Généralement, quand on va voir un concert, ce n'est pas la première partie qu'on retient, ce n'est pas celle qui est censée nous faire vibrer alors qu'on vient voir le groupe suivant ; la tête d'affiche. Pourtant, ce soir, c'est exactement ce qu'il s'est passé. Two Door Cinema Club jouaient ce lundi 27 février au Casino de Paris.
Ils avaient invité en première partie deux autres groupes :
Parcels, des Australiens qui mêlent des sons pop, électro, funk, tout cela mélangé dans une sauce bien rétro. L'heure précoce du concert nous aura fait les louper. Il faut dire, 19h30, c'est presque l'heure à laquelle on sort du boulot ! Réputés comme des bêtes de scène, on a regretté de les avoir loupés. Mais Two Door Cinema avait prévu le coup pour les retardataires, puisqu'ils ont également invité
Blaenavon à 20h15. Et là, la surprise a effectivement eu lieu.
Trio de base : batterie, basse, guitare. Rien de fou , mais ça, c'est sur le papier. Parce que sur scène, les trois petits gars, ils ont leur univers à eux en plus d'un son qui sonne sacrément bien dans notre oreille. Le look du chanteur/guitariste et du bassiste nous a fait un drôle d'effet quand on les a vu arriver sur scène. Bien sûr, ça ne fait pas tout, mais il faut bien reconnaître que ça participe à l'identité d'un groupe. Entre le bassiste aux cheveux mi-longs ébouriffés blancs, col roulé cintré, jean coloré et le chanteur dans un costume à l'apparence démodé beige, pattes d'eph et ses longs cheveux châtains, on se serait cru transportés quelques décennies en arrière.
Blaenavon est un groupe surprenant. Si la plupart du temps, ils jouent un rock rythmé, mais mesuré, ils nous ont montré qu'ils étaient capables de passer de la ballade aux accents mélancoliques qui colle parfaitement à la voix grave du chanteur, à un morceau ultra-puissant comme
I Will Be The World. Tout le long du set, on s'en était douté qu'ils en étaient capables. La nervosité du bassiste ne demandait qu'à exploser. On le sentait ! Il y avait quelque chose d'imprévisibles dans sa façon de gesticuler. C'est sur l'avant-dernier titre que le trio s'est déchaîné. La montée était progressive, jusqu'à envoyer un son brutal, agressif où les guitares hurlent jusqu'à retomber dans ce moment calme où la voix de Ben Gregory se faisait aérienne. Scotchant ! Blaenavon nous ont dévoilé à chaque nouveau titre une palette d'émotion. Malheureusement, nous ne pouvons pas en dire de même de Two Door Cinema Club.
Two Door Cinema Club ont fait leur entrée en scène avec une courte introduction électronique et ils auraient sincèrement pu s'en tenir là ! Dès le premier morceau,
Cigarettes In The Theatre, l'émotion n'était pas au rendez-vous et elle ne le sera pas plus tard. Quelques morceaux attiseront notre furtif intérêt, en se disant « Ah tiens ! Là, c'est plus festif ! » ou « ce morceau fonctionne bien sur scène, c'est un peu plus agressif » comme sur
Are We Ready? (Wreck) mais c'est tout. On ne peut pas dire que le concert était mauvais, mais davantage qu'ils donnaient le sentiment de ressortir chaque fois la même recette, des sonorités aguicheuses, mais finalement vides, où les mélodies se répétaient sans cesse, où la guitare de Alex Trimble ne connaissait aucune variation. Sa voix était toujours dans les aigües. On aurait aimé d'autres démonstrations vocales que de l'entendre monter encore plus haut sur le titre
Bad Decisions.
Ça fonctionnait, bien sûr, il n'y avait qu'à voir le public qui sautait dans tous les sens, ça fonctionnait parce qu'ils ont pris un peu de rock et d'électro, les deux styles tendance pour en faire quelque chose de pop, beaucoup trop pop.
Tout était dans l'efficacité et on sentait que le groupe ne se donnait pas beaucoup plus de mal. Alex Trimble avait un faux air de Lestat dans Entretien avec un Vampire, il était séduisant, mais aussi froid que ce dernier envers son public. Il aura fallu attendre presque une heure pour entendre un "Ça va?" lancé par le bassiste. N'était-ce pas un peu tard ? Heureusement, les écrans géants qui couvraient le fond de la scène nous permettaient de nous plonger dans l'ambiance et de meubler cette absence de communication avec le public. Nous devons bien reconnaître que l'effet était réussi et plutôt plaisant. Excepté cela, rien n'aura véritablement réussi à emporter notre conviction.
Un concert fade, dont on ne retiendra de cette soirée que la première partie.