Avec Bishop Gunn et The Struts à l'affiche, la soirée du 28 février au Trabendo s'annonce décidément rétro.
Les Américains de
Bishop Gunn ouvrent le bal avec leur blues teinté de rock'n'roll aux allures des années 70. Leur son trahit clairement leurs origines, le sud des Etats-Unis. De prime abord un choix surprenant pour ouvrir pour The Struts, Bishop Gunn réussit néanmoins à intéresser le public avec des chansons qui sentent bon la chaleur du Mississipi et le rock sudiste à la Lynyrd Skynyrd. Une reprise réussie et assez personnelle de l'intemporel
Hey Jude finit par conquérir le public, qui semble attendre impatiemment la tête d'affiche.
Le vrai spectacle commence avec la montée sur scène des stars de la soirée :
The Struts. Réputé pour ses shows déjantés, le quatuor annonce le ton dès le premier riff de guitare. Ils ouvrent leur concert avec le sur-vitaminé
Primadonna Like Me de leur dernier album
Young & Dangerous et réussissent à accrocher le public instantanément. La foule saute, danse et chante comme si ce n'était pas le premier, mais le dernier morceau de la soirée. Si l'ambiance s'enflamme aussi vite, c'est surtout grâce au chanteur Luke Spiller qui a la capacité extraordinaire de transmettre toute son énergie au public. « You don't need to say a word ‘cause your body talks » chante-t-il dans
Body Talks, et cette ligne s'applique parfaitement à lui-même. Spiller n'a même pas besoin de parler, ses gestes et sa présence sur scène sont suffisants pour communiquer et captiver le public.

Vêtu d'une veste en cuir rouge à franges et d'un top à paillettes, chacun de ses gestes semble étudié et est en parfaite harmonie avec la musique et les sensations du public. Le niveau d'énergie dans la salle continue à monter avec
Kiss This et son intro instrumentale très réussie suivi par
In Love With A Camera, gros tube de
Young & Dangerous qui dégage une bonne dose de bonne humeur.
Quand le quatuor s'apprête à jouer
Dirty Sexy Money, Spiller flirte avec son public : « Anybody feeling dirty ? Anybody feeling sexy ? Are you ready ? ». Les lumières au fond de la scène brillent comme les paillettes de son t-shirt et le côté légèrement funk de la chanson plaît visiblement au public. Le premier moment plus calme de la soirée est annoncé par la disparition de Luke Spiller de la scène et un solo de l'excellent guitariste Adam Slack baigné dans une lumière rosâtre. Quelques minutes plus tard, Spiller revient - vêtu d'une blouse rouge aux manches évasées très seventies - et s'assoit au piano pour jouer
One Night Only.
Maintes fois, le chanteur des Struts a été comparé à Freddie Mercury en raison de ses costumes, ses chorégraphies, son comportement sur scène... Et même si l'on ne veut pas tomber dans les clichés, c'est à ce moment précis que l'on comprend d'où viennent ces comparaisons, et il faut admettre qu'elles ne sont pas infondées. La présence de son idole est palpable, tant au niveau de sa prestation au piano qu'au niveau de la chanson
One Night Only qui, avec sa montée en puissance progressive, rappelle fortement la musique de Queen.
The Struts assument par ailleurs pleinement leurs références musicales. C'est ainsi que deux reprises sont au programme ce soir :
Rebel Rebel de David Bowie et
Dancing In The Dark de Bruce Springsteen. Pour
Rebel Rebel, The Struts font monter sur scène un invité surprise, Yarol Poupaud, ancien guitariste de Johnny Halliday qui est accueilli avec enthousiasme par le public. Le véritable climax de la soirée se produit pendant cette reprise et est, sans surprise, dû à l'incroyable capacité de Spiller à enchanter le public.
Il partage la foule en deux, descend de la scène, se met au milieu de la salle et lance une battle enflammée entre les deux moitiés du public qui le suivent à la lettre en scandant des « Mama mama mama, yeah yeah yeah ».
Avec ses costumes grandioses, ses yeux maquillés et ses chorés déjantées, Luke Spiller s'approche plus d'une fois dangereusement du ridicule. Mais, et ceci est son véritable exploit, il n'y succombe jamais. Grâce à son charisme exceptionnel en tant que frontman du groupe, sa performance sur scène est convaincante et plus que plaisante.
Après avoir enchaîné la ballade
Somebody New au piano avec un air très Mercury-en, la reprise de Bruce Springsteen en présence d'une jeune femme du public sur scène et l'énergique
Put Your Money On Me, le chanteur disparaît une deuxième fois. Pendant son absence, Adam Slack, Jed Elliott et Gethin Davies assurent la transition avec de très beaux solos instrumentaux accompagnés d'un jeu de lumières réussi.

Ayant échangé sa blouse rouge contre un costume doré à franges, Luke Spiller revient sur scène constatant que la seule chose qui leur manquait ce soir-là étaient des feux d'artifices. Connaissant leur prédilection pour les grands gestes et les effets visuels, on n'aurait pas été surpris de voir apparaître des effets pyrotechniques même dans l'espace réduit du Trabendo. Mais Spiller s'explique : « We don't need any fireworks, we have you! », une invitation de plus pour le public à sauter et à faire du bruit.
Car plus qu'un concert, la prestation des Struts est un spectacle à part entière. Entre les solos instrumentaux, les versions originales des chansons et les jeux avec le public, The Struts nous réservent plein de surprises lors de leurs shows. La performance scénique est au moins aussi importante que la musique. Si
Young & Dangerous est certes un excellent album, c'est surtout sur scène qu'il dévoile toute sa puissance.
Grâce à ces quatre musiciens, on a l'impression d'avoir vu passer du David Bowie, du Bruce Springsteen, du Freddie Mercury, du Mick Jagger et une bonne dose de Struts ! C'est l'une de ses soirées où les plus jeunes parmi nous regrettent de ne pas avoir vécu dans les années 70 et 80 pour voir en live ces grands noms du rock de l'époque. The Struts et leur show exceptionnel nous font replonger dans cette époque et nous donnent un aperçu de l'ambiance qu'il a dû y avoir. Et le public leur en est reconnaissant. Impossible de sortir de ce concert sans un grand sourire aux lèvres et d'étoiles pleins les yeux.