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Pitchfork Music Festival

Paris, du 7 au 9 novembre 2024

Live-report rédigé par Franck Narquin le 16 novembre 2024

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vendredi 8
Jour 2 – Bonjour je m'appelle
La deuxième soirée Avant-Garde du Pitchfork Music Festival, le vendredi 8 novembre, a été marquée par un tourbillon de performances captivantes, souvent surprenantes, qui ont mis en lumière la richesse et la diversité des scènes émergentes. Tenter de restituer à l'écrit de manière objective et exhaustive une soirée Avant-Garde serait peine perdue. Goûter un peu à tout en assistant à sept ou huit demi-concerts tout en pédalant comme un cycliste sous EPO entre deux salles, venir pour un seul groupe mais s'en souvenir longtemps, se laisser porter au hasard sur la foi d'un nom qui sonne ou celle des yeux de Bette Davis de Viktoria, voire juste passer un bon moment entre amis en jetant une oreille entre deux tournées de bières, il existe autant de festivals que de festivaliers. Cette année ne vous attendez pas de notre part à un classement des meilleurs concerts ou une liste de nos cinq paris pour l'avenir. Nous préférons ne retenir que l'essentiel, à savoir que durant trois jours en novembre 2024 à Paris, cinquante-deux groupes ou artistes, nés à Accra, Seoul, Curitiba ou ailleurs, vivant à Londres, Los Angeles, Berlin ou ailleurs, jouant du rock, de l'électro, du RnB ou partis ailleurs, se sont présentés à nous, certains conquérants, d'autres timides, tantôt brillants, tantôt brouillons, pour nous dire ce que Diabologum nous disait en 1996 avec son titre Il faut, « Bonjour je m'appelle ».


Acte 1 : Hex Girlfriend – Don't come back !
La soirée du jeudi s'était terminée par Divorce, celle du vendredi débute avec Hex Girlfriend, un duo basse/batterie tout droit venu du Royaume-Uni qui nous offre une prestation à la fois prometteuse et brouillonne. Leur énergie débordante flirte parfois avec l'excès, notamment dans des postures théâtrales (visages grimés et danses syncopées). Musicalement, leurs influences éclatent dans un cocktail détonant : des coups de boutoir dignes de Rage Against The Machine, une basse ronflante à la Flea, une touche d'Alan Vega, et des accents rappelant The Rapture. Si leur fougue est indéniable, on espère qu'ils parviendront à canaliser leur créativité pour révéler tout leur potentiel. Nous serons certainement amenés à les recroiser bientôt, un peu comme notre ex d'ailleurs.


Acte 2 : bby – Come back !
Direction La Mécanique Ondulatoire pour découvrir bby, jeune groupe britannique que nous avons découvert cet été à l'occasion de la sortie de leur premier album porté par les singles ravageurs Kinky et Hotline. Ils transforment leur pop-rock indie inégale et encore un peu verte sur disques en une arme redoutable sur scène. La salle comble témoigne de leur ascension rapide, tandis que le public, nombreux à connaître les paroles par cœur, ne cache pas son enthousiasme. Un set joyeux, direct et résolument efficace.

Acte 3 : Chanel Beads – vite fait, très bien fait
Nous avons quitté prématurément bby pour glaner quelques miettes du concert de Chanel Beads, sensation new-yorkaise alliant post-punk, pop et électronique avec une audace admirable. Les trois morceaux entendus nous ont donné un bon aperçu de leur créativité hors normes. Plus qu'une promesse, Chanel Beads s'imposent déjà comme des acteurs incontournables d'une scène musicale alternative et expérimentale en constante redéfinition.

Acte 4 : Fcukers – le bonbon de la soirée
Vingt-deux heures, un vendredi soir, voici venue l'heure de danser. Nous filons dans un Badaboum plein à craquer sans pour une fois avoir à nous soucier du physionomiste à l'entrée. Les lumières s'éteignent, Révolution 909 de Daft Punk résonne à fond et le public hurle de joie quand les deux Fcukers, soit la chanteuse Shanny Wise (ex-The Shacks) et le producteur Jackson Walker Lewis (basse en main et machines à portée) font leur entrée sur scène. Entouré d'une hype grandissante, le groupe s'est imposé comme la bande son préférée des cool kids squattant les skateparks autant que celle des podiums de la Fashion Week. Pour preuve, on pouvait croiser dans le public de leur dernier concert new-yorkais des têtes telles que Beck, Julian Casablancas ou Yves Tumor. Il faut avouer que leur musique se déguste comme un petit Bon Bon (titre de leur « breakthrough single ») prenant la forme d'un jubilatoire fourre-tout sonore (house, pop, rock, big beat, trip-hop...) aussi addictif que les Dragibus, coloré que les Skittles et pétillant que les Frizzi-pazzi. Le public danse, hurle, boit, rit, drague, bref il chavire et Fcukers arborent sur scène un large sourire aux lèvres avec cette petite pointe d'ironie et d'autosatisfaction qui semble vouloir nous dire « Vous avez vu comme nous sommes cool as fcuk ? ».


Acte 5 : Ebbb – parce qu'il fallait bien trouver un nom de groupe
Depuis hier, nous n'avions pas encore passé la tête au POPUP!. C'est désormais chose faite pour une double affiche avec l'électronique à fleur de peau d'Ebbb et la drum and pop de Charlotte Plank. All At Once, le premier EP d'Ebbb sorti cette année sur Ninja Tune, le petit label qui monte, nous avait séduit par son audacieux concept visant à superposer mélodies pop et folk chantées par la cristalline et délicate voix de tête de Will Rowland, nappe électroniques ambient et rythmiques techno mais le résultat un peu fade nous avez paru bien trop sage. Sur scène, c'est une toute autre histoire qu'Ebbb nous content. Les beats live, martelés par le batteur Scott Macdonald, insufflent une puissance et une organicité qui transforment leur musique, lui donnent du relief et parviennent enfin à nous capturer. Entre pop éthérée et rythmiques gabber intenses, le groupe y dévoile une énergie captivante qui ne demande qu'à exploser sur album.

Acte 6 : Charlotte Plank – Pizza à l'ananas
Membre du collectif Loud LDN regroupant « les filles qui font du bruit à Londres » (lui-même inspiré par Nine8, le collectif de Lava La Rue et Biig Piig), Charlotte Plank est devenue entre la date de sa programmation et celui du festival un qui compte sur la scène dance UK grâce aux succès des singles Rave Out, Green & Gold et Dancing Is Healing. On pourrait la comparer à Nia Archives car, comme elle, elle mélange drum and bass ou jungle et pop légère ou encore à Charli XCX et son souci de faire cohabiter musiques mainstream et underground. Néanmoins, cela serait à la fois réducteur tant elle creuse son propre chemin sans chercher à copier ces deux modèles et trop élogieux car ses chansons restent très loin du niveau de Silence Is Loud ou Brat. Avec son look tout droit sorti d'un reality show (qui pourrait s'appeler les Anglaises à Ibiza pour vous donner une idée) et ses titres alternant dance pop mainstream écœurante et drum and bass percutante, nous n'arrivons pas à savoir si ce qu'on est en train de voir est « débile ou génial». Nous n'aurons d'ailleurs pas la réponse mais bien plus important que bon ou mauvais, ce que propose l'anglaise est assez unique, comme les sont la Tour Eiffel ou la pizza à l'ananas.

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je me ferais bien une troisième soirée Avant-Garde. Vous êtes chauds ? [Hurlez « Oui ! » mais pas à haute voix, on risquerait de vous prendre encore une fois pour un dingue]. Alors bonne nuit et à demain les loulous !
artistes
    bby
    Bug Eyed
    Chanel Beads
    Charlotte Plank
    Ebbb
    Fcuckers
    Hex Girlfriend
    Infinity Song
    Jasmine.4.t
    La Lom
    Loren Kramar
    Love Remain
    MAY
    Pom Pom Squad
    Rocket
    Sarah Julia
    Ulrika's Bedroom
    YHWH Nailgun
photos du festival