La journée du lundi 2 juillet a démarré avec l'habituelle canicule lyonnaise, rendant l'air irrespirable. Coup du sort trois quart d'heure avant le show, une forte pluie s'est abattue sur le théâtre antique des Nuits de Fourvière. Nous avons même pensé à une éventuelle annulation des concerts, tant les éclairs étaient nombreux à strier le ciel. Pourtant, l'appel de la musique est plus fort que ça. Les festivaliers les plus courageux avaient rempli la fosse et allaient assister à ce qui allait être, une secousse électrique...

Avec plusieurs minutes de retard, les anges de l'Angleterre
IDLES débarquent enthousiastes, avec la ferme intention de bousculer le public lyonnais. Petit plus, le chanteur et le guitariste sont venus affronter les gouttes avec le poncho en plastique du festival : un beau signe de solidarité.
Le set est d'une efficacité à toute épreuve. On ne s'ennuie pas une seconde puisque sur scène, IDLES donnent absolument tout. Le groupe débute avec le morceau
Colossus et sa surprise noise : les pogos commencent déjà à se former. Normal, le couple batterie-basse tient fermement les tempos excessifs sans broncher sur
Never Fight A Man With A Perm et
Mother. Le charismatique Joe dirige son auditoire en présentant régulièrement les chansons, efforts tous faits en français : « nous sommes féministes ». La joie de vivre se lit franchement sur les visages des musiciens. L'électron libre Mark Bowen se jette plusieurs fois dans la foule, en jouant violemment sur sa Fender Mustang jaunie sous la pluie, comme si ce concert était le dernier. Il est aussi un spécialiste du duck-walk (ou du riff Thunderstruck improvisé).

De manière générale, les morceaux sont terriblement efficaces. Avec des amplis en surchauffe constante, les guitares hurlantes de
Divide & Conquer, Love Song, et
I'm Scum donnent une vision apocalyptique du théâtre gallo-romain. Suite aux nombreux remerciements du leader et une reprise dézinguée d'
All I Want for Christmas Is You, les anglais font partir le tonnerre dès le final du cinglant
Rottweiler.
Une chose est sûre, ceux qui attendaient uniquement la venue d'Interpol sans connaître cette première partie eurent les oreilles débouchées. De notre côté, IDLES ont gardé leur folle réputation du groupe à ne pas manquer.
La pluie a cessé, permettant à tout un chacun de retirer sa capuche dégoulinante d'eau. Une fois que les lyonnais ont rechargé leur pinte de 40cl,
Interpol se pointent peu avant 22h30. Paul Banks et sa clique sont vêtus de leurs costumes fétiches et ouvrent avec
Untitled. Ce soir, nous assistons à une performance millimétrée. La boule à facette et les lumières stroboscopiques contribuent à un visuel saisissant, alors que les membres du groupe eux, restent sur leurs places la plupart du temps.

Les bons moments sont nombreux avec les hits chantés par la voix atypique et nasillarde :
C'mere, Obstacle 1, Say Hello To The Angels ou encore
Evil. Cependant, le groupe a tendance à presser les tempos. C'est le cas de
NYC jouée à toute vitesse, sous l'impulsion d'un batteur-horloge trop emballé par sa propre énergie. Dommage. La communication est aussi plutôt mise de côté, si ce n'est la présentation de quelques membres de la formation et quelques remerciements, rapides eux aussi.
Les morceaux d'
El Pintor et de
Marauder que sont
Complications et
The Rover n'ont pas convaincu et donnent une impression de « déjà-vu » en milieu de concert.
C'est autrement qu'Interpol se défendent : pas une note n'échappe aux musiciens expérimentés. Les fans se voient offrir un superbe rappel (
Leif Erikson, Slow Hands, Roland).
Turn On Bright Lights ou
Antics restent des indémodables, toujours aussi appréciables en live. Par conséquent, un écart se creuse avec les compositions récentes. Peu importe, puisque les fans ont validé le concert avec joie, et n'ont pas manqué de remercier Interpol avec le rituel du lancer de coussins verts sur la scène. Chaque membre repart souriant d'avoir hypnotisé les spectateurs qui se sont montrés attentifs plutôt que déchaînés.