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Dry Cleaning

Paris, La Gaîté Lyrique - 26 avril 2024

Live-report par Jean-Christophe Gé

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La première partie de Dry Cleaning ce soir à Paris est un rien improbable.


Murman Tsuladze est issu du croisement d'un chanteur Géorgien et de l'ex-bassiste de La Femme. Au milieu, un troisième larron gère la boîte à rythmes et les samples. Même en jouant de la Stratocaster, le son en ressort avec des accents orientaux. Pour lever toute ambiguïté, elle sera tronquée par un saz (regarde là si tu es curieux) sur La Flemme De Danser. Au passage, une petite pic lancée au public parisien qui n'a pas la réputation de beaucoup danser, mais ce n'est pas le pire.

Tout le groupe porte des lunettes de soleil, il y a une drôle d'ambiance de boîte de nuit et de soleil. Je pense à Taxi Girl pour le côté déglingué et cette musique qui peut faire danser sans être franchement joyeuse. On apprendra que le groupe est invité par Dry Cleaning, dont tous les membres sont au milieu de la fosse et suivent attentivement le set. Ils ont sympathisé autour du petit déjeuner dans l'hôtel d'un festival, lorsque Florence Shaw a prononcé "butter" à l'anglaise (beu-heur), ce qui a fait rire le chanteur de Murman Tsuladze. Il est vrai que si la chanteuse de Dry Cleaning a même la moitié de sa classe habituelle et son air dramatique dès le lever, ça doit impressionner.


Voilà qui laisse matière à réflexion pendant l'intermède. Tout comme cette drôle d'idée de proposer une tournée célébrant les deux premiers EPs du groupe, certes réédités il y a quelques mois sur un LP compilation, alors qu'ils n'ont que cinq ans. Ces tournées commémoratives sont généralement l'apanage de groupes plus matures, et souvent, il faut le reconnaître, en panne de nouveautés.
Dès les premières minutes, j'ai un début de réponse. Le son est énorme : la basse est bien ronde et la guitare plus épaisse. C'est ce son qui manque versions studio par manque de moyens à l'époque, et le groupe a forcément progressé après deux albums chez 4AD et des dizaines de concerts. Les versions sont également assez différentes, forcément moins brutes même par rapport aux enregistrements. Les mélodies sont plus présentes et les instrumentaux sont plus intéressants, ne laissant plus à la seule voix théâtrale de Florence Shaw la marque de leur originalité.

Comme d'habitude, elle a les pieds rivés au sol, mais joue tout avec ses mains, ses bras, ses épaules, ses cheveux et son regard comme une actrice dramatique. Tom Dowse, le guitariste a le crâne rasé, une grosse moustache, des tatouages et arbore un t-shirt d'un groupe de métal. Si Lewis Maynard, à la basse, a un style assez sobre avec costume et t-shirt noir, il possède une impressionnante chevelure et barbe brune. A ce jeu, on a ici la moitié d'un groupe de hard rock, que la batterie précise de Nick Buxton, et le chant en retenue de Florence Shaw ramènent vers des contrés plus sobres, mais non moins étranges.
Il est très vite évident que ces EPs avaient besoin de sortir de l'ombre et que ces chansons font parties intégrantes du répertoire du groupe, cette seconde vie est plus que méritée. L'intensité du concert monte crescendo, et franchit un cap avec Magic Of Meghan. C'est le moment que choisit la chanteuse pour prononcer les premiers mots du concert, et dire à quel point le groupe est ému de jouer ces morceaux à Paris pour le dernier soir de leur tournée. Voilà beaucoup de chemin parcouru depuis le garage où ils ont été écrits.


Le final est dantesque, Tom Dowse est dans tous ses états, il a envie d'en découdre, sa guitare rugit, et il quitte la scène le point levé. Les deux EPs ont été délivrés dans l'ordre mais dans des versions enrichies, la Gaîté Lyrique n'a jamais si bien porté son nom. Il est clair que le groupe ne va pas s'arrêter là, et même si le public est prêt à écouter les deux albums du quatuor dans leur intégralité, c'est malheureusement très improbable. Vient donc la partie inattendue du concert sans savoir quels morceaux nous aurons le plaisir d'entendre.
Quand le groupe revient, Tom remercie le public parisien, leur tour manager qui les a fait jouer aux Etats-Unis et en Europe, et leur technicien. Le groupe ne dit pas grand chose sur scène, et c'est assez agréable, les chansons sont assez expressives pour ça. Le rappel commence par Scratchcard Lanyard, premier single issu de New Long Leg. Il sera suivi un peu plus tard par Strong Feelings, l'autre pilier de cet album. Cette partie du set mettra plus à l'honneur Stumpwork dont cinq morceaux seront joués pour finir par Gary Ashby et un goût de reviens-y.
setlist
    Dog Proposal
    Viking Hair
    Spoils
    Jam After School
    Sombre One
    Sit Down Meal
    Goodnight
    New Job
    Magic of Meghan
    Traditional Fish
    Phone Scam
    Conversation
    ---
    Scratchcard Lanyard
    Hot Penny Day
    Driver's Story
    Strong Feelings
    Don't Press Me
    No Decent Shoes for Rain
    Gary Ashby
photos du concert
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