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Saint Agnes

Interview publiée par Adonis Didier le 8 octobre 2023

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C'est entre la sortie de leur nouvel album Bloodsuckers en juillet et une tournée prévue pour début d'année 2024, que l'on retrouve les trois membres de Saint Agnes (Kitty A. Austen au chant, Jon James Tufnell à la guitare, et Andy Head à la batterie) au Dr Feelgood Rocket, bar rock-métal de la capitale, pour une session acoustique signée MetalXS, et surtout une interview qui sera l'occasion de revenir sur l'évolution musicale marquée d'un groupe passé en quelques années d'un blues-punk abrasif à un métal-punk tendance indus des plus efficaces et intenses.

Je suis vraiment désolé, mais je suis obligé de commencer cette interview en vous montrant une photo de vous, elle date de quelque chose comme 2015...

: Oh mon dieu !
Jon : Une époque très différente. Franchement c'était le tout début du groupe, cette photo !

Que s'est-il passé depuis cette photo ? Vous êtes vraiment très différents maintenant, visuellement et musicalement parlant !

Jon : Oui, c'est vrai qu'on a changé ! A ce moment-là on avait encore jamais joué live en tant que groupe. Kitty et moi on s'est rencontrés à travers d'autres groupes dans lesquels on jouait, chacun de notre côté, et on savait qu'on voulait faire un truc qui nous semblait excitant, mais on ne savait pas vraiment ce que ça allait être. Plutôt que trop réfléchir on a juste lancé le groupe, commencé avec quelque chose, et quand tu te lances dans quelque chose, tu peux toujours corriger la trajectoire ensuite, et c'est généralement ce que tu fais ! Donc on a commencé comme ça, et puis le batteur que tu vois là, sur la photo, il s'est blessé, Andy (ndlr : Andy Head, batteur actuel de Saint Agnes) l'a remplacé, et il n'est jamais reparti ! Et une fois qu'Andy nous a rejoints, qu'on a commencé à tourner plus, on a réalisé qu'on voulait être un groupe qui pouvait communier avec le public d'une manière très puissante et directe, émotionnellement et aussi physiquement, et juste après ça est arrivé le deuxième EP.
Kitty : On a écrit notre premier album, Welcome To Silvertown, qui est un truc blues-punk-garage, assez loin de ce qu'on fait maintenant, et on est partis en tournée pour jouer ces chansons, mais on les jouait de manière super agressive, très métal, et on s'éclatait parce que la foule était autant à fond. Mais les chansons ne faisaient pas tout à fait ce dont on avait besoin pour rendre la foule aussi folle, aussi excitée, et c'est comme ça qu'on a commencé à modifier la musique, à écrire des chansons pensées pour le live, en se disant "wow ce riff va être une dinguerie", etc...
Jon : Je trouve qu'il y a une vraie progression logique depuis notre deuxième sortie, l'EP The Family Strange, jusqu'à qui on est maintenant, c'est beaucoup plus évident, mais notre premier changement c'était... On commençait, on était partis de rien, d'une feuille blanche, qui est devenue quelque chose de véritablement authentique, et qui était vraiment ce que l'on était et qui on voulait être à ce moment-là. Et ensuite on a changé, vraiment très vite, on a appris. Des fois, ça peut prendre vingt ans pour apprendre et de changer, et parfois ça arrive sur un laps de temps super court, comme une révélation.

Oui, parce que je vous ai découverts en plein confinement avec Welcome To Silvertown, j'ai adoré l'aspect blues énervé qu'il y avait dedans, et la première chose que j'ai pensé en entendant vos dernières sorties c'était « wow, mais qu'est-ce qui s'est passé là !? »...

Andy : Eh bien, l'EP Vampire, celui-là a été entièrement écrit pendant le confinement, ce furent des mois étranges, on ne pouvait pas faire de concerts, on ne pouvait pas se voir, même pas jammer ou quoi que ce soit. Avec une épreuve pareille, il y avait forcément des choses qui allaient changer.

En parlant de l'EP Vampire, vous ouvrez et vous fermez ce nouvel album Bloodsuckers sur ce même thème du vampire. C'est un thème qui est arrivé à peu près en même temps que votre évolution musicale, donc c'est ça, vous avez vraiment été mordus, et les vampires font du métal-punk indus ?

Kitty : Oui, on avoue tout, on est des vampires ! (rires)
Jon : Les vampires sont une métaphore pour ce qui est éternel, c'est quelque chose qui a un sens très profond, et pour moi quand on fait de la musique, on explore des émotions et des sentiments qui sont toujours extrêmes, et les vampires sont une métaphore extrême. Quand ils aiment, c'est éternel, quand ils vivent, c'est éternel, et le reste du temps ils tuent ou se font tuer, on est toujours dans les extrêmes. Et je pense que c'est important pour nous, quelle que soit l'émotion que l'on ressent, de l'étendre au maximum dans le résultat de notre travail. L'imagerie vampirique et tout ce qui s'y rattache nous aide à faire ça. Forever And Ever, la dernière chanson de l'album, parle d'amour vampirique éternel, et Bloodsuckers, elle, tourne autour de tous ces gens qui pompent ton énergie, ton pouvoir, qui te sucent le sang, ce sont eux les vampires, pas nous ! Ce sont eux les vampires, et ces chansons disent à quel point on déteste ces gens, et toute la merde qu'ils génèrent un peu partout.

Le sentiment général sur cet album, je trouve que c'est la colère, une colère qui vient pour envoyer chier tous ceux qui voudraient vous marcher dessus. C'est dirigé contre quelqu'un en particulier ?

Kitty : Oui, clairement, je pense qu'on a tous des gens à qui on pense, ces gens qui essayent de t'écraser, de te rabaisser constamment, et pour moi c'est pour ça que c'est un album qui parle énormément aux gens, parce qu'on a tous à un moment donné croié ce genre de personnes dans nos vies. Aussi, depuis toujours notre musique parle de devenir plus fort, plus grand, j'aime beaucoup la force du nombre et le sentiment d'appartenance, appartenir à un « gang ». Depuis le premier jour, notre musique a toujours tourné autour de ce sentiment (ndlr : le premier EP nommé Death Or Glory Gang).
Jon : Oui, absolument, et dans une chanson comme Animal, quand on l'écrivait Kitty et moi, Kitty voulait vraiment que ça parle de son expérience de femme dans la musique, du fait que si tu t'habilles d'une certaine manière, on te dit que tu aurais dû t'habiller autrement, ou si tu chantes de manière douce alors on te dit « Oh je ne pensais pas que t'étais une femme douce, je pensais que tu faisais que des trucs énervés ».
Kitty : Oui, c'est juste la critique constante des femmes et de leurs actions, et même pas que dans la musique, comme si tout ce que tu faisais était mal, genre « ah tu fais ça, mais tu le fais pas de la bonne manière, bla bla bla ». Animal c'est un gros fuck you à tous ces discours !
Jon : Oui, si tu penses que je suis putain de folle, je vais te donner du putain de folle ! C'est pour ça, quand on a enregistré, Kitty nous a dit « Quand on filmera le vidéo clip, je veux porter une robe de mariée, le symbole ultime d'un genre de soumission patriarcale, et partir complètement en vrille ! ».

J'ai lu que vous écriviez tous les deux ensemble. Vous pensez que c'est plus facile ou pas de tout écrire à deux ?

Kitty : Au début, c'était vraiment difficile, mais maintenant ça fait des années qu'on écrit ensemble, et on a une vraie synergie d'écriture. On a un peu notre propre langage, je peux par exemple dire ça devrait sonner plus... janky. C'est un mot que j'utilise, et même si ce n'est pas un vrai mot, Jon comprend ce que je veux dire, et ça rend les choses très faciles !
Jon : Oui, on a vraiment un process maintenant. J'ai un millier d'idées tous les jours, Kitty a une vision, et entre ces deux choses, elle peut choisir lesquelles de mes idées sont les bonnes, et ensuite elle va avoir des paroles qui lui seront venues de cette idée, et ça part comme ça !
Kitty : Franchement, bonne chance pour traduire janky en français ! (rires)

Je vais l'écrire comme ça, les gens comprendront ! Et tant qu'on parle d'écriture, il y a une chanson de l'album qui ne s'énerve jamais, c'est celle que vous venez de jouer en session acoustique, This Is Not The End, à propos du décès de ta mère. Est-ce que c'était la chanson la plus dure ou la plus facile à écrire pour vous ?

Kitty : Hum, c'est intéressant. Je dirais que c'était la plus dure à chanter, mais l'écriture s'est déroulée très rapidement, c'est venu très vite, et c'était la dernière chanson qu'on ait faite pour l'album. Ça parle directement de ma peine, de mon deuil, de ma relation avec ma mère, c'est très explicite, et je voulais qu'il y ait une chanson dans l'album qui en parle. Mais ça a été très dur de faire face à ça. Donc, une semaine avant qu'on doive boucler l'album, je me suis dis « Vas-y putain, c'est maintenant ou jamais », et on l'a écrite super vite, d'autant plus qu'enregistrer le chant a été tellement dur... J'ai fait une seule prise, c'est celle qui est sur le disque, et même maintenant, je trouve ça dur de la jouer, de la chanter, ça me rend extrêmement triste à chaque fois.
Jon : Je pense que si on avait pas enregistré le reste du disque avant ça, on aurait pas pu faire celle-là. Kitty avait beaucoup d'émotions à ventiler dans les autres chansons, pour en arriver à This Is Not The End. On n'aurait pas pu écrire cette chanson au début du process, c'était important que ça vienne à la fin, une fois qu'on avait évacué une partie de la rage et de la colère, pour pouvoir se concentrer sur ce sentiment en particulier. Et en tant que collègue artiste, c'est toujours un privilège de travailler avec quelqu'un qui est prêt à embrasser des choses très douloureuses pour créer quelque chose d'autant plus beau.

Je comprends. Une fois j'ai vécu une rupture, et le soir je suis rentré, j'ai écrit une chanson en une heure, je l'ai criée dans un dictaphone, et je n'ai plus jamais joué cette chanson ensuite !

Jon : C'est ça, et il y aura toujours de quelque chose de spécial à propos de ce simple enregistrement, parce que le moment était pur, et de l'enregistrer maintenant, ce ne serait plus aussi bon, parce qu'il y a des moments et des états qui ne reviennent pas.

Pour rester sur ce nouvel album, vous êtes passés de votre propre label, Death Or Glory Gang, à la major orientée métal qu'est Spinefarm Records. Pourquoi ce choix ?

Jon : C'est une histoire de confiance. L'A&R principal de Spinefarm Records (ndlr : A&R signifie Artistes et Répertoire, c'est la personne/division du label responsable de la découverte et du suivi des artistes) est un gars qui s'appelle Dante Bonutto, et si tu regardes les remerciements sur les albums de Metallica ou de Ghost, il est dans tous ces trucs, il connaît tout le monde, c'est un homme avec une expérience incroyable ! On est amis avec lui depuis huit ans, depuis les tout débuts du groupe il vient aux concerts, il nous encourage, donc c'est naturellement devenu un ami. On prenait des verres ensemble, on parlait musique et d'autres trucs, c'est quelqu'un à qui on fait confiance, comme personne, comme ami, et donc quand il nous a demandé « pour votre prochain disque, est-ce que vous accepteriez de travailler avec nous ? », on a répondu « on va y penser, mais on veut garder un contrôle total ». Et il a dit « OK, vous êtes Saint Agnes, vous connaissez votre groupe mieux que quiconque, je vais pas vous dire quoi faire, allez-y, faites l'album que voulez faire, que vous avez besoin de faire, et on le sortira, et on fera de notre mieux pour le pousser en avant ». Donc de notre point de vue, c'est resté exactement comme ce qu'on faisait en étant indépendants, mais avec maintenant quelqu'un pour faire tout le travail qui nous éloignait de notre créativité. Tu vois, être sur l'ordinateur, remplir de la paperasse, si quelqu'un d'autre peut faire ça, tant mieux !

Donc vous avez encore une fois tout enregistré et mixé vous-mêmes. Comment vous est venue cette habitude ?

Jon : C'est comme ça qu'on a toujours tout procédé.
Kitty : On trouve ça dur de laisser quelqu'un entrer dans notre travail, parce qu'on a une vision tellement claire du résultat final, et c'est très important pour nous. La satisfaction vient du fait de retrouver exactement ce qu'il y a dans notre esprit. Et dès que quelqu'un d'autre est impliqué, on se désintéresse un peu du résultat final, parce que ce n'est plus autant nous. C'est pour ça qu'on a toujours été très indépendant dans l'écriture, l'enregistrement, et la production.
Jon : Il y a une seule exception à cette règle. Comme Kitty avait perdu sa mère, et qu'on était tous, nous et nos amis, dans un état émotionnel assez chargé, c'était très dur de faire quoi que ce soit, mais on voulait faire cet album, on avait les chansons qui étaient écrites, seulement on ne savait pas par où commencer avec la réalisation de l'album, l'enregistrement et tout. Donc on a décidé de demander de l'aide pour une chanson, et c'était à Sean Bevin. C'était l'ingé son de l'EP Broken et de l'album The Downward Spiral de Nine Inch Nails, il a été impliqué dans des albums incroyables, c'est un vrai héros du son, de la production, quelqu'un qui repousse les limites. Donc on lui a écrit qu'on avait un album à venir, qu'on aimerait beaucoup qu'il y participe, et il a répondu qu'il était super excité. A partir de là, on a décidé que Follow You serait la chanson parfaite pour commencer. On lui a envoyé une démo, un enregistrement brut, et il a dit « j'adore ce que vous avez capturé là-dessus, j'adore ce que vous faites, et gardez en tête que c'est pas parce que vous sortez un album pour une major que vous devez vous brider, vous lisser ou autre. Soyez aussi sombres, aussi violents, aussi énervés que vous voulez l'être ». Il nous a vraiment donné confiance, et il nous a aussi fait un genre de carte sonique de comment approcher chaque chanson, donc une fois la première chanson terminée, on pouvait faire le reste de l'album nous-mêmes, en sachant qu'on avait quelqu'un qu'on respecte beaucoup qui nous a aidés là-dessus, qui nous a mis les idées à l'endroit, qui nous a tranquillisés à un moment très chaotique de nos vies.

Et qu'avez-vous appris de Sean Bevin ? Ça a changé des choses dans votre approche musicale pour la suite ?

Kitty : Oui, il nous a dit que l'important c'était de capturer l'émotion brute, et pour ça de ne pas être trop propret, « Vas-y tiens ton micro comme si t'étais en concert, utilise ton micro de live », ce que j'ai fait, j'ai utilisé mon micro de concert, et c'était juste incroyable ! Il nous a dit de ne pas trop nous en faire pour la qualité du son, que ça avait pas besoin d'être le son le plus fort du monde, ou le truc le plus fou jamais vu. Non, ce qui est important, ce sont les émotions, et je pense qu'on a plutôt bien réussi là-dessus. On est fiers de ça.
Jon : Tout est une question de capture l'humanité et l'émotion, il nous a vraiment poussés là-dedans. Les modes, les tendances, ça va ça vient, mais ce qui ne peut jamais être dépassé c'est une connexion émotionnelle franche entre l'artiste et le public. Donc il nous a juste dit « tout ce qui vous permet de transmettre ça, faites-le. Pour certains c'est un casque, ou un micro à dix mille balles et un studio flambant neuf, pour Trent Reznor avec Nine Inch Nails, et pour Kitty, juste un micro live. Tu enregistres où tu le sens, et tu pètes un câble ! ». C'est pour ça qu'à la fin de Animal tu peux entendre le micro s'éclater contre le mur, avec Kitty qui est là « Motherfucking animal ! Blam ! », et ensuite elle s'est couchée sur le sol, en pleurs, et je sentais un véritable chaos dans le studio. Ça a été ça pour tout le chant, pareil sur Middlefinger, le chaos total, vraiment brutal, un enregistrement complètement fou. D'ailleurs aucun souvenir n'est très clair dans ma tête.
Kitty : C'est un genre de grand flou. On dit à propos d'un très grand chagrin qu'on se souvient souvent mal des premiers jours, et vraiment tout cet enregistrement c'est extrêmement flou dans mon esprit, tellement tout a été intense.

Ce n'est pas trop dur de remettre ça tous les soirs en concert ? Vous êtes partis en tournée avec Monster Magnet, là vous avez des dates avec Skindred qui arrivent, et votre propre tournée début d'année prochaine. Comment vous gérez de jouer ces chansons en live ?

Kitty : Jouer live, c'est mon truc préféré. Ma raison de vivre c'est de faire des concerts, et d'avoir cette connexion avec le public, j'adore ça. Mais, clairement, c'est dur, et c'est beaucoup plus dur avec cet album qu'avec tout ce qu'on a fait avant, parce que c'est tellement brut et réel. C'est hyper épuisant. La tournée avec Monster Magnet, c'était la première fois qu'on jouait les chansons de l'album, c'est émotionnellement épuisant, ça te vide, et en sortant de scène j'étais rincée tous les soirs !
Andy : Oui, c'est comme des haies, d'abord surpasser la première en jouant et en chantant l'album pour l'enregistrement, et puis une nouvelle épreuve, différente, de le jouer en live. En mode « Wouah on doit refaire ce truc de fou, et en plus devant des gens ? ». Mais le public connecte vraiment avec l'honnêteté dont Kitty fait preuve sur scène, et même sans avoir déjà entendu les chansons, parce que l'album n'était pas encore sorti à ce moment-là, la communion était déjà incroyable à voir.
Kitty : On n'avait jamais eu cette réaction avant, cette réponse émotionnelle de la part du public. Des fois on sortait de scène et les gens nous disaient « Oh cette chanson-là, au milieu, ce qui vous est arrivé, c'est si triste », et tout ça sans connaître le contexte de la chanson ou quoi. Oui, comme tu dis, c'était tellement cool...

Et donc cette tournée à venir, c'est une grosse tournée européenne ou vous vous concentrez sur le Royaume-Uni pour le moment ?

Jon : En fait, on a dû décaler notre tournée au Royaume-Uni à cause des dates avec Skindred, mais c'était un mal pour un bien parce qu'on n'était pas trop contents du nombre de dates que comptait la tournée, et on voulait que ce soit un gros truc en Europe. Donc notre agent est en train de planifier une tournée plus longue vers février-mars, Royaume-Uni et Europe. On n'a pas encore les dates exactes, mais ça va arriver, et avant ça on aura les dates en Angleterre avec Skindred, pour donner le meilleur de nous-mêmes.

Pour cette tournée, comme votre label est finlandais, que le métal est assez populaire dans les pays scandinaves, en Allemagne ou en France, est-ce que vous ciblez des pays en particulier ?

Andy : C'est vrai qu'une grosse partie des dates de Monster Magnet étaient en Allemagne, et on a eu un très bon accueil là-bas. Par contre on a assez peu, voire pas du tout, joué en Scandinavie je crois.
Jon : Je pense que c'est un niveau de pensées très business dans lequel on ne se lance pas. Nous, on joue partout, n'importe quel genre de spectacle. S'il y a des gens qui veulent venir et nous voir, on jouera. On a joué en Italie une fois, c'était juste un groupe de jeunes qui avaient tous mis de l'argent pour faire venir un groupe pour jouer dans leur jardin, et nous on a répondu « OK, vas-y on y va ! ». Donc peut-être que le label a des cibles particulières, mais personnellement, on n'imagine pas que des gens n'auront jamais la chance de nous voir parce qu'ils habitent dans le mauvais pays. C'est un truc qui me semble ridicule, donc même s'il y a que quelques personnes motivées dans la salle, on essayera de faire en sorte que ça arrive.

Et si on parle de personnes, de passer de la scène rock à la sphère métal, vous trouvez que votre environnement est différent, que ce soit votre entourage, le public ?

Andy : Eh bien, on a une fanbase assez loyale, qui a l'air de nous suivre quelque soit le genre de musique.
Kitty : Oui, ils ont l'air d'aimer Saint Agnes plutôt qu'un genre, ce qui est incroyable. Donc quoi qu'on décide de faire, les gens montent dans le wagon, et c'est cool !
Jon : Et puis, ce n'est pas parce qu'on est passé de ce qu'on était à l'époque à un groupe de métal maintenant qu'on va rester un groupe de métal pour toujours. C'était juste la meilleure manière d'exprimer nos chansons à ce moment-là. Le prochain disque peut être n'importe quoi, ce peut-être à moitié acoustique si ça se trouve !
Kitty : Qui sait !? (rires)
Jon : Je ne crois pas vraiment aux genres. Plein de groupes sont en mode « on joue du pop-punk, il y a plein de groupes de pop-punk, et on fait des concerts avec des groupes de pop-punk », pareil pour le death metal, un peu tous les genres, et ce sont des scènes dont on se sent séparés. On est toujours des outsiders, et on continuera à écrire la musique qu'on veut écrire, pour exprimer ce qu'on ressent, ce qu'on traverse. Quelle que soit la forme que ça prend, ce sera la bonne pour nous, et ça même si ça veut dire que notre public se dit « oh merde, encore un nouveau truc ! ». Mais, pour moi, il y aura toujours un héritage, une lignée Saint Agnes dans nos chansons, un truc que les gens qui nous suivent vraiment verront et comprendront.

Même signés sur une major, vous êtes toujours des outsiders, vraiment ?

Kitty : Les personnes du label, ils ont leur truc, ils sont un peu bizarres aussi !
Jon : Oui, ce sont aussi des outsiders. Et même quand ils ne savent pas trop comment décrire ce qu'on fait, ils savent qu'on sait ce qu'on fait, ils croient en ça. Notre but c'est juste de faire de l'art, il n'y a pas de plan de jeu pour sortir un single qui va se vendre par millions. C'est un autre délire, ça c'est des gens qui font de la musique pour de mauvaises raisons, et ce n'est pas pour nous. Nous, on est juste là pour faire des trucs dont on aime le son, quoi que ça doive être. Ça peut être du métal, ou alors le prochain album sera mi-acoustique mi-death metal, on n'en sait rien !

Dernière question pour la déconne : vous avez sorti votre album en plein mois de juillet, vous vouliez que les gens l'écoutent à la plage ?

Jon : Là, c'était une question de timing hors de notre contrôle !
Andy : Mais si vous voulez écouter ça à la plage, allez-y et pétez des châteaux de sable au passage ! (rires)
Jon : En vrai, certaines des musiques les plus violentes viennent de climats affreusement chauds, comme Sepultura au Brésil. Tout ce qui est Pantera, Down, Crowbar, c'est le sud des Etats-Unis, le stoner dans le désert, aussi une grosse part du death metal vient de Floride (ndlr : Death, Morbid Angel, Obituary, Atheist...). Tu peux complètement t'enrager en pleine canicule, il suffit de regarder le Hellfest !