Rendez-vous nous est donné ce vendredi soir dans la cave voutée de la Mécanique Ondulatoire à Bastille. Dans son ambiance aussi confidentielle qu'humide, on se rend compte en y pénétrant dès 20h pétantes, seule à l'exception des gentils barman et ingénieur du son, que nous aimons les contrastes. Quelques minutes de solitude où l'on réalise que notre profession demande énormément d'adaptabilité, passant d'une aréna de 40 000 personnes et d'un Lord anglais la veille à cela. C'est tout le sel qui fait notre quotidien, ainsi nous attendons de pied ferme ce soir le premier concert en sept ans de Jack Jones, leader de Trampolene qui a sorti il y a peu son premier disque solo,
Jack Jones.

Ce dernier consistant en onze pistes où le gallois s'exprime en spoken word sur fond de beats electro pop, le rendu en live nous questionnait. Son style si personnel trouvera en la Mécanique Ondulatoire l'écrin parfait : dans l'esprit des caves de Saint-Germain où les poètes beatnik déroulaient leurs réflexions plus ou moins profondes sur la vie, les titres de Jack Jones, tous un témoignage de sa vie privée, nous sont ainsi dévoilés, sans aucune fausse pudeur et surtout en toute amitié. Jack Jones possède deux grandes qualités : une plume très inspirée et particulièrement adroite ainsi qu'une très grande empathie envers son public. Nous pouvons ainsi le retrouver parmi les premiers spectateurs, à saluer et embrasser à tour de bras amis comme inconnus, un grand sourire aux lèvres car ravi de revenir se produire à Paris en son nom.
Suite à la prestation de LAMOUR, duo pop français mené par Etienne Bleu, qui a réussi à faire descendre une bonne partie du bar dans la petite cave, Jack Jones prend la scène, avec son Mac prénommé Gladys en guise d'accompagnement, nous faisant découvrir la quasi-totalité de son album. C'est alors une toute autre version de ce disque pas si facile d'accès que nous découvrons sur scène, Jack Jones introduisant chacun des titres en nous livrant de très nombreuses anecdotes à propos de leurs origines. Comme le suggère
MDMA Day, le gallois nous parle de ces nombreuses années passées en thérapie, à la suite de quelques évènements qui ont mis à mal sa santé mentale, et explique de ce fait comment il a réussi à accoucher de ce disque thérapeutique. Sans jamais tomber dans le mélodramatique, bien au contraire, Jack Jones interprète ses morceaux de son flow si atypique avec une énergie débordante.

Se mouvant autant que possible sur la minuscule estrade, tentant d'esquiver les multiples spots de lumières plutôt bas de plafond, se rapprochant toujours le plus près possible de la grosse poignée de spectateurs présents, cherchant même le contact avec certains, c'est une ambiance hyper intimiste qui se créé dans la cave, et ces titres qui nous ont paru un peu opaques lors de l'écoute du disque nous deviennent ainsi beaucoup plus évocateurs. On redécouvre donc
Gladys,
Breathe,
Dumbphone et le très cool
Who Let The Bass Pump, et la joie du gallois à nous les interpréter est réellement communicative. Une grosse émotion est palpable chez Jack Jones, l'exercice de se mettre à nu de cette façon étant tout de même un petit défi, et le public le perçoit bien en réservant au musicien une très belle ovation. Nous aurons ainsi droit à pas mal de petites histoires plutôt tendres et amusantes, entre des souvenirs d'errance dénudée à Brighton, des madeleines de Proust avec les friandises hautement caloriques dévorées dans son enfance au Pays de Galles à Swansea ou une histoire de pseudo filiation avec Tom Jones que nous mettons sympathiquement en doute.
C'est finalement quarante-cinq minutes que nous passerons avec Jack Jones, comme on le ferait lors de n'importe quelle réunion entre potes un vendredi soir, dans la plus totale décontraction et avec énormément de bienveillance. Très touché de cet accueil, Jack Jones nous souhaite ainsi de nous retrouver rapidement sur scène, et nous invite avant de quitter Paris à un showcase qu'il donnera ce dimanche à la boutique Balades Sonores, afin de terminer en beauté ce week-end très sympathiquement débuté en sa compagnie.