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New Order

Lyon, Nuits de Fourvière - 28 juin 2019

Live-report par Olivier Kalousdian

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Habituellement, les premières dates programmées au Nuits de Fourvière marquent le début tant attendu des températures estivales et de l'été. En ce 28 juin 2019, nous prions déjà pour la fin de celui-ci et le début d'un automne que nous aimerions très précoce ! Avec 44 degrés dans le Vaucluse et 40 degrés à Lyon en journée, la France subit une vague de chaleur dont les valeurs flirtent avec celles du Sahara. C'est peu de dire que les 4400 spectateurs du théâtre antique qui se pressent ce soir attendent, avec impatience, la disparition de l'astre solaire et le début d'une nuit que tout le monde espère un peu moins torride.

Agglutinés autour du bar des Nuits de Fourvière, des milliers de fans ingurgitent des mètres cubes de boissons en tout genre. A 21h15, le groupe rennais Mermonte dévoile sa pop orchestrale flirtant souvent avec le krautrock devant un parterre encore clairsemé. Il fait encore 30 degrés... Ironiquement, un mois auparavant c'est Hooky alias Peter Hook, ex-bassiste de New Order à nouveau brouillé avec son ancien-line up qui se produisait dans la capitale des Gaules. Il y interpréta de nombreux titres de Joy Division et de New Order, noms de scène dont il ne peut plus se prévaloir.

Évitant le gros de la chaleur, le nouvel ordre de Bernard Sumner investit la scène du théâtre antique de Fourvière à 22h15 sous l'air de l'Or du Rhin de Richard Wagner. Une entrée accompagnée d'images vidéos attribuées à Leni Riefenstahl en arrière-plan. De très bon goût dans un pays qui vient de porter aux nues l'extrême droite lors des dernières élections ! Très vite, trois titres de Joy Division sont joués à la suite : She's Lost Control, Shadowplay et Transmission. Pour celles et ceux qui ont connu la période originelle de Joy Division et son atmosphère ombrageuse et épileptique, l'affront est sévère.

Malgré la présence de trois membres originels de New Order (Bernard Sumner, Stephen Morris et Gillian Morris), les interprétations musicales sont trop concises, trop ordonnées. Quant au flow de « Barney », il laisse transparaître une lassitude, une fatigue que nous attribuerons à la répétition de l'exercice, ou à son âge (62 ans)...
S'ensuit le sublime Your Silent Face qui, sur des images de mer et de ciel bleu azurs découpés sur fond de mégapoles à l'américaine, répand sa mélancolie planante sur un théâtre antique sold-out et totale
ment acquis à la cause, quelle qu'elle soit en cette soirée de nostalgie. Puis, des titres encore plus hypnotiques et emblématiques comme Subculture, The Perfect Kiss ou Bizarre Love Triangle font vibrer la colline de Fourvière. Tous les quinquas et quadras se souviennent, alors des descentes chez le disquaire Boul'dingue à Lyon dans les années 80 et de leur quête effrénée de ces maxis 45 tours dont la transparence dans des tons bleus en faisaient des objets de convoitise (et de collection). Agissant sur les endorphines des milliers de spectateurs debout dans les gradins – comme tout souvenir émotionnel peut le faire au niveau des synapses – l'électronica de New Order fait mouche sous un déluge d'artworks signés Peter Saville et projetés en arrière scène sur les nombreux écrans vidéos.

Finalement, le maillon faible de New Order reste Bernard Sumner et ses intonations souvent maladroites confinant parfois à la pop ou la variété. Qu'est-il advenu de l'apathique et implacable machine faite d'acier et de micro-processeurs, brillant dans la nuit comme un panneau solaire de l'ISS dans le noir sidéral de l'espace et qui conjuguait, si talentueusement neurasthénie et ivresse hallucinatoire ? La question mérite d'être posée, et pas seulement à Hooky. Sans prendre partie dans la bataille qui oppose les deux anciens amis, on est en droit de préférer les interprétations sombres et chaotiques de Peter Hook & The Light (y compris et surtout quand il s'agit de rejouer du Joy Division) au sentiment de gêne que produisent les modulations vocales forcées et les trémolos appuyés de Barney sur la fin des couplets.

Un constat qui devient encore encore plus évident quand vient le temps de l'unique rappel et de l'inévitable Love Will Tear Us Appart. It's a cruel, cruel Sumner !
setlist
    Singularity
    Restless
    She's Lost Control (Joy Division cover)
    Shadowplay (Joy Division cover)
    Transmission (Joy Division cover)
    Your Silent Face
    Tutti Frutti
    Subculture
    Bizarre Love Triangle
    Plastic
    The Perfect Kiss
    True Faith
    Blue Monday
    Temptation
    ---
    Love Will Tear Us Apart (Joy Division cover)
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