Ce soir, la Maroquinerie accueille la Pop Noire Night, avec, en tête d’affiche, un groupe de filles qui dépote : Savages. Cette soirée est l’occasion de mettre en scène les talents du label Pop Noire, que sont Johnny Hostile, Savages et Lescop.
Savages, ce sont quatre filles qui font du rock comme des garçons, à faire pâlir les meilleurs dans le genre. Jehnny Beth, la chanteuse du groupe – Camille Berthomier, petite française à l’état civil – accompagnée de ses acolytes, Gemma Thompson, Fay Milton et Ayse Hassan, est bien décidée à prouver qu’elles sont capables de faire hurler les enceintes aussi bien que n’importe quel groupe post-punk. Ayant déjà conquis les publics d’outre-Manche et d’outre-Atlantique, Savages veulent, cette fois-ci, mettre le grappin sur le public français, plutôt difficile à séduire. Leur premier album,
Silence Yourself, est disponible depuis le 6 mai dernier. Très bien accueilli par la critique, on le compare déjà au meilleur de Joy Division ou encore Suicide.
Avant que Savages n’entrent en scène, Johnny Hostile, alias Nicolas Congé, à l’origine du label Pop Noire – et compagnon de Jehnny Beth – vient chauffer le public... disons à sa manière. Lorgnant du côté des lamentations des groupes post-punk, le chanteur plante un décor un peu trop noir qui nous met dans un état de morosité assez poussé.
Heureusement, la déprime ambiante est vite balayée par les tonitruantes filles de Savages. Toutes habillées de noir, leurs frêles silhouettes ne laissent rien présager de la fureur qui sommeille en elles. Les hostilités sont engagées avec le titre
Shut Up qui nous met immédiatement dans l’ambiance de la soirée. La guitare crisse, la batterie explose, la basse s’énerve, et Jehnny Beth hurle d’une voix habitée : la scène de la Maroquinerie transpire le rock enragé. On assiste à un véritable déluge sonore. Jehnny Beth bouge frénétiquement sur scène, comme sous le joug d’une émotion endiablée. De sa voix enraillée et enragée, elle hypnose son public, comme l’a fait Siouxsie Sioux à l’âge d’or du punk.
Après un set à haute tension qui a fait pleurer nos oreilles, et raviver notre flamme de punk, Les quatre musiciennes nous assènent un dernier coup avec le puissant
Fuckers. Alors même que Jehnny Beth commence à chanter, elle s’arrête brusquement et s’excuse dans un français parfait : elle s’est trompée dans les paroles. Ouf ! Enfin une once de légèreté. Elles ne sont pas infaillibles, on commençait presque à en douter vu le concert poignant qu’elles nous ont livré.
Qui a dit que le rock n’était pas un sport de filles ?