Ces quatre garçons de Liverpool sont émouvants et mouvants. Rien à voir avec de célèbres coléoptères, les Wave Machines seraient plutôt du genre lépidoptère, à prendre le temps de sortir de leur chrysalide pour de belles envolées sur nos têtes.
Papillonnants, ils volètent, échangeant entre eux leurs places, l'un en lead vocal, puis l'autre, frémissant en permanence sur scène. Les oreilles à peine installées dans la voix déjà très changeante d'un Tim Bruzon capable de vocalises suraigües à la façon du Martyn Jacques des Tiger Lillies, que celui-ci échange sa place de lead vocal avec un Carl Brown initialement aux claviers pour
Home. Encore un petit tour sur
I Hold Loneliness et son petit moment de solitude suite à un plantage que Tim justifie avec hilarité et mauvaise foi toute mignonne d'un « it's because we're so glad to be in Paris », reprise pour ce titre électronique ponctué de claviers aux sons hauts perchés très gaming. Enchaînement avec le morceau suivant, qu'il chante sur la pointe des pieds, et puis s'en va de même, en toute logique après ce dance pop
The Greatest Escape We Ever Made.
Les Wave Machines virevoltent, saupoudrant les halos lumineux sur scène de la poussière dorée de leur électro-pop joyeuse. Une bonne humeur que Tim explique aussi par leur ravissement d'être à Paris avec des plaisirs gastronomiques dont ils pourraient largement abuser en s'installant ici. Pour le moment, c'est ailleurs qu'ils nous emmènent avec un
I Go I Go I Go aux sonorités ensoleillées et pour lequel ils papillonnent encore d'un instrument à l'autre, puis d'un album à l'autre, passant des titres audacieusement arrangés de
Wave If You're Really There, premier album sorti en 2010, à ceux de
Pollen, qui sortira en janvier prochain.
Counting Birds et
Wave If You're Really There, issus chacun d'un disque différent, ont en commun une empreinte dramatique, pleine d'une émotion née du lancinant crescendo au clavier ou des longues notes glissées sur la guitare accompagnant la voix chaude de Carl Brown au lead vocal sur le deuxième titre, qu'il cède à nouveau à Tim pour des
Unwound et
Ill Fit aux ondoiements synthétiques subtils puis rythmés. Le sensuel
Keep The Lights On offre un nouveau prétexte au fan hurlant « Amazing ! ». « The man of few words », selon Tim Bruzon, exulte à chaque annonce ou fin de titre depuis le début du concert, et on ne peut que lui donner raison lorsque les Wave Machines clôturent leur set sur un
Dead Houses joliment doux-amer.
Rappelés par un public aussi enthousiaste qu'eux, ils nous offrent leur
Punk Spirit aux chœurs prenants, et
You Say The Stupidest Things qui ne concerne pourtant personne ce soir. Et quand bien même, on leur pardonnerait largement ce genre de d'insolence pour peu qu'ils la pratiquent avec toujours autant d'inventivité et d'élégante voltige.