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Paul McCartney

Nanterre, Paris La Défense Arena - 5 décembre 2024

Live-report par Laetitia Mavrel

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Nous voilà confrontés en cette fin 2024 à l'un de nos plus gros défis de journaliste rock. Comment aborder notre toute première rencontre avec l'un des, si ce n'est le, plus grand musicien du 20ème siècle ? Et déjà, pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour aller le voir sur scène ? Ne cherchons pas de raisons, il n'y en a pas vraiment, Paul McCartney faisant office de légende depuis soixante ans maintenant, et donc étant fatalement à la base de toute notre éducation musicale. Nous avons absolument tous eu entre nos mains un 45 tours, une cassette, un 33 tours, un CD ou une piste digitale pour les plus jeunots, des Beatles, de l'œuvre magistrale des Wings ou de la longue discographie de Paul en solo. Sa musique est un peu comme l'oxygène, tellement évidente qu'on en oublierait presque que, sans elle, la vie est impossible.

Nous passerons donc les longues années d'enfance et d'adolescence à parfaire notre cuture musicale au son des Fab Four et des nombreux disques des Wings dévorés chez nos grands cousins pour en arriver directement à cette soirée de décembre 2024, où se produit pour le second soir consécutif Paul McCartney à la Défense Arena de Nanterre, nous livrant une prestation exceptionnelle tout en affichant 82 ans au compteur, une silhouette toujours aussi svelte et continuant d'aborder une personnalité pétillante, un charme fou et une forme olympique.

Dans ce temple du showbiz, avec une répartition anecdotique entre gradins, parterre assis catégorie Or très éclaté et fosse debout située derrière, reléguant tel du bétail dans un enclos les spectateurs, Paul McCartney va à nouveau offrir un show gigantesque, tant par sa durée (2h30 sans pause) que par son contenu. La scénographie est à la hauteur de son immense carrière, soit assez démentielle avec de multiples et surtout indispensables écrans gants, une scène très large permettant d'y accueillir les six musiciens l'accompagnant et leur armada de pianos, guitares, basses, mandoline, ukulélé et une imposante batterie ainsi qu'un monte-charge permettant de hisser notre héro comme sur un piédestal durant quelques morceaux seul à la guitare. Le tout dans une avalanche de visuels projetés en fond de scène, sur des écrans eux-mêmes incrustés en bordure de scène et, de façon surprenante, sur certains des pianos. Une logistique gargantuesque mais, et c'est là tout le talent de notre homme, sans jamais empiéter sur la sophistication et grande sobriété de Paul McCartney lorsqu'il interprète ses morceaux. Chaque titre sera accompagné de son petit mot, rire, blague et remerciements vers le public, toujours avec cette chaleur humaine qui n'a pas cessé de le définir depuis ses tous débuts dans les minuscules caves à Liverpool et ailleurs.

Le choix de la setlist ne peut guère être contesté : le répertoire de Paul McCartney étant dans sa quasi-intégralité un sans-faute, la difficulté résidant alors en un découpage juste entre Beatles, Wings et carrière solo pour combler les envies de tous. Nous citerons ainsi les moments qui nous ont le plus émus dans cette cascade de tubes : l'introduction de Let Me Roll It avec un hommage à Jimmy Hendrix et son Foxy Lady, le tsunami d'émotions lors de l'interprétation en chœur avec le public de Michelle, l'hommage à George Harrison en jouant Something avec un ukulélé que ce dernier lui a offert, probablement la plus belle chanson des Beatles, l'explosion (dans tous les sens du terme) à l'aide d'effets pyrotechniques de Live And Let Die, la découverte de « l'inédit » Now And Then et ses étonnants artifices qui ont mené à reconstruire un quatuor avec deux de ses membres en moins, et la chorale improvisée lorsque Paul nous invite à prendre le lead lors des chœurs de Hey Jude, le tout avec en rappel une version rock inimaginable de Helter Skelter qui ferait rougir tous les jeunes groupes de post-punk de nos années 2020.

Cette liste n'est pas exhaustive, loin de là. Certains pourront cependant reprocher le gigantisme des concerts de Macca depuis une bonne décennie maintenant, l'obligeant à ne plus se rendre que dans des méga-structures, sa voix qui peut devenir chevrotante et peut-être également ses musiciens, parfois dans l'exagération sur scène. A ceux-là, nous répondrons que continuer de se produire en live après six décennies de carrière, des centaines de millions (atteindrons-nous le milliard ?) de disques vendus et une reconnaissance universelle n'est que du bonus offert aux fans, Paul McCartney ayant pu prendre sa retraite des centaines de fois depuis. Mais cela est sans compter l'amour et la reconnaissance sans faille que voue ce dernier à son public, et son éternel esprit d'adolescent des faubourgs de Liverpool qui continue de le guider, malgré son âge plus que respectable.

On ressort donc ému, comblé, avec des étoiles dans les yeux comme des enfants le soir de Noël, et ce malgré l'organisation cataclysmique des concerts à la Défense Arena. Nous tenterons ainsi vite d'oublier le kilomètre six-cent de la file d'attente due à la présence d'un seul point d'entrée, faisant rater le début du concert à nombre de spectateurs, et la visibilité plus qu'aléatoire dans les trois quarts de la salle. A la place, nous nous remémorerons durant de longs jours cette première rencontre avec Sir Paul McCartney, légende encore vivante de la pop anglaise, une institution à part entière qui continuera à n'en pas douter de partager le plus longtemps possible son amour de la musique avec qui le souhaite.
setlist
    A Hard Day's Night
    Junior's Farm
    Letting Go
    Drive My Car
    Got to Get You Into My Life
    Come On to Me
    Let Me Roll It
    Getting Better
    Let 'Em In
    My Valentine
    Nineteen Hundred and Eighty-Five
    Maybe I'm Amazed
    I've Just Seen a Face
    In Spite of All the Danger
    Love Me Do
    Michelle
    Dance Tonight
    Blackbird
    Here Today
    Now and Then
    Lady Madonna
    Jet
    Being For The Benefit Of Mr. Kite!
    Something
    Ob-La-Di, Ob-La-Da
    Band On The Run
    Get Back
    Let It Be
    Live And Let Die
    Hey Jude
    ---
    I've Got A Feeling
    Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (Reprise)
    Helter Skelter
    Golden Slumbers
    Carry That Weight
    The End
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