Tom Odell était attendu ce 7 avril 2024 ! Initialement programmé à la Salle Pleyel, en raison d'une importante demande, c'est finalement sur la scène du Zénith que nous le retrouvons ce soir à Paris.
Pour la tournée de Black Friday, son sixième album (déjà !), j'étais à la fois pétrie d'attente et de doutes de retrouver l'artiste après l'avoir vu huit ans plus tôt : entre un concert mémorable à la Boule Noire et son dernier album avec de jolies chansons, mais que je trouvais un peu plat... Je ne savais pas exactement à quoi m'attendre. Déception ou ovation ?

Quand j'arrive dans la salle du Zénith qui affiche complet,
Wasia Projet, en ouverture de cette soirée, semblent déjà conquérir le public. On les dirait tout droit sortie de l'université avec leur costume cravate, un look un peu sage pour ce groupe d'indie pop et une chanteuse qui a le groove dans le sang. Le duo frère-sœur, accompagné de ses musiciens, navigue entre différents styles, tandis que la voix d'Olivia Hardy est tantôt aérienne, tantôt plus agressive. Mais à peine avons-nous le temps de découvrir leur univers que, déjà, ils quittent la scène après seulement vingt-cinq minutes de set.
En comparaison, l'attente de trois quarts d'heure jusqu'à ce que Tom et son band arrivent sur scène nous paraît in-ter-mi-nable (non, j'exagère à peine !). Les flashs des téléphones s'agitent, les gradins grondent, les mains s'élèvent dans une holà générale, les cris s'élèvent... Jusqu'à ce qu'enfin le groupe entende notre appel. Sur fond noir, s'éclaire en lettres manuscrites blanches le message "Tom Odell & his band welcome you to the Black Friday Tour". Tombée de rideau !
Tom Odell, debout, les doigts accrochés à son piano, entame les premières notes de
Loving You Will Be The Death With Me avec énergie, entouré de ses six musiciens tous mis en valeur, comme s'ils ne formaient qu'un seul corps. La vedette, ce n'est pas seulement Tom ce soir, c'est cet ensemble. La formation large qui compte deux membres aux cuivres, plusieurs aux cordes (dont un violon) et une batterie, fait naître un sourire sur mon visage. Ça y est, je retrouve bien là Tom Odell et sa capacité à nous surprendre ; la promesse est au rendez-vous.
S'il commence en douceur, le chanteur originaire de Chischester, n'attend pas la moitié du set pour satisfaire son public et nous sert, dès le second titre, ses morceaux les plus emblématiques. Il déroule les premières notes de
Can't Pretend d'abord seul au piano, avant d'être rejoint par un chœur, puis par le reste du groupe dans un crescendo de puissance qui se termine sur les cris de Tom. C'est fin, beau, puissant, explosif... La composition, plus travaillée et pure sur scène, permet de mettre en évidence toute l'émotion des textes. Il enchaîne avec
Magnetised, dont les lumières projetant les ombres mouvantes des musiciens nous hypnotisent, puis
Spinning, qui nous fera voir son âme rockeur par sa façon de nous hurler son texte en s'avançant vers nous. Bien sûr, on est sous le charme, en témoignent les téléphones portables constamment debout qui parsèment la fosse.
Puis, l'accalmie arrive : sur les trois morceaux suivants, Tom joue dans une formation restreinte, rendant le moment plus confidentiel et nous ramenant à l'essence de son album
Black Friday. Même s'il semble parfois seul derrière son piano, il ne l'est jamais vraiment, entre le public qui reprend ses paroles dans un doux murmure et le synthé et le violon qui l'accompagnent avec légèreté.
Dès
Grow Old With Me, il repart en force pour retrouver cette veine pêchue que nous lui connaissons. Fait appréciable : le chanteur n'oublie d'ailleurs pas de présenter et de mettre ses musiciens en lumière, qui se lancent chacun à tour de rôle dans un solo démontrant qu'ils savent bien plus qu'accompagner !

Après seulement cinquante minutes, tous les sept disparaissent sous les applaudissements et la salle se retrouve à nouveau plongée dans l'obscurité. Déjà !? Le public s'interroge. Au soulagement général, non, le concert repart de plus belle pour presque autant de titres et de temps. Je vous avais bien dit que Tom aimait provoquer la surprise, non ? D'ailleurs, puisque nous parlons de "surprise", il nous en offre une belle en invitant sur scène l'artiste française qui a remporté quatre Victoires de la Musique il y a peu : Zaho de Sagazan. Le public est euphorique lors de son entrée sur scène et ému lorsqu'il l'entend chanter sa
Symphonie des Éclairs. La star de la soirée l'accompagne en toute modestie au piano et reprend avec elle le refrain. Le genre de moment qu'on sait unique et fragile, et auquel on se sent chanceux d'assister.
L'auteur-compositeur-interprète britannique garde le meilleur pour la fin, son titre le plus célèbre, celui qui est sur toutes les lèvres et qui est même devenu un symbole de protestation contre la guerre en Ukraine :
Another Love. Le Zénith entier scande ses paroles avec force et détermination, comme s'il déclarait sa flamme ce soir à Tom Odell.
Une belle soirée qui a balayé les craintes et a permis de voir encore un autre visage de cet artiste. Un artiste pop certes, mais qui se sert de la scène pour explorer de nouvelles possibilités.