Octobre a passé la porte, et il n'aura pas fallu attendre longtemps pour que les mauvais jours lui emboîtent le pas. Mais à quelque chose malheur est bon, et c'est ce soir que le Batofar accueille les excellents We Were Promised Jetpacks, bien décidés à nous présenter leur non moins excellent troisième album. Le groupe ayant tout à fait le profil pour jouer dans la cale d'un bateau, c'est peu dire qu'on avait hâte.
Et il sera d'ailleurs question d'embarcation ce soir. « C'est la première fois qu'on joue sur un bateau... J'espère que sa coque n'est pas trouée ! ». Éclats de rire, sur la scène comme dans la salle. C'est par cette private joke à destination du public qu'Adam Thomson, d'humeur rigolarde, choisira d'introduire son prochain morceau, comme pour conjurer le mauvais sort alors que ses comparses se préparent à jouer
Ships With Holes Will Sink. Plaisant, ce moment-là résume à lui seul l'ambiance de la soirée. Comme à l'accoutumée, le groupe est consciencieux, appliqué, quasi irréprochable lorsqu'il donne la parole à ces instruments, mais entre chaque titre, l'atmosphère se veut plus décontractée, presque fraternelle.
We Were Promised Jetpacks sont à l'image d'un bon groupe de potes qu'on serait venu encourager dans la cave d'un bar de quartier : à bonne distance de lui-même, mais jamais très éloigné de son public, le désormais quintet écume les salles dans son plus simple appareil (jeans et tee-shirts, what else ?) pour prêcher la bonne parole musicale. Pas d'attitude d'action heroes, même si quelques guitares lèvent leur nez au ciel à l'occasion, pas de fioritures, le groupe séduit par la maîtrise de son seul art.
S'ils ne sont pas des bêtes de scène, les cinq garçons jouent fort et bien, et le concert retranscrit parfaitement les différents fragments mélodiques qui composent leurs morceaux phares. S'il y a bien une chose qu'on ne pourra pas reprocher à la sono ce soir, c'est son manque d'implication. Difficile également de reprocher quoique ce soir au petit nouveau : droit dans ses bottes, Stuart McGachan s'imbrique parfaitement au sein du quatuor historique, soufflant avec son clavier (mais il sait aussi utiliser une six cordes au besoin) un vent de fraîcheur bienvenue sur des compositions à haute teneur en cordes et percussions. Alors, certes les instruments répondent présents, mais il ne faudrait pas oublier la voix, claire, puissante, et clairement impressionnante d'Adam Thomson, toujours là où il le faut, quand il le faut.
Pendant plus d'une heure, l'alchimie va fonctionner, et c'est une setlist puisant dans tous les albums du groupe qui sera proposée ce soir. Des hymnes punk-rock des débuts (
It's Thunder And It's Lightning,
Quiet Little Voices, etc...) aux compositions plus produites issues d'
Unravelling, le groupe propose ici une belle rétrospective de sa modeste carrière. Un très bon moyen de réaliser que chez We Were Promised Jetpacks, nouvelles et anciennes compositions font très bon ménage, quand bien même le groupe a amorcé un léger virage avec son dernier opus. Ainsi, c'est avec plaisir que le public accueille l’entraînante
Keep It Composed (forcément, car nouveau single en date), les basses vrombissantes de l'inquiétante
Disconnecting, et les élans Mogwai-iens assumés de l'instrumentales
Peace Of Mind, unique rappel proposé aux Parisiens ce soir.
Les Parisiens, d'ailleurs, ont répondu présent à l'appel lancé par leurs amis Écossais. Résultat, la salle est bondée, ce qui est bien entendu facilité par la petitesse de celle-ci, mais ne doit pas remettre en cause l'attrait du groupe dans nos exigeantes contrées. On croisera ainsi quelques quidams toujours prêts à reprendre en chœur les paroles des cantiques troussés par We Were Promised Jetpacks (on retiendra notamment les « your body was black and blue » beuglés ici et là à l'occasion de
It's Thunder And It's Lightning), dont les membres de Fatherson, qui accompagnent leur compatriotes écossais à l'occasion de cette tournée européenne.
We Were Promised Jetpacks n'ont pas déçu ce soir, et sur galette comme en live, le groupe reste une valeur sûre. A ne pas hésiter à aller voir lors de leur prochain passage.