Alors qu'on attend toujours (vainement ?) une suite à
Music Complete paru en 2015, New Order continuent à arpenter le monde pour des performances live. La date au Zénith de Paris étant la seule passant par le France, aussi c'est sans grande surprise que celle-ci affiche (quasiment) complet.
A la différence de la tournée américaine avec les Pet Shop Boys l'année dernière, c'est
Mark Reeder, un ami du groupe, qui ouvre le bal de cette soirée en chauffant la salle avec une sorte de DJ set. Il est important de préciser une sorte car les morceaux passés ne sont ni mixés, ni enchainés. L'Anglais diffuse des titres de son répertoire ainsi que des remixes qu'il a réalisés pour New Order, tels que
Be A Rebel ou
Academic, et ceux-ci dans leur intégralité. Si la performance de trente minutes reste louable, elle n'en est pas moins surprenante et n'enthousiasme pas plus que ça le public. La demi-heure d'attente restante se fera au son de Massive Attack, Tame Impala, Lou Reed ou encore Magazine, le dernier titre n'allant pas à son terme car l'intro annonçant l'arrivée des Mancuniens sur scène lui cloue le bec. Sur un remix de
Touched By The Hand Of God et des images de plongeon en noir et blanc puis en couleur, incluant notamment la pochette de
NOMC15, disque live paru en 2017, les cinq membres de New Order prennent possession de la scène. Barney Sumner lance au public : « Hello Paris, it's good to be here again » avant de débuter
Crystal qui sera rapidement interrompu en raison d'un loupé du chanteur/guitariste. La seconde tentative sera la bonne et on peut d'emblée constater le son immensément fort qui raisonne dans le Zénith. C'est d'ailleurs souvent un problème récurrent avec ce groupe, le concert du retour au Festival des Inrocks en 2001 ayant également été une orgie de décibels.

On ne va pas raconter une fois encore la même histoire mais à cette époque Peter Hook était toujours présent eu sein du groupe. Tom Chapman le remplace depuis et il faut bien reconnaître que sans ce son si caractéristique, New Order n'est plus exactement New Order. Bien sûr cela n'empêche pas le groupe de continuer sa route, et l'intelligence a été de ne pas essayer de reproduire ce que Hooky apportait au groupe. La basse est maintenant beaucoup plus standard mais cela n'empêche donc pas les Anglais de continuer à jouer à volume très élevé.
Age Of Consent, premier retour vers l'âge d'or du groupe avec les fameuses nappes synthétiques et le rythme de batterie de Stephen Morris, s'avère toujours impeccable. C'est toutefois avec
Ceremony que New Order vont vraiment gagner en qualité sonore. Malgré le passage à une troisième guitare pour la claviériste du groupe, le son est moins punchy. On ne reçoit plus la même tempête sonore que sur les deux chansons précédentes et cela fait du bien. Barney conclut l'interprétation d'un « Merci beaucoup » en Français. Si
Restless retrouvera ensuite cette puissance déjà évoquée, la première surprise de ce concert réside dans le choix de
Shake It Up, extrait de
Lost Sirens, dans la foulée. Le morceau n'avait jamais été joué sur scène avant cette tournée et le groupe semble heureux de l'interpréter, notamment Barney qui délaisse sa guitare pour se dandiner pendant celui-ci.

On connaît tous l'histoire de la transformation de Joy Division en New Order, avec la disparition brutale de son leader Ian Curtis. Depuis longtemps maintenant les Mancuniens extraient de la discographie du défunt groupe quelques morceaux.
Isolation est le premier choisi lors de ce concert. La version perd en noirceur et sonne vraiment comme une interprétation remaniée. On ne reviendra pas sur le son très bizarre de la basse de Tom Chapman sur
Your Silent Face mais on restera étonné, pour ne pas dire déçu, du choix de
World dans la setlist, malgré sa rareté sur scène. Celui-ci étant justifié par le tournage de son vidéo clip à Cannes.
Ce sera la dernière surprise dans la liste des morceaux joués. Si
Be A Rebel, dernier inédit en date sorti par le groupe en 2020, fait bonne figure, l'interprétation live de la Planet Funk version de
Waiting For The Siren's Call nous enflamme moins. New Order déroule ensuite bon nombre de leurs tubes dansants dans des versions parfois technoïdes (
Sub-culture,
Bizarre Love Triangle,
True Faith). Le set se conclut par l'hymne
Blue Monday, précédé du gigantesque
Temptation. Quelques minutes de battement puis les cinq britanniques reviennent pour un rappel Joy Division-ien conclu par l'inévitable
Love Will Tear Us Apart. « Forever Joy Division », comme il est alors mentionné sur l'écran en fond de scène.
Au final, ce sont pas loin de deux heures que New Order auront offert à l'audience. Alternant classiques et tubes, le quintet Mancunien aura su intelligemment séduire son public malgré un son parfois difficilement supportable. On regrettera les deux titres en moins par rapport à leur date précédente :
1963 et
Vanishing Point n'auraient pas été de trop pour rendre cette soirée vraiment très belle.