Mise en attente durant de longs mois en raison des contraintes sanitaires liées à l'épidémie du virus COVID-19, la tournée de Mogwai accompagnant la sortie de leur dixième album,
As The Love Continues, a finalement vu son coup d'envoi donné il y a quelques semaines aux États-Unis, la formation de Glasgow poursuivant son périple en ce printemps en Europe, et plus précisément à Paris à la Salle Pleyel ce samedi 7 mai.
Si la forte offre de concerts depuis quelques semaines a pu s'accompagner de quelques déconvenues pour certaines formations contraintes de se produire face des publics épars, c'est bien dans une salle copieusement remplie que la bande à Stuart Braithwaite effectue son grand retour dans la capitale, le regain de popularité rencontré depuis le succès critique et commercial de leur dernier disque en date n'y étant certainement pas pour rien. Comme à leur habitude, les Ecossais ont choisi une première partie de qualité, à savoir
bdrmm, dont le premier album découvert en 2020 avait reçu un bel accueil. Près de deux années plus tard, le quintet devenu quatuor et auteur de deux excellents nouveaux singles ces derniers temps, confirme dans des conditions live ses aptitudes. Les t-shirts à l'effigie de The Jesus And Mary Chain et Sonic Youth arborés par deux des membres du groupe ne trompent pas, leurs compositions hypnotiques mêlant shoegaze, noise et post-punk pour un résultat des plus convaincants. Si le récent
Three fraîchement publié ne sera pas joué ce soir, l'excellent
Port sera le point culminant d'un set dont on retiendra le mur de guitares permanent et l'apport ponctuel d'un chant distant et noyé dans la réverb. Appliqués et peu communicatifs, les quatre membres de bdrmm auront avant tout fait parler leur talent ce soir, de quoi faire grandir un peu plus encore les attentes liées à la sortie d'un futur second album espéré prochainement.
Une petite trentaine de minutes plus tard,
Mogwai pénètrent enfin sur scène, Stuart Braithaite déclamant son désormais traditionnel "we are Mogwai from Glasgow, Scotland" en direction du public. Toujours présent sur scène aux cotés des Écossais depuis 2016, le guitariste Alex Mackay prend place derrière les claviers aux cotés de Barry Burns le temps d'un très aérien
To The Bin My Friend, Tonight We Vacate Earth permettant à tous d'apprécier l'acoustique exceptionnelle des lieux ce soir. Si le groupe ne cache pas son plaisir se de produire à nouveau dans la capitale, la prestation de haute-volée mais aussi une setlist très riche et proche de la perfection vont permettre à Mogwai de remporter tous les suffrages. Enchaînant avec un extrait inespéré de leur premier album,
Yes! I Am A Long Way From Home, le quintet mue dès le titre suivant vers une formule à trois guitares qu'il ne quittera plus, ou presque, de la soirée, faisant vibrer la salle avec un
Rano Pano rugueux et jouissif avant que le très aérien
New Paths To Helicon, Pt. 1 puis
Killing All The Flies, marqué par le passage de Barry Burns au chant, ne fassent dodeliner les têtes.
Avec des jeux de lumières somme toute sommaires et une mise en scène centrée sur un drap géant à l'effigie de leur dernier album placé en arrière-plan, le salut de Mogwai passe ce soir par le seul talent des musiciens et une alchimie n'étant désormais plus à prouver. Dans la foulée du dynamique
How To Be A Werewolf tiré de
Hardcore Will Never Die, But You Will, le groupe effectue un crochet vers le mythique
Come On Die Young avec un titre trop rarement oublié,
Ex-Cowboy, mais exécuté à la perfection. C'est à cet instant que trois titres extraits du récent
As The Love Continues vont alors être enchaînés : le dispensable
Midnight Flit, seul petit bémol de la soirée, puis
Ceiling Granny et
Drive The Nail durant lesquels Mogwai imposent leur puissance, le second nommé constituant assurément l'un des temps forts des prestations live du groupe depuis ses toutes premières interprétations en live. Tandis que
Remurdered fait une fois encore l'effet d'un rouleau-compresseur, c'est avec un brutal
Like Herod que le set principal se voit achevé. Complètement acquis à la cause des écossais, le public se voit à nouveau récompensé en rappel avec l'accrocheur single
Ritchie Sacramento, mais aussi et surtout le majestueux
Mogwai Fear Satan passant du calme à la tempête pour un final parfait à l'image d'une prestation qui l'aura été tout autant.
Un concert magistral de bout au bout de la part d'un groupe au sommet de son art, près de trente années après sa formation.