« Courage,
In harmony with something other than your ego. »
Pour la première date de la tournée européenne suivant la sortie de
Darling Arithmetic, Villagers ont choisi Paris, et plus précisément le Café de la Danse, cadre parfait pour le côté intimiste et introspectif de ce troisième album paru il y a à peine un mois et qui affiche complet ce lundi soir. Conor O'Brien en est d'ailleurs reconnaissant, plaisantant entre deux chansons :
« It's good for the ego ! ».
Mais avant cela, place à
Jain. Plutôt rares sont les premières parties qui laissent une aussi bonne impression que la tête d'affiche, et Jain est incontestablement de celles-là. Seule sur scène avec ses machines et sa guitare acoustique, la jeune chanteuse interprète durant une demi-heure plusieurs de ses compositions, à l'image de
Can't Blame Me et
Hob, entraînantes et instantanées.
Jain sait ainsi autant nous toucher avec ses compositions plus dépouillées comme
So Peaceful, munie de sa simple guitare et portées par son affolante voix jazzy, que nous faire bouger sur une synth-pop constituée de loops réalisées live et de sonorités influencées par la musique africaine – dont notamment le single coup de cœur à venir
Come, croisement entre beats reggae et rhythm & blues. En attendant son premier EP dont la sortie est prévue dans les prochains mois, elle sera à l'affiche de Solidays le 27 juin. A ne pas manquer !
Retour aux choses toutes aussi sérieuses avec
Villagers après une courte pause, le temps de se préparer à l'avalanche d'émotions qui se préparent à l'horizon. Un horizon qui se dévoile calmement avec l'apaisant
Darling Arithmetic, durant lequel les cinq musiciens envahissent la salle de notes délicates et poignantes tandis que la voix de Conor O'Brien, frêle et si profonde, prend aux tripes dès les premières secondes pour ne plus nous lâcher.
Le début du concert voit ainsi défiler parmi les plus intimes compositions de Villagers.
Set The Tigers Free se veut tout aussi émouvante que sa version studio présente sur leur premier album, avant que l'inébranlable
Dawning On Me et ses nappes de synthé atmosphériques ne vienne confirmer le statut déjà classique de
Darling Arithmetic.
S'ensuit une déchirante version acoustique de
Nothing Arrived, dont les
« I guess I was busy » délivrés par O'Brien viennent se répercuter dans toute la salle, silencieuse jusqu'à la note finale. Deux titres issus du dernier disque,
So Naive et
No One To Blame, sont ensuite interprétés dans leur plus simple appareil, rendant compte plus que jamais du talent de songwriting du frontman.
De l'harmonie entre la guitare acoustique, la contrebasse et la harpe au jeu de batterie discret, en passant par la trompette qui pointe le bout de son pavillon de temps à autre et aux nappes de claviers délivrées tout au long du set, les chansons de
Darling Arithmetic révèlent une tonalité bien particulière, assez différentes des deux précédents opus tout en conservant parfaitement le style Villagers, du notamment à la voix reconnaissable entre mille de Conor O'Brien.
Après un somptueux
That Day échappé de
Becoming A Jackal, le groupe accélère le tempo avec
Everything I Am Is Yours dont la mélodie au piano fait dandiner de la tête et la batterie vigoureusement taper du pied. O'Brien montre ses talents de chanteur en terminant sur une intensité vocale saisissante, éloigné du micro mais où l'on sent les tremolos dans la voix depuis les derniers sièges du Café de la Danse.
Memoir, morceau composé pour Charlotte Gainsbourg sur son album
Stage Whisper, est un de ceux attendus par les fans, sa version réarrangée n'étant parue qu'en b-side de
The Waves. Celle-ci offre une tonalité plus jazzy et différente de la discographie du groupe, entraînant l'audience avec lui dans une ambiance bon enfant. Par ailleurs, petit bémol dans cette soirée qui aurait pu varier encore davantage le rythme du show : l'absence de
Occupy Your Mind, pépite electro folk nerveuse et menaçante qui devrait pourtant faire son petit effet sur scène.
Clairement au cœur de cette nouvelle tournée,
Darling Arithmetic est largement représenté, celui-ci étant interprété ce soir-là dans sa totalité. On peut ainsi retrouver trois autres compositions de l'album, proposées successivement dans la seconde moitié du concert, à commencer par le saisissant
The Soul Serene, un
instant classic comme la plupart des morceaux de ce nouveau disque.
Hot Scary Summer, plage plus proche de celles de
Becoming A Jackal, vient ajouter son grain de sable folk dans un engrenage nous envoûtant depuis déjà plus de trois quarts d'heure.
Little Bigot, quant à lui plus proche des titres de
{Awayland}, met ensuite le feu avec son rythme frénétique et tendu.
L'intensité se poursuit sans interruption avec
The Waves, morceau incandescent tout en crescendo qui suspend le temps durant près de sept minutes. Magnifiée par rapport à la version studio, son interprétation live décuple progressivement l'énergie qu'elle possède, terminant sur une synergie folle entre les musiciens et sur des
« Approaching the shore » bouleversants de la part d'un Conor O'Brien à vif.
Le show se termine sur trois chansons issues de
Becoming A Jackal. Après un honnête
Ship Promises interprété seul sur scène avec sa guitare, O'Brien revient une nouvelle fois en solo pour jouer un dernier morceau tiré du premier album, l'entêtant
Becoming A Jackal, scandé en chœur par le public.
S'ensuit le doux
Pieces qui marque le retour des quatre musiciens. Les chœurs accompagnant O'Brien, mélancoliques et enivrants, s'emparent du Café de la Danse.
Courage termine le set sur une note plus positive, son sublime refrain restant en tête longtemps après, aussi bien pour sa mélodie que ses lyrics. Les instruments viennent prolonger les émotions sur la fin, s'additionnant au chant ensorcelant du jeune dublinois et concluant ainsi une soirée tout bonnement parfaite de bout en bout !