Pas de point météo aujourd'hui, vous suez sans doute comme moi en ce moment, pas besoin de vous le rappeler. Laissez-moi plutôt vous donner une astuce de pro pour vous rafraîchir en ces temps difficiles si vous passez à l'occasion au Trabendo (les fabricants de clim me détestent). Cette salle atypique et au combien sympathique dispose en effet, à droite de la scène dans la fosse, de la possibilité de se coller à un immense caisson de basses, et ainsi profiter de l'air brassé par le très agréable déplacement des haut-parleurs.
Pour apprécier au mieux cette petite astuce,
Serpent, première partie parisienne de White Lies ce soir, est un groupe particulièrement bien adapté. Du funk teinté de rock, dansant, rempli de basses groovy, et un chanteur qui sonne un peu comme Mathieu Chedid (sans les aigus). Un groupe qui marche plutôt bien en live, grâce à un style et un charisme tout à fait intéressants de l'ensemble des musiciens. On passera rapidement sur la chemisette multicolore pixellisée de notre ami chanteur, le bougre enfilant même une version tigrée rouge et noire de la même chemisette pour la partie rangement du matos.

Point mode il y eut, point mode il n'y aura pas avec
White Lies, beaucoup trop sobres et efficaces pour s'adonner à un quelconque débordement vestimentaire. Dans un Trabendo plutôt bien rempli, au public chauffé et conquis d'entrée, les trois ouest-londoniens (accompagnés par un claviériste) relâchent directement le tube
Fairwell To The Fairground, à l'efficacité pop-rock diabolique. Break de batterie, coupure des lumières, montée jusqu'au refrain final et un public directement invité à chanter, taper dans les mains, et surtout danser.
Sautillant et massif sont sans doute les deux adjectifs qui décrivent le mieux ce qu'est White Lies en live. Un peu comme un hippopotame sur un trampoline. Le son est lourd, plein, la technique impeccable, le caisson de basses ventilant bruyamment la salle. Chaque chanson est légèrement revisitée de manière à ne jamais laisser le public arrêter de se déhancher ou de bouger la tête. La setlist mixe un peu tous les albums, d'abord sur une ambiance très pop-rock jusqu'à
Hurt My Heart, pour dériver sur un mood disco-funk avec la suite
Time To Give / Is My Love Enough?, et surtout l'imparable
Step Outside, avec supplément basse slappée en live qui nous fait plonger en pleine décennie 70's.
First Time Caller sera la seule parenthèse « chanson émotive », plutôt bien située en milieu de set, qui permet aux uns de faire redescendre la température interne, et aux autres de faire un slow câlin aux gens autour d'eux (avec leur consentement, parce que le consentement, c'est important). Le set reprend entre pop-rock et post-punk jusqu'à l'entracte, incluant
Unfinished Business, premier single du groupe, qui aura droit à son petit discours de Harry McVeigh sur le chemin parcouru jusqu'ici, ainsi que la joie du groupe de pouvoir enfin jouer ce concert à Paris déjà reporté deux fois. Le public approuve, nous aussi, car il aurait été dommage de se priver d'un si bon moment.
Le rappel est lancé sur
Death, deuxième plus gros tube de White Lies, et sera l'unique occasion lors de laquelle le public se lâchera véritablement, sautant dans tous les sens à l'issue des montées himalayennes de la chanson. Une parenthèse de folie dans un concert ultra maîtrisé, conclu par
As I Try Not To Fall Apart, très belle, et
Bigger Than Us sous les hourras d'un public ravi et venu en nombre.
On resterait bien boire un verre sur la terrasse du Trabendo pour passer la surchauffe, les températures devenant enfin supportables dans le Parc de la Villette, mais un mercredi soir la RATP n'attend pas !