Hozier a rempli l'Olympia de Paris malgré la grève puissante des métros et l'appel des terrasses dû à un retour de la chaleur. Les attentes étaient donc élevées. Rassurez-vous, les prières ont été entendues, les vœux exaucés et la messe a été dite de façon magistrale.

La première partie est assurée par le chanteur folk -irlandais lui aussi-
David Keenan. Ce jeune compositeur, accompagné simplement de sa guitare et tout de bretelles vêtu, entonne un répertoire composé de chansons poétiques et interprétées tels des contes. En effet, David Keenan se pose en barde moderne, le costume en moins. Les chansons racontent des histoires simples, dépeignent des paysages et sont illustrées par de nombreux commentaires joyeusement délivrés par l'artiste. Tel un Gerry Cinnamon, le côté déjanté en moins, David Keenan arrive à capter l'attention de tout un Olympia pourtant bouillonnant d'impatience pour ce qui suit.
Arrive enfin
Hozier sur une scène garnie de multiples instruments et toute en douceur car recouverte de tapis d'Orient. Dans la parfaite lignée de son second album
Wasteland, Baby! qui a plus que convaincu lors de sa sortie en mars dernier, Hozier livre un concert riche en tout point. Depuis la confirmation de son succès international, la présence sur scène s'est étoffée. C'est maintenant accompagné de sept musiciennes et musiciens que Hozier mène son tour de chant toujours aussi poignant.
La sonorité gospel blues du second album qui a vraiment fait prendre de la hauteur à son compositeur est sur la scène de l'Olympia parfaitement rendue car les pianos, violons et multiples percussions viennent offrir un écrin presque mystique à la guitare folk de Hozier.

Les sonorités rock persistent mais sont bien moins représentées que lors des concerts de son premier album, Hozier restant le seul équipé d'une guitare tout au long du set. Les choristes retranscrivent les nombreux chœurs qui parcourent tout le second disque et cela donne une intensité particulière au live. Les musiciens en viennent même à éclipser la présence de Hozier qui reste particulièrement réservé, malgré les sourires et les nombreux dialogues avec le public entre les titres.
Cette douce timidité est vite pardonnée à la faveur d'une voix incroyablement puissante, qui interprète tous ces titres avec foi et passion, incitant rapidement l'audience à se lever (l'Olympia ayant opté pour une fosse en mode orchestre assis, l'élan des spectateurs est naturellement bridé dans cette configuration).
Les titres choisis brassent largement les deux albums, et le mythique
Take Me To Church transforme la fin de concert en communion vibrante et militante, Hozier brandissant intelligemment à ce moment le drapeau arc-en-ciel riche en messages de tolérance.
Hozier est un artiste rare car il est aussi modeste que talentueux. Cette montée en puissance se répercute sur le style du public : dorénavant plus varié et de tout âge. De même, le parti pris des concerts très orchestrés et dans des salles de l'acabit de l'Olympia font un peu perdre de ce côté folk-rock indé que dégageait l'artiste à ses débuts. Mais on ne peut qu'être satisfait de cette notoriété plus que méritée.