King Krule alias Archy Marshall revient à Paris cette fois sur la prestigieuse scène de l'Olympia, quelques jours après la sortie de son nouvel album
Man Alive! qui nous expose un musicien revenant d'une phase plutôt sombre et refaisant ainsi surface dans le monde des vivants.
Ce dernier disque, bien ancré dans cette ambiance cloisonnée faite de smooth jazz, d'electro et toujours de guitare aux râles profonds est à l'image de la prestation généreuse (dix-sept titres pour 1h30) de King Krule, accompagné de cinq musiciens, dont les très bon batteur et joueur de saxophone qui mèneront la cadence tout du long de par leur jeu et leur présence sur scène.
La première partie est assurée par
Jerkcurb, groupe mené par le londonien Jacob Read et dont le style se marie très bien avec l'imagerie liée au monde de King Krule.
Accompagnés d'une basse omniprésente et de deux choristes féminines (chose qui se perd chez les jeunes formations), le rendu tend également vers ce jazz expérimental aux riffs généreusement nappés de synthé, créant ainsi une ambiance un brin mystérieuse. Jacob Read frappe du pied, se contorsionne, accompagne de petits cris ses riffs qu'il étend longuement, et prépare la salle qui lui accorde toute son attention.

La scène est parée de longs pans de rideaux noirs aux petits carreaux représentant les fenêtres des buildings que l'on trouve dans les grandes métropoles telles New-York. Le jeu de lumières fait de couleur vives et presque agressives vient par intermittence mimer les éclairages d'une ville le soir, entre les feux de circulation, les gyrophares et les panneaux publicitaires dont la pollution lumineuse fait tout le charme de nos grandes cités.
C'est donc dans le cœur de la ville la nuit tombée que King Krule nous accueille. Toujours très peu loquace, particulièrement mal engoncé dans ses vêtements trop larges et assez réservé, c'est pourtant d'un pas et d'un chant assuré que Archy Marshall va mener le set.
La setlist très généreuse brasse large et laisse une belle place aux titres du nouvel album récemment dévoilé.
Dum Surfer suivi de près par
Cellular ancrent réellement l'ambiance dans ce climat assez angoissant du fait des sonorités sombres et des lourdes lignes de synthétiseurs. La voix très grave de King Krule, qui déclame plus qu'il ne chante, rend le tout hypnotique.

Le public se laisse ainsi guider à l'aveugle, le set passant de morceaux rageurs au flow tourmenté à des ballades apaisées au résonances jazzy réellement mises en valeur par le saxophone puissant mais jamais écrasant. Archy Marshall se positionne ainsi en guerrier urbain brandissant sa guitare telle une mitraillette en direction du public sur les premiers, pour la laisser dans son dos et ranger ses mains sagement dans ses poches lorsqu'il interprète de façon apaisée les seconds.
Les titres le plus connus parsèment la setlist et le final est de taille avec en unique rappel
Out Getting Ribs, réclamé dès les premières minutes par le public.
King Krule a réellement dominé un Olympia archi plein de sa présence nonchalante et pourtant si charismatique. Avec tout ce talent à vingt-cinq ans à peine, on peut envisager la suite du parcours de façon très optimiste.