Pour célébrer leurs trente années de carrière, les Tindersticks ont dans un premier temps sorti un Best Of sous différents formats (du CD au vinyle en passant par un boxset). Les voici enfin de retour sur scène, pour deux dates en France, la première à Lille au Théâtre Sébastopol et la seconde à Paris au Grand Rex. Deux salles magnifiques pour illustrer leur musique en live. A cette occasion, les Anglais se sont entourés de musiciens supplémentaires, notamment d'un quartet à cordes.
Il est 20h30 quand les lumières s'éteignent enfin dans le Grand Rex. Comme souvent, aucun artiste n'ouvre pour la formation de Notthingham. Quatre membres du groupe pénètrent sur la scène : Neil Fraser, David Boulter, Dan McKinna et enfin Stuart Staples. C'est donc en format réduit que
Willow, phase d'ouverture de cet évènement, est interprété. Le son est magnifique, la voix du leader des Tindersticks résonne à merveille dans la salle.
C'est déjà une certitude, nous allons vivre un concert d'une immense beauté. A l'issue de la chanson, l'excellent batteur Earl Harvin rejoint ses compères pour une version retravaillée, avec notamment une boîte à rythmes, de
A Night So Still. On est forcément déjà charmé. Les musiciens, tout au long du concert, multiplieront les changements d'instruments, le magicien David Boulter passant du xylophone au clavier, Dan McKinna du clavier à la basse... Si la version de
Medicine est forcément envoûtante, que dire de celle de
She's Gone, qui voit l'arrivée sur scène d'un premier violon, et qui sera assurément l'un des moments phares de ce concert évènement.
Que ce soit juste derrière son microphone, avec une guitare acoustique ou électrique, Stuart Staples, chapeau vissé sur la tête, est littéralement immergé dans ses chansons. Sur
Sleepy Song, où Terry Edwards vient à son tour accompagner ses camarades de longue date, ou sur
Her qui voit la scène se remplir au total d'une vingtaine de musiciens, l'émotion est omniprésente. Sur cette dernière chanson, l'interprétation est flamboyante et électrisante. Il fallait bien
Another Night In pour nous remettre de son intensité, mais cette fois c'est la mélancolie qui nous gagne, notamment avec la grosse dizaine de cordes qui viennent sublimer la chanson. On se dit alors que cette musique est belle à pleurer, et la version lumineuse de
How He Entered nous remplit à son tour d'émotion. Les chansons s'enchainent, on ne voit pas le temps passer. La setlist est tout bonnement exceptionnelle.
Trees Fall,
Pinky In The Daylight et l'inédit du Best Of,
Both Sides Of The Blade, sont juste magiques. La présence de
Johnny Guitar dans le set surprend. Elle avait été découverte en 2015, notamment à la Philharmonie de Paris. L'interprétation de la chanson de Peggy Lee est encore plus émouvante qu'à l'époque.
C'est alors que Gina Foster arrive à son tour sur la scène du Grand Rex, pour apporter du groove à cette soirée. Que ce soit lors du duo
Travelling Light avec Stuart Staples, pour
Show Me Everything ou encore sur
This Fire Of Autumn, sa voix et son énergie viennent s'ajouter à la merveilleuse musique qui déferle dans la salle parisienne. Stuart Staples nous avait prévenu que cette tournée avec orchestre serait quelque chose de rare et donc d'immanquable pour tout fan du groupe. Même en ayant eu l'occasion à de nombreuses reprises de voir cette formation sur scène, il faut bien reconnaitre que nous assistons là à une des plus belles soirées en leur compagnie.
For The Beauty vient conclure de la plus belle des manières plus d'une heure trente de beauté enchanteresse.
Le groupe quitte la scène, la salle acclame les Tindersticks qui reviennent sur scène pour un rappel magistral de quatre chansons. C'est une version incroyable de
My Sister qui l'inaugure. Le groupe se lâche musicalement sur celle-ci, et nous procure une joie folle. Mais bien évidemment, l'émotion est à son comble lorsque le groupe interprète
Sometimes It Hurts, dédiée à Lhasa de Sela, que Stuart raconte avoir vue dans cette salle la dernière fois qu'il y était. Le final de son interprétation est juste bouleversant avec le leader de la formation quasiment en solo.
Tiny Tears, toujours aussi sublime, vient clore un spectacle de deux heures d'une intense émotion.
Les Tindersticks nous ont donc offert une performance rare et tout simplement époustouflante. D'une incroyable beauté, l'harmonie musicale était de mise pendant cette soirée et nous a littéralement transporté avec cette précieuse magnificence. Les trente ans de carrière du groupe ont été célébrés de la plus belle des manières. On ne peut que leur dire merci de nous avoir offert un tel cadeau.