Cette troisième journée de la vingt-cinquième édition du festival les inRocKs Volkswagen à la Cigale s'annonçait comme prestigieuse. En effet, l'alternance de deux espoirs de la scène indie (Mermonte et Daughter), et deux artistes dont la réputation n'est plus à faire (Lambchop, Tindertsticks) laissait envisager une soirée inoubliable. Qu'en a-t-il été réellement ?
Ce sont les Rennais de
Mermonte qui ouvrent le bal. Avec pas moins de dix musiciens sur scène, dont deux batteurs et trois guitaristes, l'artillerie lourde est bien de sortie. Passant d'un rock énergique et puissant à un rock plus calme et mélodieux, le collectif breton tient assez bien la route sur scène. Principalement instrumentaux, les morceaux présentés en live font souvent mouche auprès d'un public attentif dans une Cigale encore un peu clairsemée. Malgré un potentiel évident, on peut cependant regretter que le groupe se perde un peu à force de démonstrations musicales où l'abus de batterie dessert plutôt qu'enrichit l'univers musical de ces jeunes musiciens. Il y a toutefois fort à parier que l'on reparlera de Mermonte en 2013.
Pour sa première date en France, le trio anglo-franco-suisse
Daughter se produit donc dans une grande salle parisienne. Nullement impressionné par ce baptême de feu, c'est dans la lueur rouge que le groupe démarre son set avec
Landill, premier titre issu de l'EP
His Young Heart paru en 2011. La voix d'Elena Tonra au timbre mélancolique vient se cloîtrer sous les nuées éthérées produites par la guitare d'Igor Haefeli et les coups martelés de la batterie de Rémi Aguilella. S'ensuit une interprétation de
Love qui voit le trio se transformer en une cathédrale ténébreuse avec cette pièce magique de leur répertoire.
Il faut bien constater que rien n'est complément blanc ou noir dans l'univers de Daughter. C'est bien le gris qui prédomine dans leur musique et la brume qui entoure Elena sur scène en est une parfaite illustration. C'est ensuite au tour de
Candles, puis de l'incandescent
Youth où le trio prend un envol de toute beauté et envoûte le public présent.
Home, interprété sous tension, conclut de la plus belle des manières un set court mais joliment maîtrisé du début à la fin. Il faudra patienter jusque l'année prochaine pour espérer revoir Daughter sur une scène française. D'ici là, le groupe aura bouclé l'enregistrement d'un premier album qui s'annonce assurément des plus prometteurs.
Après le passage des espoirs, place à deux mastodontes du rock indie.
Lambchop, tout d'abord. Les six musiciens de Nashville réputés pour des performances live de toute beauté ne vont pas faillir. D'emblée l'ambiance délicate s'installe sous la houlette d'un Kurt Wagner à la voix inimitable. Les musiciens plongent la Cigale dans un univers feutré où country/jazz et rock font bon ménage. Divinement beau, il ne manque que des sièges dans la fosse pour pouvoir profiter à 100% du spectacle offert pendant une petite heure. Les américains du Tennessee déborderont même de quelques minutes sur le temps qui leur est imparti, laissant sous le charme un public entièrement conquis.
Tindersticks arrivent ainsi sur scène avec cinq petites minutes de retard sur l'heure initialement prévue. Élégants comme d'accoutumée, les six britanniques (Terry Edwards en guest, comme bien souvent) sont irréprochables une fois encore sur scène. Stuart Staples, favoris et moustache de circonstance, fait glisser sa voix caverneuse sur les envolées lyriques des musiciens de Nottingham. Leur concert est quasi exclusivement consacré à la performance de leur dernier album,
The Something Rain. Assez curieusement,
Chocolate, morceau d'ouverture du disque, ne figure pas dans le set.
Les britanniques lui ont préféré
If You're Looking For Someone à la place, plage extraire de leur
Simple Pleasures de 1997. Pas sûr que nous y aillons gagné au change. Un petit passage par
Sleepy Song, issu de leur second opus, puis une seconde replongée dans
Simple Pleasures avec
I Know That Loving, mais point d'extras, ni de tubes, si toutefois il est possible de parler de tubes avec les Tindersticks. Les anglais semblent bien imprégnés de cette tendance jazz-soul qui leur va comme un gant, laissant donc bien loin derrière eux les espoirs d'entendre
Jism,
City Sickness ou encore
Kathleeen.
On reste sur la même impression déjà ressentie lors de leur précédent passage au Trianon en mars dernier : un très beau concert... même si l'on s'ennuie un petit peu, d'autant que leur set n'inclue pas de rappel et aura duré un peu moins d'une heure.
En définitive, ce fut une bien belle soirée à la Cigale, placée sous le signe de l'harmonie.