Alors que The Big Moon s'apprêtent à sortir incessamment sous peu leur
debut album Love In The 4th dimension et à entamer leur tournée officielle, les quatre londoniennes accompagnaient en ce début d'année le fameux groupe californien Foxygen le temps de quelques dates. Une affiche donc alléchante – et
sold out – pour quiconque suit The Big Moon qui, en une poignée de singles, ont su marquer les esprits grâce à un rock aussi subtil que rentre-dedans.

En une demi-heure,
The Big Moon ont réussi à emplir peu à peu le Trabendo, à la fin quasiment complet et clairement sous le charme. Posant d'entrée le ton, les quatre musiciennes débutent leur set avec
Silent Movie Susie, morceau pop rock entraînant porté par le chant de Juliette Jackson accompagnée aux chœurs de Soph Nathann (guitare) et Celia Archer (basse).
Le groupe enchaîne aussitôt avec
Nothing Without You, composition au refrain frénétique où dominent les riffs de guitare incandescents et la batterie puissante de Fern Ford, avant de poursuivre avec
The Road, issu du EP du même nom paru il y a un an, qui démontre tout le talent de songwriting de The Big Moon, aussi sophistiqué dans ses arrangements que dans la voix magnétique de Juliette Jackson.
En milieu de set, le groupe reprend le
Beautiful Stranger de Madonna dans une version détonante, alternant couplets calmes et refrains bruts de décoffrage où les effets et saturations sont de mise et les
« one two three four » endiablés scandés par les trois chanteuses mettent l'ambiance. S'ensuit un des meilleurs titres de The Big Moon,
Cupid, aux multiples layers, entre le somptueux couplet pop, le pré-refrain débridé et enfin le refrain aux chœurs absolument irrésistibles.

Il en va de même avec
The End qui affiche de nombreuses ruptures de ton, des couplets calmes aux refrains rock'n'roll en passant par un pont au mur sonore invincible sur lequel Juliette Jackson donne de la voix.
Formidable, avant-dernier single à avoir vu le jour, délivre quant à lui une ambiance plus tendue avec son refrain intense porté par la batterie lourde et un solo de guitare à la saturation extatique, révélant une nouvelle fois une autre facette de The Big Moon.
Le groupe nous gratifie ensuite du brûlot punk
Bonfire qui, avec les cris de la frontwoman et les différentes intonations avec lesquelles elle aime jouer tout du long, dévoile un rock incisif à l'hymne indomptable en guise de refrain qui crée sans mal l'euphorie en live. Les quatre anglaises concluent bien évidemment sur leur dernier single
Sucker qui s'attire immédiatement les clameurs de l'audience, énervé et effréné, libérant les instruments et leur refrain le plus jouissif à ce jour.
Après une vingtaine de minutes entrent sur scène les américains de
Foxygen. Leur dernier disque,
Hang, est fortement mis en avant avec les huit titres qu'il contient interprétés ce soir-là. Bien que ce quatrième disque soit fortement réussi, on peut regretter de ne pas avoir eu droit à davantage d'anciens morceaux phares.

Débutant sur les chapeaux de roue avec rien de moins que trois compositions tirées de
We Are the 21st Century Ambassadors of Peace & Magic, Sam France et sa bande alignent ensuite les huit de
Hang, avant de conclure sur
How Can You Really (
...And Star Power) et le grandiose
No Destruction (
We Are the 21st Century Ambassadors of Peace & Magic).
La setlist aurait peut-être méritée à davantage entrecroiser les albums car lorsque arrive
Upon A Hill, on se surprend quelque peu à rêvasser. Un ou deux tubes n'auraient ainsi pas été de trop parmi la setlist qui reprend l'exact ordre du dernier opus. Ce sera toutefois notre seul bémol pour une performance qui, en dehors de cela, aura été parfaite de bout en bout, entre l'énergie indéboulonnable de Sam France et la grâce lumineuse de Jackie Cohen.
Une bien belle soirée donc, comme on pouvait s'en douter, avec non pas une mais bien deux tête d'affiche tant The Big Moon n'a pas à rougir – même si dans un genre totalement différent – face à Foxygen. Comme elles le mentionnaient à la fin de leur prestation, les quatre londoniennes reviennent le 11 mai au Pop-Up du Label, pour un set que l'on espère encore plus long et que l'on imagine tout aussi convaincant.