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Everything Everything

Paris, Trabendo - 25 novembre 2015

Live-report par Clémentine Barraban

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Si les amoureux de musique et de live ne savent que trop bien que s'il y a eu les concerts d'avant le 13 novembre 2015, c'est avec, au minimum, une boule au ventre et un grand – immense ! - besoin d'insouciance que s'entament les concerts d'après. Parmi les discours sur le sujet et les débats sans fin ni véritable fondement, une pensée semble rassembler les gens – pas forcément en très grand nombre, mais tout de même - dans une salle de concerts moins de quinze jours après le cauchemard collectif : si on remet le pied à l'étrier, c'est pour partir au galop, peur ou pas, danger ou pas. Pour reprendre les choses où elles ont été laissées, la venue à Paris du quatuor anglais, portant avec lui sa musique lourdement chargée d'émotions à vif, de douleurs humaines et d'espoir pacifiste, tombe comme une citerne d'eau fraiche au milieu du désert.

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Cette fois dans la salle du Trabendo – pour changer de leur habituel passage à la Flèche d'Or - Everything Everything présentent Get To Heaven, une troisième bombe créative et complexe, lâchée sur une scène pop-rock trop sagement conventionnée, un savant laboratoire de sonorités, ouvrant sur de nouvelles perspectives de construction du genre de la pop alternative. Sur scène - comme sur l'album – Everything Everyting choisissent d'introduire leur set avec le titre To The Blade, sur lequel Jonathan Higgs fait progresser sa voix de fausset à faire dresser le poil, presque a capella, en un équilibre sublime entre force et fragilité. C'est aussi, malheureusement, l'occasion de réussir à faire abstraction de la mèche blonde platine plaquée sur le côté de son crane et de l'insidieuse voix intérieure qui porte l'intonation effarée d'une relookeuse mode « Oh my dear ! What happened to you ? ». Puis vient l'explosion et, avec elle, la fascination, soutenue jusqu'à Kemosabe et son refrain à couper le souffle, magnifiques représentions de l'esthétisme régnant sur leur deuxième album, Arc. Que ce soit sur Get To Heaven - morceau éponyme du dernier opus – ou Regret, les Anglais portent une application religieuse aux rythmiques presque tribales, aux contrastes et ruptures, qui font leur empreinte, et créent une tension euphorique.

En écho, une fois de plus, avec la construction de l'album, Fortune 500 et The Wheel interviennent après cinq ou six morceaux pour servir d'intermède expérimental (c'est le terme gentil pour ne pas employer « décrochage »). Si les anglais semblent chercher à se fondre dans les traces de leurs acolytes de Radiohead (dont le nom Everything Everything est tiré des paroles d'une chanson, c'était l'anecdote, en passant), à l'instar de ces derniers, un sentiment général, une constatation indéfinissable émane de tels morceaux : oui, ça pourrait tenir du génie, mais là c'est surtout de l'insaisissable.

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Comme souvent, face à une surabondance d'artifices, les choses simples manquent, la sincérité et l'humilité surtout (comme Coldplay l'avaient compris, dans un passé lointain, révolu, jeté aux oubliettes et piétiné sans vergogne par des chimpanzés synthétisés qui dansent à peine en rythme... Désolée.). Dans l'attente d'un riff de guitare scotchant ou d'une bonne ligne de basse, les faisceaux de lumière, jouant avec les axes et le contre-jour, immergent la scène dans un tableau surréaliste. Décrochage ? Pas tout à fait.

Radiant, Cough Cough ou Photoshop Handsome réconcilient avec les cohabitations brillantes des couplets minimalistes et refrains grandioses. Les textes sont sublimés par le flow imparable de Jonathan Higgs, aussi impressionnant que captivant, en particulier sur Spring/Sun/Winter/Dread marquant le point d'ascension juste avant le rappel. Suivent No Reptiles, démonstration décoiffante de savoir-faire dans le domaine des montées en puissance, et Distant Past, dernière danse douce-amère, dernière inclination face à la créativité de Everything Everything.
setlist
    To The Blade
    Blast Doors
    Kemosabe
    Get To Heaven
    Regret
    Schoolin
    Fortune 500
    The Wheel
    Warm Healer
    Radiant
    Zero Pharaoh
    Don't Try
    Cough Cough
    Photoshop Handsome
    Spring/Sun/Winter/Dread
    ---
    No Reptiles
    Distant Past
photos du concert
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