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Travis

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 12 juillet 2024

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Plus de trente ans après leurs débuts, Travis continuent de sortir merveille sur merveille. Quatre ans après l’excellent 10 Songs nous arrive le très bon L.A. Times. Entretien avec Fran Healy et Andy Dunlop, musiciens surdoués et personnes charmantes.

J'ai trouvé votre nouvel album dans la lignée de 10 Songs tout en étant aussi différent. Quelle était votre intention pour ce disque ?

Fran : C'est quelque chose auquel je ne pense jamais. Les choses arrivent comme elles arrivent. J'ai des centaines d'idées puis quelques mois plus tard je me rends compte qu'une dizaine d'entre elles seront bonnes. Après quatre ans de songwriting j'ai assez de matériel pour faire un bon album. Pour ce disque nous avons enregistré des démos puis avons choisi un producteur : nous n'avions plus opéré ainsi depuis 1997. Cet album est important pour nous car nous avons viré notre manager récemment. Il représente une nouvelle étape pour le groupe.

Vous faites de la musique depuis trente ans. J'ai l'impression qu'il est très simple pour vous d'écrire la pop song parfaite...

Fran : Nous avons travaillé avec de très bons producteurs comme Nigel Godrich. Nous avons beaucoup appris au fil du temps. Nous avons bossé avec Andy Macdonald qui a signé des artistes comme Billy Bragg, The Housemartins, The La's... Les artistes sont des gens fragiles et ce mec nous a permis d'avoir confiance en nous. Cette confiance nous a aidés.

Fran, tu vis à Los Angeles. Le titre de l'album signifie-t-il que ce disque est un concept-album sur l'Amérique ?

Fran : Non, pas du tout. L.A. Times est un titre qui a été fait en cinq minutes. C'est sorti comme ça. Cette expression sonne bien, je trouve. A Glasgow, un vendeur de journaux dans les années 90, lorsqu'il vendait le Financial Times, hurlait le soir « Final Times ». Ca m'est revenu et j'ai trouvé le titre comme ça.

Fran, il t'est arrivé des trucs pas très cools à Los Angeles dernièrement, notamment un car-jacking...

Fran : L.A. est un vrai chaos. Imagine Paris ou New-York sans métro, ça ne marcherait pas. L.A. est une ville zombie. Il y a un squelette mais pas de sang...
Andy : Les gens des différentes classes sociales ne se croisent jamais là-bas. Les pauvres vivent dans les quartiers pauvres, les riches dans les quartiers riches et ces gens ne se connaîtront jamais. Ce que j'ai vu à Los Angeles je l'ai vu à Liverpool, où je vis, quelques mois plus tard. Ce qui se passe là-bas se répand ensuite partout dans le monde.
Fran : C'est la ville des réseaux sociaux. Et ça, c'est la fin du monde. Cela m'a fait du bien d'écrire ce titre car cela m'a permis d'évacuer la frustration que j'ai vis-à-vis de cette ville. Los Angeles est belle et tragique à la fois.

Le morceau Naked In New-York City me fait penser à Bob Dylan...

Andy : C'est vrai.
Fran : C'est un morceau que j'avais écrit en 1997 à New-York. Le titre aura mis vingt-sept ans avant de sortir. J'avais la base du titre mais ça n'allait jamais plus loin. Là j'ai enfin réussi à aller au bout. Nous l'avons enregistré live en une prise.

Travis a un line-up très stable depuis très longtemps. J'imagine que cela aide à la cohésion du groupe ?

Andy : Oui, nous nous faisons confiance. Nous nous connaissons hyper bien les uns les autres. Nous sommes comme des frères, comme une famille.
Fran : Nous parlions de ça avec les mecs des Strokes. Du fait de continuer à s'amuser avec les autres membres de ton groupe. J'ai vu les Stones à Berlin il y a quelques années de cela et j'avais l'impression de voir une famille. C'était très sympa d'assister à ça, de la part de gens qui font partie de ce qui est considéré comme le plus grand groupe rock du monde.

Travis est très connu et vous êtes toujours restés très humbles. Comme récemment lorsque vous avez ouvert pour The Killers...

Fran : « C'était trop cool de faire ça. Ce sont de très bons amis en plus. Cela ne nous gêne pas du tout de n'être qu'un groupe de première partie.

C'était comme un retour à l'époque où vous faisiez la première partie d'Oasis ?

Fran : C'était génial d'ouvrir pour Oasis. C'est un super souvenir. Ils étaient vraiment bons sur scène en plus.

Quand vous avez eu en 1999 un tube énorme avec Why Does It Always Rain On Me? et un album The Man Who qui a cartonné, comment avez-vous vécu cela ?

Fran : « Nous sommes allés le plus haut que nous pouvions aller. A cette époque notre batteur a failli mourir parce que nous tournions trop. Pour nous cela a été comme la fin d'un chapitre. J'admire les groupes comme U2 ou Coldplay qui arrivent à gérer un succès énorme. A cette époque ce qui a été important pour nous a été de sauver notre amitié plutôt que d'être le plus gros groupe au monde. Ce qui est cool c'est que vingt-cinq ans plus tard nous sommes toujours là. J'ai discuté avec Chris Martin de Coldplay de cette façon qu'il a de bien gérer le succès et du bonheur immense qu'il apporte aux gens.

Vous avez influencé Coldplay, c'est une fierté ?

Fran : C'est cool d'une certaine façon mais je n'y pense jamais. Tout le monde influence tout le monde dans la musique au final. Nous avons peut-être influencé Coldplay mais Coldplay nous influence aussi.

Vous commencez bientôt la tournée pour le nouvel album ?

Fran : La tournée européenne débutera fin août. Nous jouerons notamment à Paris le 1er Septembre.