Deux mois après leur prestation en première partie de Primal Scream à la Cigale, Little Barrie reviennent nous présenter en tête d'affiche à la Flèche d'Or leur dernier album,
King Of The Waves, bien que celui-ci ne soit toujours pas distribué officiellement en France. Bénéficiant depuis leur premier album
We Are Little Barrie en 2005 du soutien d'un groupe de fans restreint mais fidèle, les Little Barrie continuent leur petit bonhomme de chemin et apparaissent ce soir sur une affiche assez éclectique, accompagnés par Hold Your Horses, Caged Animals et NewVillagers.
Il serait facile de se laisser impressionner par
Hold Your Horses. Une configuration peu commune (une chanteuse-batteuse, accompagnée par deux guitares, des cordes, des cuivres), un capital de sympathie évident auprès du public, et une instrumentation agréable, à situer entre les Rumble Strips et les Long Blondes, mais l'on passe la demie-heure de leur set à attendre ''la'' chanson, ou ''le'' refrain. Malheureusement ils ne feront que répéter des gimmicks sans grand intérêt.
Après eux, se présentent sur la scène les New-Yorkais de
Caged Animals. Avant de commencer, ils nous invitent à prendre une grande inspiration collective, histoire de se détendre un peu. Pourtant, leur musique est tout sauf zen. Vitaminée et pleine d'humour, leur twee-pop donne le sourire, même sur les ballades telles
Teflon Heart. Le chanteur Vincente (qui officie également au sein de Soft Black) est un trublion plein d'énergie, et la claviériste française, Magali, qui porte d'ailleurs un t-shirt à l'effigie de Serge Gainsbourg, communiquent beaucoup avec le public dans une ambiance bon enfant. Sur le dernier morceau
Pink People, Vincente se jette dans le public tandis que Magali hurle un cri presque primal, laissant tout le monde le sourire aux lèvres.
Cela sera de courte durée, car les compatriotes de Caged Animals,
NewVillagers, se préparent à entrer en scène, en installant sur leur matériel des draps colorés en guise de décorations, faisant de la scène un ring de boxe en tissu. Le duo, armé uniquement d'un ordinateur et d'une guitare, délivre une pop expérimentale devant un public pour moitié pantois, et pour moitié dubitatif.
Enfin l'heure de la tête d'affiche arrive, et le matériel entièrement vintage de
Little Barrie est monté sur la scène. Ils attaquent avec leur nouveau single,
Surf Hell , et le public parisien ne se fait pas prier pour leur réserver un accueil chaleureux. Mais l'acoustique de la salle en a décidé autrement. Au moment de poursuivre sur le deuxième morceau, ils se voient dans l'obligation de s'arrêter pour effectuer quelques réglages. Puis c'est au tour de Barrie de se plaindre que sa guitare, que vient de lui donner son roadie, est mal accordée. Pour faire patienter, Lewis à la basse et Virgil à la batterie entament une petite improvisation jazzy. Après ce petit interlude, c'est reparti.
Sans doute conscients que leur performance à la Cigale en septembre, composée uniquement de nouvelles chansons non disponibles en France, n'avait suscité que des réactions mitigées, cette fois-ci Little Barrie ont décidé de mettre l'accent sur leurs chansons les plus anciennes, et c'est sur
Pin That Badge qu'ils enchaînent, suivi de
Why Don't You Do It. L’atmosphère est chaude, Barrie Cadogan a pris de l’assurance sur scène depuis qu’il tourne avec Primal Scream sur les grandes scènes d’Europe, assène ses riffs tranchants avec une dextérité et une autorité qui font plaisir à voir. Il joue même avec le public, prend des poses de showman, à mille lieux de son caractère naturel doux et réservé. Pendant ce temps, Virgil Howe, à la batterie (qui n’est autre que le fils de Steve Howe, guitariste de YES) maltraite ses fûts, tandis que Lewis Wharton pose ses lignes de basse fluides et sans esbroufe.
Un peu pressés par le temps (les affiches à plus de trois groupes sont toujours un peu délicates à gérer par rapport au couvre-feu), Little Barrie omettent de jouer certains nouveaux morceaux qu’ils avaient prévus sur leur setlist, pour en privilégier d’autres plus anciens, et l’on retrouve avec joie la mélopée de
Move On So Easy ainsi que
New Diamond Love et son refrain incantatoire.
Money In Paper, issu du dernier disque, ne suscite qu’un enthousiasme modéré, et arrivé à la fin du set, ils n’ont pas le temps de jouer
Pay To Join, mais nous offrent à la place une version à rallonge de
Love You, pendant laquelle Barrie essaye tant bien que mal de faire participer le public, s'offrant même une petite excursion dans la fosse au beau milieu d’un riff assassin. Puis ils quittent la scène en laissant les guitares en larsen, en conquérants.
Il ne reste plus qu’à espérer qu’ils trouveront bientôt un distributeur pour leur nouvel album en France, afin que nos compatriotes puissent eux aussi profiter de toutes les subtilités de leur répertoire.