La carrière de The xx a pris un sérieux virage depuis leur premier passage à Paris. Du Point Éphémère en avril 2009, ils sont passés à deux soirs consécutifs au Zénith, de surcroît complets, en février 2017. C'est dire si leur audience s'est considérablement étendue, alors qu'originellement le son du groupe n'était pas forcément calibré pour toucher autant de monde. Cependant l'évolution sonore du groupe, notamment grâce au travail de Jamie xx, a permis au trio d'arriver exactement à l'endroit où ils se trouvent aujourd'hui. Après deux premiers albums sensiblement proches musicalement, les Londoniens venaient présenter et surtout défendre leur troisième opus, à tendance davantage groovy,
I See You, paru en janvier dernier.

Après
Erase/Rewind des suédois de The Cardigans, la musique s'interrompt et la lumière baisse progressivement dans la salle. S'ensuit alors un instrumental à connotation électronique qui enthousiasme le public plongé dans le noir, et qui voit les trois jeunes britanniques arriver sur scène dans une ambiance très chaude.
Say Something Loving marque le début des hostilités. Dans un décor assez minimaliste, Jamie officie tel une tour de contrôle derrière Romy à sa droite et Oliver à sa gauche. Le triangle est de mise ce soir. De grands panneaux réfléchissants sur lesquels des lumières viennent s'écraser tournent autour des protagonistes. Tous de noir vêtus, The xx distillent deux classiques de leur premier disque (
Crystalised et
Islands) avant de se concentrer sur leurs nouvelles productions. Le son est bon et plutôt clair dans cette salle pourtant souvent décriée pour sa qualité sonore. Les Anglais sont très à l'aise musicalement et vocalement. La progression du groupe en une dizaine d'années est indéniable et assez stupéfiante.
Oliver et Romy affichent souvent leur complicité en se retrouvant face à face en plein centre de la scène au début ou à la conclusion de leurs morceaux. La part belle est faîte au nouvel opus ainsi qu'au premier disque du groupe. On retiendra l'émouvante prestation solo de Romy de
Performance avant la reprise de
Too Good de Drake qui ne quitte désormais plus le répertoire du groupe.

Le spectacle est de très haute tenue mais le groupe ne se lâchera pourtant complètement qu'en fin de concert.
Dangerous annonce l'offensive musicale avant la relecture musicale de
Fiction (seul retour vers
Coexist lors du set principal) et surtout de
Shelter dans une version dansante et vraiment imparable. Ce dernier sera enchaîné à
Loud Places, petit comeback vers
In Colour, l'album solo de Jamie xx constituant le dernier titre du concert. Un petit interlude musical précède le retour rapide du trio pour un rappel composé de trois titres.
Le dansant
On Hold, le ténébreux
Intro et le mélancolique
Angels, piochés dans chaque album du groupe, constituent une belle représentation de leur univers musical.
Les anglais, visiblement ravis de leur prestation, saluent alors leur public qui les acclame de manière très méritée. Alors qu'ils n'ont pas encore trente ans, les membres de The xx ont su prouver sur scène qu'ils jouaient maintenant dans la cour des grands. Enflammer le Zénith de la sorte deux soirs de suite n'était pas gagné d'avance, on peut vraiment leur tirer notre chapeau.