Hollow Hand

Un samedi soir de mi-novembre. Dans le calendrier de votre chroniqueuse, trois week-ends consécutifs grisés car réservés aux soirées au stade ou devant la télé pour suivre l'Autumn Cup de Rugby. Mais il faut savoir sortir de sa petite zone de confort pour se lancer dans l'inconnu. Ainsi, ce n'est pas dans le RER B direction Saint-Denis que l'on se rend en cette soirée frisquette mais au Point Ephémère, aux terrasses toujours garnies de joyeux fêtards quelques soient les températures extérieures. En tête d'affiche dans la salle du canal Saint-Martin, l'américain MJ Lenderman et sa fidèle pedal steel. Mais, vous l'aurez deviné, notre mission est de venir découvrir pour la première fois à Paris Hollow Hand, formation anglaise créée et menée par Max Kinghorn-Mills, qui depuis bientôt dix ans auto-produit une belle série de singles et d'albums dans la plus pure tradition folk britannique, de celle qui nous renvoie loin au siècle dernier, à l'époque des fleurs dans les cheveux, du patchouli et de la foi naïve en un future radieux.

En première partie donc Hollow Hand qui, malgré sa discographie fournie, se présente à nous pour la première fois. Chantre du DIY, fondateur de son propre micro-label Cosmic Ocean Tape, Max Kinghorn-Mills continue vaillamment son aventure, muni de ses propres moyens, tous ses albums ne sortant pas forcément en format physique. En 2023 est paru son troisième LP intitulé Your Own Adventure, titre parfaitement trouvé pour appuyer le statut de musicien indépendant de l'anglais. Au menu des harmonies d'une très grande beauté, mises en musique comme on crochète la plus fine des dentelles, l'air marin et le look bucolique comme un brin suranné de la station balnéaire de Brighton dont il est originaire semblant inspirer notre musicien.


Ce soir, devant une salle comble à propos de laquelle il nous annonce qu'elle est l'audience la plus nombreuse devant laquelle il ait jamais joué, le groupe mené par Max va, de façon très efficace (cela signifie sans trop d'interactions, peut-être un peu intimidé face à un tel public), nous interpréter cinq morceaux dont deux inédits (Drinking With Judy et Heavy Metal T-Shirt) à paraître en 2025 sur son quatrième album. Les guitares sont à l'honneur et l'atmosphère se teinte de beaucoup d'influences americana ce soir, peut être en l'honneur de l'hôte qui les accueille durant sa tournée. Les titres nous renvoient vers la chaleur rougeoyante des plaines et canyons américains, et le chant toujours aussi délicat de Max, en chœur avec ses trois camarades, est un hommage aux plus belles ballades country rock des années 70, aux influences très Byrds.
En bons sujets de sa Majesté le Roi, c'est abreuvé des plus belles formations vocales britanniques que Hollow Hand offrent une interprétation où la douceur de la pop anglaise domine, retrouvant ce chant fluide et envoûtant que nous trouvons chez le plus grands que sont Paul MacCartney ou les Kinks. Bien plus récemment, Hollow Hand nous évoquent la folk bohème de The Hanging Stars ou celle plus douce et poétique de Memorial (ce duo également formé à Brighton).


Nous concernant, nous découvrons ainsi les morceaux délicats et extrêmement solides Jealous King, Childhood Room et le long et planant Heaven Just Watched, tous les titres de la setlist étant étendus à leur maximum comme le veut la tradition de la folk rock, avec ses accents psychédéliques et ses percées « countrysante ». Un réel voyage loin de nos grandes villes toutes bétonnées et grises, porté par le merveilleux chant de Max Kinghorn-Mills, une patine d'une très grande élégance qui a réussie malgré le court set d'une trentaine de minutes à convaincre la totalité des spectateurs, aussi néophytes que votre chroniqueuse au tout début de ce concert.

Une très belle entrée en matière avant le set de MJ Lenderman et, nous l'espérons, une venue en tête d'affiche en 2025 pour la sortie de ce quatrième album que nous avons soigneusement inscrit dans notre agenda quelque part entre concerts et périples dans le pays de l'ovalie.