Muse ne restent jamais longtemps loin de leurs fans. A peine le temps pour eux de finaliser leur huitième album
Simulation Theory et les revoilà partis pour une nouvelle tournée entamée en février. Elle se clôturera le 15 octobre au Pérou. Au milieu du tour : le Stade de France pour deux dates consécutives. Rien n'est assez grand pour le groupe. Nous avons assisté à leur première date, vendredi 5 juillet.

En première (seconde) partie, le groupe de rock américain
Weezer chauffe le public qui se prête de bon cœur au jeu. Les quarante-cinq minutes de set glissent avec facilité grâce à leurs titres les plus célèbres et leur dernier album de reprises. Alors que le soleil se couche sur le Stade de France, l'ambiance est festive, empreinte de nostalgie. La fosse reprend en coeur
Take On Me de A-ha,
Happy Together de The Turtles, sans omettre
Island The Sun, dont le « hip hip » nous reste encore en tête dix-huit ans plus tard.
Une demi-heure de pause. Cela laisse le temps aux retardataires d'arriver, dont certains se précipitent pour chercher les meilleures places encore disponibles. Le fond de musique instaure une tension, tout en nous plongeant progressivement dans l'ambiance avec des influences rétro, aux premières heures de l'électro New Wave. Rien n'est laissé au hasard puisque
Simulation Theory s'inspire du mouvement futuriste des années 80. Des olas soulèvent le stade d'un bout à l'autre à quelques minutes du début du concert. Muse se font attendre, mais aussitôt les premières notes résonnent que leur retard est déjà oublié.

21h25, les choses sérieuses commencent. Sur l'écran géant, on peut lire « We are caged in simulations » annonçant le titre
Algorithm. Le ton est donné. Ce soir, Muse comptent bien nous faire vivre une expérience à part, nous extraire de notre quotidien, loin de la réalité. Dom à la batterie trône au milieu d'une scène surélevée, Chris toujours affublé de sa basse lumineuse. La voix de Matthew Bellamy s'élève. Nous le cherchons du regard. Il jaillit au milieu de l'avancée centrale, encerclée d'une armée de cuivres, élevant au ciel un bras robotisé.
Second morceau, ils frappent efficacement avec
Pressure. Muse reviennent avec un esprit plus rock dont ils s'étaient progressivement éloignés depuis
The Resistance jusqu'à
Drones. L'efficacité est payante et les titres s'enchaînent dans une ambiance toujours plus sombre. Le riff de
Break It To Me est lourd et oppressant, tandis que des hommes en combinaison marchent en rappel sur l'écran géant. Muse nous fnot descendre dans les profondeurs, comme si nous revenions au fondement, à quelque chose de brutal et d'agressif qu'on ne contrôle pas tout à fait. Le public se libère sur le titre suivant, chantant à l'unisson le refrain de
Uprising.
La setlist loin d'être décevante nous ramène quelques années en arrière avec
Plug In Baby, Hysteria, Take A Bow, Time Is Running Out, ainsi qu'un medley qui a de quoi ravir les fans de la première heure. A la suite :
Stockholm Syndrome / Assassin / Reapers / The Handler / New Born. A défaut de pouvoir entendre la discographie complète de Muse en deux heures, le choix des morceaux est bon et colle parfaitement à l'esprit instauré.

Le show en met plein les yeux : hommes-robots, jets de fumée et monstre sortant du sol. Matthew Bellamy multiplie les accessoires plus loufoques les uns que les autres : entre lunettes lumineuses, celles affichant les paroles de
Madness, la veste « magique »... On regrette néanmoins de devoir atteindre le milieu du set que la nuit tombe, pour profiter pleinement des jeux de lumières.
Au-delà de ce côté clinquant - ou sombre, c'est selon - qui en met plein les yeux,
Simulation Theory aborde d'un oeil critique les nouvelles technologies. Le groupe cherche toujours à aller plus loin dans ses mises en scène et sur sa vision de l'homme. Un regard intéressant couronné de créativité.
Muse terminent sur le traditionnel
Knights Of Cydonia après une introduction à l'harmonica par Chris, la célèbre bande-son de
Il Etait Une Fois Dans l'Ouest d'Ennio Morricone. Un final qui met en lumière tout le superbe du groupe.
Deux heures de concerts qu'on ne voit pas passer, riches tant musicalement que scéniquement parlant. Après un show relativement épuré pour le Drone Tour, Muse retrouvent leur part d'exubérance, tout en restant dans cet esprit rock qui leur est cher.