Le dernier jour du Primavera Sound Porto est marqué par la pluie abondante qui recouvre la ville. Les capes de pluie sont de sortie sur le chemin du Parque Da Cidade où le public a trouvé refuge sous les tentes destinées à la restauration. On patiente fébrilement pour l'éclaircie qui arrive pile pour le concert de
Mannequin Pussy.

Le groupe américain est déchaîné sur la grande scène du festival en lançant idéalement le set avec
I Got Heaven et ses réminiscences de rock 90's. La chanteuse Missy Dabice hurle de toutes ses forces en passant d'un coté à l'autre de la scène en mode pile électrique. Entre messages féministes et lyrics engagés, le groupe donne une grosse claque au patriarcat. On se prend également la claque de la performance gigantesque d'un punk rock abrasif de la part d'un groupe qui se livre totalement. Le bassiste Colins Regisford sonnera également de la voix sur l'affolante
OK? OK! OK? OK!, lui qui attire les regards par son jeu diabolique à droite de la scène. Le groupe sans concession enchaîne les titres brut et rock à souhait qui fait bondir dans l'assistance. L'un de concerts marquants de ce week-end de festival.

Suite à l'annulation de plusieurs groupes, dont Justice (ndlr : leur matériel trop lourd a cassé l'une des scènes) ou Ethel Cain (ndlr : problème de voix), on se retrouve sur la scène Super Bock pour le concert du groupe de post-hardcore basque
Lisabö. Évoluant à l'avant d'un énorme drapeau palestinien projeté, le quintet lâche les décibels sur fond de chant déclamés en langue basque. Les fans sont captivés dans l'audience et on ne peut s'empêcher de remuer la tête. Un concert au son lourd et complètement réjouissant.

On attend néanmoins la tête d'affiche du soir,
Pulp, sur la scène se dressant au beau milieu du parc verdoyant. Après une mini introduction sur
I Spy, Jarvis Cocker attaque directement par le tube
Disco 2000 qui fait immédiatement sauter et chanter la foule composée de fans. Du haut de son escalier de lumière, le charismatique leader est tout feu tout flamme et n'a rien perdu de ses pas de danses. Première communion de sauts synchronisés qui annonce un concert de retrouvailles. Le plaisir est intact et l'émotion palpable lorsque
Something Changed est dédié à Steve Mackey, leur ancien bassiste, et Steve Albini auquel le festival a rendu hommage lors d'une listening party en ouverture du concert. Le groupe est impeccable dans ses interprétations tandis que Jarvis joue de sa voix d'éternel adolescent sur
Pink Glove et ses synthés rayonnants. Les pianos de
This Is Hardcore résonnent dans une audience attentive et terrassée par la joie. Tout explose sur
Do You Remember The First Time ? pendant lequel Jarvis Cocker annonce son mariage la semaine suivant. Il n'en fallait pas plus pour crier le refrain en chœur. Ce grand moment de joie communicative s'achève évidemment sur le tube
Common People durant lequel on jette nos dernières forces dans la bataille. Pulp ont parlé et c'était beau... Était-ce la dernière fois ? Ou sera-ce tous les dix ans ? Espoir, quand tu nous tiens...
Dernier grand moment du festival : un concert de deux heures de
The National sur la grande scène du festival. Après avoir un peu repris son souffle et des forces, on arrive pour apprécier une interprétation pleine d'émotions de
Bloodbuzz Ohio, ce qui permet au public d'entrer dans un concert qui s'annonce magnifique et à nous de nous rapprocher des premiers rangs. On retrouve The National plus incisifs avec des interprétations plus électriques que lors de leurs dernières tournées et ce n'est pas pour nous déplaire. Le groupe de Brooklyn enchaîne les tubes et passe en revue tous ses albums dont
Alligator, de l'intense
Mr. November qui nous fera nous élever dans le ciel portugais, en passant par
Abel sur lequel Matt Berninger puise toute la force de sa voix grave. L'émotion de l'album
High Violet se fait entendre sur
England ou
Terrible Love. La setlist passera aussi par
Boxer avec
Fake Empire et
Mistaken For Strangers qui nous fait réaliser à quel point le son The National est un groupe unique avec cette guitare reconnaissable et cette voix qui n'a jamais été aussi belle. Encore des retrouvailles avec un groupe qu'on a tant aimé, The National auront ébloui cette fin de festival.
C'est terminé pour le Primavera Sound Porto 2024 avec de très beaux moments, certes un peu gâchés par la météo. On se souviendra de Pulp, The National, mais aussi de Mannequin Pussy, This Is The Kit, The Last Dinner Party, Water From Your Eyes, Mitski ou Royel Otis. Un festival toujours aussi relax et qui permet d'assister à d'excellents concerts dans de toutes aussi excellentes conditions.