En première partie de Madness, je découvre un groupe ska dont je ne connais ni le nom ni l'origine. Du ska on ne peut plus classique qui enchante les amateurs du genre, nombreux dans la salle. Agréable même si l'originalité n'est guère au rendez-vous.
Dans la Salle Pleyel, le public bon enfant et familial attend sagement l'arrivée sur scène du groupe phare (avec les Specials) des années ska. On sent dans les rangées une certaine nostalgie, celle pour bon nombre de spectateurs des années d'adolescence. Un sentiment que je partage ayant vu le groupe sur scène pour la première fois, il y a plus de trente ans. Visiblement, cette nostalgie du temps qui passe envahit aussi le leader du groupe qui évoque les morts de David Bowie et Lou Reed et annonce fièrement que Madness, malgré les années, est toujours là et bien là. Il évoquera de nouveau plus tard ce sentiment d'être encore présent lorsque les autres ne le sont plus, parlant de ce concert à Rock en Seine où ils étaient programmés le même jour que celui où Oasis y splitta, un an après l'annulation du set de Amy Winehouse, dédiant le morceau qui suit à sa mémoire.
Mais de nostalgie, il n'y a nul besoin pour apprécier ce concert. Madness démarrent en fanfare avec le tube
One Step Beyond qui n'a pas pris une ride malgré les années.
Embarrassment suit et l'on a un immense plaisir à entendre ce morceau. Il a toujours été l'un de mes préférés du groupe par ce côté si mélancolique qui le caractérise et qui vous touche au plus profond. Ce titre est important dans l'histoire du groupe car s'il possède encore un petit côté ska, il amorce déjà le versant pop de Madness, celui qui permettra au groupe d'être encore là aujourd'hui. Alors qu'ils auraient pu être balayés par la fin de la vague ska du début des années 80, ils ont su évoluer avec intelligence vers un versant pop qui les aura vu produire des singles devenus des classiques.Il n'y a qu'à voir la play-list du soir, véritable Best Of :
House Of Fun, Wings Of A Dove, Bed And Breakfast Man... Que de morceaux délicieux, petites tranches de vie du quotidien britannique.
My Girl est jouée dans une version superbe gorgée d'émotion.
Les titres récents ne sont pas tous du même niveau que ceux de ces magnifiques singles mais
Mr Apples, pour ne citer que celui-là, a sacrément de la gueule. Un morceau fin et délicat, du Madness pur jus. Un titre qui montre que quarante ans après ses débuts, le groupe a toujours quelque chose à dire. Ce qu'il démontre encore avec une très belle reprise du superbe
Oh My love de John Lennon dans une délicieuse version balançant entre pop et reggae.
Suggs possède en outre un humour british qui fait mouche à chaque intermède entre les chansons.
On se rend compte alors que le départ de Chas Smash en 2014 n'a pas sonné le glas de Madness comme on aurait pu hâtivement le conclure.
Le concert se termine de la plus belle des façons avec
Baggy Trousers, sautillant à souhait, le génial
Our House et
It Must Be Love, l'une des meilleures chansons de leur répertoire et autre pop song parfaite.
En rappel, les classiques des classiques,
Madness qui donne l'impression d'être revenu en 1979, puis
Night Boat To Cairo aussi bon et excitant qu'au temps de nos années boum.
Au final, un très bon concert et une bien belle soirée qui plus est dans une salle magnifique. Madness n'ont peut-être pour ambition que d'être de parfaits enterntainers mais si c'est le cas, ils s'acquittent de cette tâche à merveille. On sort de la Salle Pleyel enchantés et ravis d'avoir assisté à un concert plein de charme, de fantaisie, de drôlerie et musicalement très réussi.