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Villagers
Hamish Hawk

Paris, Maroquinerie - 3 juin 2024

Live-report par Laetitia Mavrel

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Aurons-nous besoin de répéter qu'à Sound Of Violence nous aimons à dégoter les meilleures nouveautés outre-Manche au travers de nos pérégrinations discographiques et live ? A la vue de nos retours sur la nouvelle moisson récoltée à la dernière Block Party à Paris, les cernes de l'équipe sur place attestent plus que tout de notre détermination. Devons-nous aussi reconnaitre modestement que ne pouvons être sur tous les fronts pour cause de double activité salariale (la plus honorifique de journaliste rock ne payant pas assez pour le paquet de coquillettes), et que de ce fait certains noms échappent à notre radar ? Nous n'hésitons donc pas à prendre le train en marche en toute humilité, et c'est ainsi que nous découvrons en ce lundi soir à la Maroquinerie de Paris Hamish Hawk.


Auteur compositeur écossais, ce dernier se présente à nous comme un merveilleux barde contemporain. Avec à son actif depuis 2018 deux EPs et deux albums Heavy Elevator en 2021 et Angel Numbers en 2023, c'est avec un répertoire bien fourni que le musicien se produit en première partie de Villagers. C'est en solo acoustique qu'il se présente ce soir, et c'est guitare en bandoulière et sourire éclatant au visage qu'il entame sa petite demi-heure de set. On sent que l'homme n'est pas un débutant, et c'est toute en assurance et décontraction qu'Hamish nous évoque son Ecosse natale et introduit chacun de ses morceaux avec une petite anecdote sur les différents contextes, créant un petit dialogue des plus agréables avec le public qui vient rapidement briser la glace.
Avec son chant profond et très clair, Hamish Hawk nous fait pénétrer dans son univers composé de chansons qui nous baladent entre Édimbourg et le reste du monde, et qui évoquent une multitude de beaux sentiments, parsemées de quelques touches d'humour comme dans Money, certaines dotées de titres très anecdotiques comme The Mauritian Badminton Double Champion, 1973. Le musicien détient un certain talent pour nous raconter des histoires, posées sur une musicalité légère, ce soir adoucie par l'interprétation à la seule guitare folk. Le public est convaincu et l'attention est totale durant ces trente minutes de voyage, totalement sous le charme de ce jeune homme tout aussi modeste qu'extrêmement élégant. Une belle entrée en matière pour un lundi soir en concert et la promesse de jeter une oreille sur son prochain album à paraître, A Firmer Hand, en août prochain.

Ce soir, c'est avec impatience que nous attendons le retour de Villagers à Paris, ayant été privés de concerts pour la sortie de Fever Dreams en 2021, encore tout empêtrés que nous étions dans les protocoles et restrictions sanitaires. Depuis, les plus chanceux ont pu assister au Royaume-Uni et en Europe à l'une des prestations solo de Conor O'Brien reprenant à la guitare et à la trompette son répertoire, comme pour se remettre doucement sur les rails à la suite des confinements successifs. Mais la petite folie douce de Villagers au complet sur scène commençant à nous manquer, quelle joie de retrouver Conor O'Brien et ses musiciens dans une salle qui est devenue depuis le QG parisien de l'irlandais, la Maroquinerie de la rue Boyer à Paris.


À la suite de la sortie de That Golden Time le mois dernier, nous replongeons avec délice dans la pop-folk ultra raffinée de ce nouvel album qui renoue avec un répertoire plus épuré et particulièrement mélodieux, où la guitare acoustique reprend ses droits. Ce concert parisien se présente sous les meilleurs auspices, le choix de la petite salle de 500 places permettant une rencontre intimiste, comme en famille. En dépit du fait que Villagers se produisent partout ailleurs dans des salles dépassant le millier de spectateurs, c'est Conor lui-même qui a insisté pour revenir à la Maroquinerie y donner sa sixième performance, car amoureux de l'ambiance si particulière des lieux. C'est donc un parterre de privilégiés qui retrouve le musicien, comme à l'accoutumée extrêmement souriant, très communicatif et qui excelle à donner une toute nouvelle énergie à ses nombreux titres.

La salle est pleine, et ce qui marque dès les premiers morceaux est que les fans présents n'ont pas chômé pour apprendre par chœur les nouveaux titres. Le dernier disque est présenté largement ce soir, et nous retrouvons la grâce des chansons telles That Golden Time, You Lucky One, Brother Hen ainsi que Behind That Curtain et sa conclusion électronique. Sur tous ses morceaux, Conor redouble de vitalité, comme envoûté par ses propres compositions. Ce dernier aime alors à sauter en l'air, taper du pied comme prêt à charger, grimacer en hurlant à plein poumons sur certains des refrains les plus emportés, tout en nous délivrant une série de titres qui peuvent se targuer de figurer parmi les plus belles compositions du répertoire pop irlandais. La plume de Conor O'Brien n'a pas perdu une once de sa superbe depuis maintenant plus de dix années, et l'interprétation sur scène avec quatre musiciens à la section rythmique, aux claviers et aux différentes flûtes offre un parfait écrin aux chansons, emplies de poésie mais aussi de sentiments plus tourmentés.


Les spectateurs ne s'y trompent pas, c'est un silence quasi religieux qui règne dans la salle, et les fans les plus transis se laissent envoûter par les morceaux plus intenses issus des précédents albums tels So Simpatico, Earthly Pleasure et l'hypnotique The Waves. Le charme de Villagers réside surtout dans la sympathie et la bienveillance de Conor O'Brien envers son public. Le concert est entrecoupé de petits interludes en mode conversation entre amis, lors desquels l'irlandais déclare à plusieurs reprises son amour pour Paris et son attachement à la salle où ils se sent comme à la maison. Il est alors très appréciable de constater que ce respect est mutuel, et rares seront les spectateurs à brandir les portables en l'air pour filmer incessamment. On sent que l'immersion dans l'instant présent est réelle tant le charme du répertoire opère sur le public.

Le rappel se fait avec le retour depuis 2011 de To Be Counted Among Men ainsi que de That Day, issus du premier album de Villagers, Becoming A Jackal, le second interprété de façon plus dynamique sous un halo bleu opaque. Le magnifique No Drama termine de faire honneur à That Golden Time et le concert se clôture sur la petite odyssée qu'est A Trick Of The Light, terminant d'enchanter les spectateurs, qui ressortent avec des étoiles dans les yeux, peut-être la petite larmichette au coin pour certains, et qui s'empressent de rejoindre le bar de la Maroquinerie pour aller à la rencontre de Conor, toujours très accessible pour ses fans en quête d'une signature ou d'une photo souvenir.

Ce retour de Villagers a donc à nouveau été une belle réussite, Conor O'Brien continuant de magnifier sur scène ses morceaux durant une heure et demie en se positionnant comme l'un des meilleurs songwriters de son pays et trouvant sa place aux côté des Neil Hannon et autres magiciens de la pop issus de la belle île d'Irlande.
setlist
    Hamish Hawk
    Dog-eared August
    This, Whatever It Is, Needs Improvements
    Bridget St.John
    Money
    Catherine Opens A Window
    The Mauritian Badminton Double Champion, 1973

    Villagers
    That Golden Time
    Truly Alone
    First Responder
    Everything I Am Is Yours
    Pieces
    You Lucky One
    I Want What I Don’t Need
    Courage
    So Simpatico
    Brother Hen
    Behind That Curtain
    Earthly Pleasure
    Becoming a Jackal
    The Waves
    ---
    To Be Counted Among Men
    No Drama
    That Day
    Nothing Arrived
    A Trick of the Light
photos du concert
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