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Addictive TV

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 16 novembre 2017

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Le duo composé de Graham Daniels et Mark Vidler, connu pour ses expérimentations musicales et visuelles, revient avec un projet extrêmement ambitieux : Orchestra Of Samples. Un disque pour lequel ils ont enregistré des musiciens aux quatre coins du globe. Après une performance le week-end dernier au Musée du Quai Branly à Paris, on pourra les revoir à Paris dès ce vendredi à la Ferronnerie.

Je suppose que l'enregistrement de Orchestra Of Samples vous a pris un sacré bout de temps ?

Oui. Cela a pris des années. On a débuté l'enregistrement en 2010 en Bretagne avec des joueurs de biniou. Ce sont les premiers enregistrements que l'on ait fait pour ce disque. L'album est sorti cette année. Il nous aura donc fallu sept ans pour arriver au bout du projet. Et encore, ce n'est pas fini. Le disque est sorti mais ce travail est un work in progress. Nous continuons d'enregistrer des musiciens partout où nous allons dans le monde.

Vous avez enregistré des musiciens en Afrique, Asie ou Amérique Latine. Comment avez-vous procédé ?

Chaque fois que l'on jouait à un endroit, que l'on donnait un concert ou que l'on était programmé dans un festival, on en profitait pour enregistrer des musiciens locaux. Ce pouvaient être des musiciens que nous connaissions déjà ou des amis d'amis, et parfois des musiciens que nous ne connaissions pas. Dans les festivals où nous jouions, nous demandions aux organisateurs quels étaient les musiciens intéressants du coin et nous allions à leur rencontre pour les enregistrer.

On est branchés aussi bien musique africaine que heavy metal, rap, électro ou rythmes latinos.

J'imagine, par rapport à un tel projet, que vous êtes très éclectiques quant à vos goûts musicaux ?

Tout à fait. On écoute vraiment de tout. On est branchés aussi bien musique africaine que heavy metal, rap, électro ou rythmes latinos.

Vous avez sorti l'album via !K7 Records qui est un label électro. Le projet est pourtant plutôt orienté world...

Déjà, il y a un côté électronique sur l'album mais en plus !K7 Records n'est pas qu'un label électro, même s'ils sont surtout connus pour cela. Ils ont un département world très fourni. C'est un excellent label et très varié quant à leurs signatures musicales.

Jouez-vous différemment l'album si vous êtes programmés dans un lieu « normal » ou si vous l'êtes dans un musée ?

Non, nous le jouons exactement de la même façon. Et c'est d'ailleurs cela qui nous intéresse. Qu'il n'y ait pas de barrière entre le musée jugé plus institutionnel et une salle rock. Nous voulons justement décloisonner les choses. Les musées nous laissent carte blanche ce qui est positif.

Au cours de votre carrière, vous avez fait des tonnes de choses aussi bien comme musiciens que vidéastes. On sent que l'aspect visuel est aussi important pour vous que ne l'est la partie musicale...

Tout à fait. Il n'y a pas de barrière pour nous entre les deux. Lorsque nous jouons Orchestra Of samples live, les images importent tout autant que la musique. Nous actionnons le système visuel en même temps que nous programmons la musique que nous jouons live.

Vous avez travaillé sur les Jeux Olympiques de Pékin. C'était une commande du gouvernement chinois ?

Non (rires). Nous n'avons jamais travaillé pour le gouvernement chinois. En revanche, nous avons joué plusieurs fois en Chine à diverses occasions, que ce soit au Musée d'Art Moderne de Shanghai ou pour un événement Adidas où nous étions le seul groupe anglais convié. Pour les Jeux Olympiques de Pékin, c'était une commande d'une chaîne de télévision autrichienne. Nous faisions live un habillage musical sur les retransmissions des épreuves sportives. C'était passionnant. C'est dommage car aujourd'hui les chaînes ont tendance à moins prendre de risques.

Nous avons réalisé pour eux des trailers alternatifs à leurs trailers plus classiques.

Et vos habillages musicaux de films ?

C'étaient des commandes de la Warner ou de Paramount pour des films comme Slumdog Millionnaire ou Iron Man. Nous avons réalisé pour eux des trailers alternatifs à leurs trailers plus classiques. A l'époque, c'était intéressant car personne ne faisait cela. Aujourd'hui, cela nous intéresse moins car c'est devenu plus commun. Tout le monde le fait désormais.

Mark, que faisais-tu avant de rejoindre Addictive TV ?

J'ai été au début des années 90 guitariste d'un groupe shoegaze qui s'appelait Chicane. Nous avons sorti une poignée de singles mais j'ai très vite senti que ce n'était pas être dans un groupe qui m'intéressait dans le monde de la musique. J'ai ensuite créé nombre de mashups dont les plus connus sont celui où je mixe Riders Of The Storm des Doors avec Blondie ou Rebel Never Gets Old que David Bowie m'avait commandé et qui est même entré dans les charts britanniques à la 46eme place.

Vous avez été élus à deux reprises comme meilleurs VJs par DJ Mag. C'est une satisfaction ?

Cela fait toujours plaisir d'être reconnus par sa profession. Bien sûr que cela nous a touchés surtout que nous avons toujours été dans les trois premiers chaque année où ils ont réalisé ce classement. Ils ne le font plus désormais...

C'est aussi une satisfaction que Grandmaster Flash ait dit de vous que vous êtes le « next level of shit » ?

Il voulait peut-être dire que nous étions de la merde (rires). Non, évidemment que cela fait plaisir. C'est un super compliment de la part d'un artiste important dans l'histoire de la musique.