Trois ans et demi après son dernier passage en France, Johnny Marr était de retour jeudi soir à Paris à l'occasion de la sortie le 15 juin de son prochain album :
Call The Comet. Après avoir visité plusieurs villes européennes dont Copenhague, Berlin et Amsterdam, le Mancunien se retrouvait donc sur la scène de la Gaîté Lyrique pour un concert sold out depuis quelques temps déjà.
C'est à 20h45 entouré de ses trois musiciens que Johnny Marr prend possession de la scène. Svelte comme toujours, petit blouson de cuir et tache blanche dans les cheveux (après la rose dans la bouche à Rock En Seine lors de la tournée de
The Messenger), l'anglais débute son set avec un premier inédit,
The Tracers. La batterie est martiale, la mélodie dark et la voix de l'ex-Smiths sombre. Bien sûr les guitares sont très présentes, et celles-ci sont assurément plus lourdes que sur ses disques précédents. Ce morceau est d'ailleurs assez représentatif du Johnny Marr version 2018. Le son s'est durci et bon nombre des douze compositions de
Call The Comet partent dans cette direction.
Bigmouth Strikes Again qui lui fait suite donne un sérieux coup de fouet au public présent. L'interprétation épique du tube Smithien renvoie même Morrissey et son gang de musiciens à ses études, c'est dire... De toute façon, il n'y a jamais eu de doute sur le jeu de guitare de Johnny Marr, c'est la voix qui pouvait parfois rebuter les nostalgiques des années 82 à 87, ces années bénies. Même si cela ne s'improvise pas de chanter juste et bien, jouer de la guitare de la sorte n'est pas non plus un exercice aisé. Il est indéniable que l'anglais a sérieusement progressé en ce sens depuis le début de sa carrière solo, et cela s'entend vraiment.
A l'issue de ce démarrage, le concert se résume à un panachage entre nouveaux morceaux (huit extraits de
Call The Comet ainsi que
Jeopardy, face b du simple
Hi Hello) et classiques des Smiths, auxquels viendra se greffer l'excellent
Getting Away With It d'Electronic sorti en 1989 et composé par l'anglais avec Bernard Sumner et Neil Tennant, lors de l'ère post-Smiths. Déjà interprétée lors des tournées précédentes, la chanson a pris de l'étoffe et est devenue totalement irrésistible avec ses riffs de guitares funky et son rythme disco.
Des nouvelles compositions, on retiendra avant tout la grâce de
Hi Hello avec sa petite pointe de
There Is A Light That Never Goes Out, la puissance de
Day In, Day Out, l'énergie de
Rise, mais aussi la noirceur de
New Dominion dans laquelle rôde le fantôme d'Alan Vega. Côté nostalgie,
The Headmaster Ritual reste une des plus belles reprises de la soirée. On sourit lorsque l'anglais chante « same old joke since 1982 » (au lieu de 1962 dans l'originale), égratignant au passage son ex-compère et ses innombrables frasques qui font plus parler de lui que de sa musique.
Last Night I Dreamt That Somebody Loved Me reste quant à elle toujours aussi belle et désespérante.
How Soon Is Now? conclut de la plus belle manière le set principal de l'anglais. Un peu avant, Johnny Marr aura eu le mérite de faire danser la salle avec un
Easy Money particulièrement groovy.

Le rappel sera constitué de quatre morceaux. Celui-ci débute avec une nouvelle chanson
Actor Attractor, assez connotée 80's avec batterie électronique et clavier, constituant un parfait enchaînement après la fin du set principal. Alternant avec
Please, Please, Please, let Me Get What I Want, et sa parfaite élégance, qui lui emboîte le pas, avant que sa plus ancienne et surtout plus belle chanson solo ne soit enfin interprétée. Il s'agit bien entendu de
New Town Velocity, sur laquelle Johnny Marr nous apprendra, juste avant de l'attaquer, qu'elle était dans sa tête depuis qu'il a quitté l'école. Le concert se termine inévitablement avec l'hymne
There Is A Light That Never Goes Out. L'audience semble comblée. Le britannique a en tout cas gagné son pari.
On regrettera l'absence de
You Just Haven't Heard It Yet, Baby, retirée de la setlist depuis quelques dates. Mais avant de quitter la scène, Johnny Marr remerciant son public, lui aura donné rendez-vous l'année prochaine. L'occasion peut-être d'une séance de rattrapage pour cet autre classique du répertoire des Smiths ? On y sera pour vérifier. The Smiths are dead. Viva Marr !