C'est un sentiment à la fois d'excitation mais aussi d'inquiétude qui nous envahit avant de retrouver Bloc Party sur une scène parisienne. En effet, plusieurs bouleversements sont survenus au sein du groupe depuis leur dernier passage dans la salle du Zénith en 2013. Matt Tong et Gordon Moakes sont partis et ont depuis été remplacés par deux autres musiciens, la jeune Louise Bartle et Justin Harris, aux postes laissés vacants, en l'occurrence la batterie et la basse. A moins de deux mois de la sortie du cinquième chapitre discographique du groupe, il semble donc légitime de s'interroger quant au fonctionnement de la nouvelle formation.

C'est à l'Alhambra que Kele Okereke et sa troupe sont donc venus teaser quelques plages de
Hymns entrecoupées d'un balayage des chansons des quatre précédents albums, précédés sur scène par
Steve, anglaise qui peut rappeller
Peaches, notamment par son look assez exubérant. Seule sur scène la jeune femme s'amuse à boucler vocalises, riffs de guitares et passages synthétiques. Malgré toute l'énergie déployée sur scène,
Steve ne nous laissera pas un souvenir impérissable. Une courte attente, puis les quatre
Bloc Party entrent sur scène. Kele, très à l'aise en chemisette colorée et bermuda, a le sourire aux lèvres.
Eden ouvre le set. Sautillant et plaisant, ce premier inédit joué par le groupe s'avère assez convaincant. Le son est plus électronique que par le passé, Kele semble un peu en retenue vocalement. Cependant ce démarrage semble rassurant face aux inquiétudes qu'on pouvait avoir jusque-là. Les quatre musiciens replongent ensuite dans le répertoire du groupe avec un
Hunting For Witches convaincant enchaîné à
Positive Tension qui ravit l'audience.
Bloc Party vont ensuite s'essayer à jouer consécutivement deux nouveaux extraits de
Hymns. Exercice somme toute assez périlleux, puisque le public présent n'a pas encore eu connaissance des compositions du disque à venir, à l'exception du single
The Love Within, récemment dévoilé. Le résultat s'avère un peu mitigé, d'autant que
The Good News, troisième inédit de la soirée, n'est guère passionnant. Le groupe va immédiatement régir avec deux titres bien plus anciens.
Song For Clay (Disappear Here), conjugué à la mini reprise du
Big Time Sensuality de
Björk en guise d'introduction, d'abord, enchainé à l'hymne
Banquet qui remet bien entendu tout le monde d'accord.

Les nouveaux musiciens s'avèrent à la hauteur sur scène, même si leur performance n'est probablement pas aussi brillante que ce qu'auraient produit leurs prédécesseurs. Kele se met ensuite en mode bougalou avec cet autre tube,
One More Chance, qui rappelle un tant soit peu les compositions solo du chanteur.
Different Drugs, autre nouveauté de la soirée, sans basse mais avec une ligne de guitare joliment acide, séduit. La dernière partie du set ne s'avérera malheureusement pas aussi passionnante. Le côté ragamuffin d'
Octopus, le limite métal
So He Begins To Lie et l'infâme
Ratchet viennent gâcher une setlist pas toujours très équilibrée mais somme toute pas déplaisante.
Flux, dernier titre du set principal, viendra fort heureusement sauver le concert de la noyade.
Rapidement de retour sur scène, Bloc Party vont tenter de corriger quelques choix de fin de set un peu malheureux, au cours d'un rappel, avec plus ou moins de succès. Le single
The Love Within, avec ce curieux son émanant de la guitare de Russell Lissack, remporte un certain succès auprès de l'audience, ce qui ne sera pas le cas pour
So Real, avec pourtant Kele au clavier. La formation va toutefois reprendre du poil de la bête avec une version furieuse de
Helicopter, avant une belle interprétation de
This Modern Love ponctuant ainsi le concert. Cependant le groupe reviendra une fois encore sur scène. Brièvement puisque
She's Hearing Voices constituera l'ultime rappel du concert parisien. On aurait davantage souhaité entendre
Mercury,
Price Of Gasoline ou encore
The Prayer à la place de certaines compositions, mais ce choix ne nous appartient pas. Cependant sans fournir un concert parfait, Bloc Party et son nouveau line-up ont prouvé avoir encore la gnaque. On s'en contentera largement pour le moment.