de Sonic Youth subitement devenus bien plus joyeux. Jordan porte son groupe et ses morceaux entre passages plus calmes et explosions électriques subites. Snail Mail termine par le single
Valentine dans une version électrisante. L'un des projets rock indé les plus passionnants du moment.
On attend maintenant les icônes du folk rock, les américaines
Boygenius, un super groupe formé de Julien Baker, Lucy Dacus et Phoebe Bridgers venues donner leur tout premier concert ensemble en Europe. Les fans sont fin prêts dans les premiers rangs et s'émotionnent lorsque les trois chanteuses entrent sur scène après avoir interprété l'intro de leur premier album
The Record, filmé à l'arrière de la scène. C'est Julien Baker qui prend le lead dès le départ avec le morceau
$20 et son gros riff dissonant qui fait trembler Tøyen Park. La voix si subtile de la chanteuse de Memphis se fait vibrante sur ce titre de rock débridé. Julien continue avec
Satanist, pour un début de concert aux guitares électriques embrasées, avant que la voix si douce et enivrante de Lucy Dacus ne prennent le relai. Phoebe Bridgers prend finalement les devant avec sa balade folk
Emily I'm Sorry, premier grand moment d'émotion, repris en chœur par un public jeune et aux anges. La scène et la guitare deviennent bleues sur
True Blue avec une Lucy Dacus à la manœuvre tandis que Julien et Phoebe restent dans l'écoute et l'admiration de cette voix proche de la perfection pour l'un des morceaux les plus repris par l'audience. On redécouvre en live toute la beauté du titre
Cool About It qui reste comme l'un des moments phares de ce concert avec l'enchainement des trois couplets par Julien, Lucy et Phoebe pour un titre de folk écorchée influencé par Elliott Smith : une beauté fulgurante. Le groupe fait quelques passages vers son excellent premier EP de 2018 avec notamment
Me & My Dog, et le crescendo fabuleux de Phoebe, passant d'une guitare électrique paisible à une envolée spatiale « I wish I was on a spaceship, just me & my dog and an impossible view », porté par les trois voix. Voilà le moment qu'on attendait depuis cinq ans avec cette chanson qui a une si place particulière ces dernières années. Phoebe Bridgers nous fait encore frissonner en s'asseyant sur le devant de la scène sur
Letter To An Old Poet avant de descendre pour passer parmi les premiers rangs. L'hymne pop
Not Strong Enough enflamme l'audience avec ces trois couplets sont partagées par les trois chanteuses avec leurs propres tessitures pour un moment jubilatoire. On profitera d'une version acoustique de la ballade
Ketchum, ID où Lucy et Julien s'assoient sur le devant de la scène pour passer ce moment hors du temps avec un refrain repris par le public. Lucy nous achève avec
Salt In The Wound pour une version dépouillée qui termine un concert tout au sommet. On les attendait ensemble sur une scène européenne depuis cinq ans, Boygenius ont enflammé nos cœurs.
Il est temps de quitter le Tøyen park pour rejoindre le centre ville d'Oslo pour un concert dans l'un de ses nombreux clubs. On entre dans la salle John Dee pour voir le groupe américain
Water From You Eyes. Le duo déploie un rock technoïde dissonant au tempo hyper rapide, couplé par les mouvements de voix subtile de la chanteuse Rachel Brown, leur donnant quelques aspects pop. Nate Amos est de son coté à la guitare et au laptop pour des enchevêtrements synthétiques atmosphériques allant du dansant à l'angoissant. Water From You Eyes font parfois retomber la pression dancefloor sur des passages plus lents avec l'excellent titre
14 où la voix haut perchée rejoint la guitare plaintive pour un titre possédant une énergie lancinante assez unique. Voilà un groupe attachant qui développe des sonorités très personnelles avec une recherche constante dans des constructions hyper complexes. L'un des meilleurs groupes de l'année 2023 sans aucun doute.
Une journée remplie d'émotions et marquée par la prestation de Boygenius, attendue depuis des années par le fan que je suis. Snail Mail, Veps et Water From Your Eyes ont également tenu leurs promesses d'excellents moments.
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