Quelques heures avant le moment fatidique, un simple message reçu : « Concert complet ce soir » et on se dit intérieurement « Enfin ! ». En effet, Graham Coxon, même s’il est précédé d’une belle réputation, ne jouit pas de la notoriété de son comparse Damon Albarn et il aura fallu attendre les derniers moments précédant sa venue pour qu’il réussisse à remplir le Café de la Danse. Il vient ce soir défendre
A+E, son dernier album, probablement le plus abouti de sa discographie, et il devient alors difficile de tempérer son impatience à quelques heures de l’événement.
Une chaleur étouffante accompagne notre arrivée au Café de la Danse alors même que la salle n’est encore qu’à moitié remplie. Comme prévu, les fans de Blur de la première heure s’amassent aux premiers rangs, bien décidés à ne pas perdre une image d’une des icônes de la britpop 90s.
Première partie oblige, il faudra encore faire preuve d’un peu de patience. Ce soir, ce sont
Apes And Horses qui s’y collent. Déjà aperçus ces derniers mois en ouverture de WU LYF et Death Cab For Cutie, ils vérifient l’adage du « Jamais deux sans trois » et, pour la troisième fois consécutive, nous n’adhérerons à aucun moment à leur pop composite coincée entre Coldplay, U2 et ces mêmes WU LYF. Sans être mauvaises, leurs compositions manquent de caractère et, scéniquement, il ne se passe pas grand-chose. Ils seront tout de même remerciés par les spectateurs désormais nombreux.

Même si la foule est moins impressionnante que celle de Hyde Park il y a quelques semaines pour le concert de Blur à l’occasion de la clôture des Jeux Olympiques, qu’on ne s’y trompe pas, ce soir, ce sont des passionnés du jeu de guitare noisy de
Graham Coxon qui sont venus au rendez-vous.
Premier titre avec
Advice et une mise en ambiance immédiate : une batterie binaire, linéaire, sentant à plein nez l’héritage du post-punk et du krautrock, des guitares emplies de distorsions, avec un son semblant sorti du garage des voisins et, surtout, cette voix un brin nasillarde à l’accent cockney, frôlant la fausseté. Graham est à l’aise, polisson, jouant avec son public et plaisantant avec ses musiciens, un Graham Coxon des grands jours en somme.
On sent son style plus affirmé que jamais : finies les concessions et les tortures intellectuelles, l’Anglais sait désormais où il met les pieds et par quels chemins il compte atteindre son but.

Les titres défilent, pour le plus grand bonheur du public : une version brute de
Spectacular, quelques oublis de paroles sur
What'll It Take, un
Ooh, Yeh Yeh qui n’en finit plus, Coxon est au meilleur de sa forme et la performance est à la hauteur des attentes. Le potentiel des titres de
A+E se révèle ici pleinement et pendant une heure quarante les spectateurs profiteront d’un florilège de mélodies à la fois noisy et pop, car c’est bien là le grand art du guitariste virtuose.
C’est finalement après un long rappel et sous une nuée d’applaudissements que Graham Coxon quittera la scène du Café de la Danse, visiblement aussi ravi que son public. Ce soir, il a une ultime fois prouvé que Damon Albarn n’était pas le seul membre de Blur à avoir un charisme aussi important que son talent.